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Les Lauriers du Pont du Gard sur les rails de la transmission

Régis Faure cède les parts de son entreprise à son fils Olivier. Annie, son épouse, passera le flambeau à sa belle-fille, Marie, dans deux ans. Le quatuor a soigneusement préparé son projet...

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« C'est un métier que j'aime, dans lequel j'ai toujours baigné et pour lequel je travaille avec envie. » Olivier Faure résume ainsi sa passion pour le métier de pépiniériste, choisi à l'âge de 17 ans. Son père, Régis, est sur le point de prendre sa retraite. La transmission des pépinières Les Lauriers du Pont du Gard, à Sernhac (30), sera effective d'ici à la fin de l'année.

Après un BTS d'horticulture à l'école horticole de Tournai (Belgique), Régis Faure s'est vu confier les cultures hors-sol aux pépinières Lambertin à Nîmes, pendant trois ans. En 1975, il créé son entreprise de jardins, avec son épouse Annie. Puis ils ajoutent une activité de pépinière. « Nous sommes partis de zéro, avec de la vente au détail. À l'époque, nous n'avions pas cherché à obtenir un aide à l'installation, mais un responsable de la BNP nous avait fait confiance et soutenus », souligne Régis Faure.

La production de lauriers roses a fait suite à de gros coups durs météorologiques. Ancien obtenteur chrysanthèmiste à Tarascon, Henri Cuers a aidé Régis Faure à faire évoluer sa production et à démarrer des travaux de sélection.

Une transmission en deux temps

« En 1996, quand nous avons vu que notre fils souhaitait reprendre, notre notaire nous a aidés à choisir les statuts juridiques d'exploitants associés et d'EARL, qui s'avèrent aujourd'hui tout à fait appropriés. Nous avons également bénéficié d'un bon accompagnement en gestion-comptabilité avec le Centre d'économie rurale (CER) d'Uzès », poursuit le futur retraité.

Aujourd'hui, il cède ses parts à son fils Olivier, qui les rachète via un emprunt. L'estimation comptable de la valeur de l'entreprise et des biens privés a été réalisée par le CER, puis reprise par un expert. Régis Faure a également discuté de cession/transmission d'entreprise avec des collègues dans la même situation que lui. « Le départ à la retraite, il faut s'y préparer au moins deux ans à l'avance », conseille celui qui va rester « à disposition » de son fils, si besoin, et devrait notamment continuer ses travaux d'obtention.

La transmission administrative se fera un peu plus tard. Annie Faure restera au service commercial-administration pendant encore deux ans avant de prendre elle aussi sa retraite. Marie, l'épouse d'Olivier, prendra progressivement le relais sur son poste.

Ce dont Régis Faure se dit le plus fier, c'est de l'aboutissement de son parcours : une entreprise sur de bons rails, transmise à son fils. Quand à Annie, elle est très heureuse de ce qu'ils ont construit tous les deux : « Nous n'avons pas compté nos heures. Au début, il a fallu faire le marché de Carpentras, mais cela a fini par décoller après une longue saison difficile. J'étais seule au bouturage et au rempotage, avec l'administratif à faire le soir. Deux ans après, nous avons pu embaucher quelqu'un à la technique, puis nous avons pu travailler avec Luc Morineau, agent commercial multicarte pour l'ouest de la France. Et quand notre fils Olivier est arrivé, je me suis consacrée à la gestion commerciale, aux commandes, aux encaissements, aux relances... J'ai suivi une formation en informatique avec La Graine Informatique, notre fournisseur de logiciels, sur le cas concret de notre entreprise, directement en situation. Aujourd'hui, nous bénéficions, une fois par mois, de l'intervention d'une personne pour la saisie comptable. Une fois à la retraite, je resterai disponible, mais j'ai surtout envie de m'occuper de mes petits-enfants... »

Après un CAP, un BEP et un bac pro Pépinières à la Maison familiale rurale Le Grand Mas, à Uzès (30), Olivier Faure a rejoint ses parents sur l'exploitation familiale et s'est installé avec eux en 1999, avec changement de statut en 2000 (entrée dans l'EARL en temps qu'associé). Il a pu bénéficier d'une dotation jeunes agriculteurs (DJA) et de prêts à taux bonifiés. Des apports qui ont donné un élan aux investissements (tunnels, chaudières...) pour augmenter le capital et pour abonder la trésorerie.

De nouveaux aménagements

Actuellement, il gère totalement les cultures. Pour répondre à la demande, éviter d'avoir, même partiellement, recours à l'achat-revente, et afin de pouvoir embaucher, ce printemps, il a commencé à aménager un nouveau terrain d'un hectare. Avec une difficulté : la pression exercée sur les prix des terres alentour. Il vient d'investir 100 000 euros : nivellement du sol sur deux niveaux (terrain en pente), installation des surfaces de culture et brise-vent, borne d'eau au Bas-Rhône-Languedoc, accès à l'électricité, 1 800 m² de serres plastiques... Un local pour optimiser la filtration et la fertilisation est également prévu d'ici la fin de l'année, le passage de l'aspersion au goutte-à-goutte, en 2012... « Pour ces investissements, nous passons par un emprunt. Nous avons décidé de ne pas demander d'aides, le dossier étant trop contraignant et trop long », explique Régis Faure.

Récemment, Olivier a suivi, avec des producteurs adhérents à la Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières (FNPHP), des formations de deux jours consacrées à un marketing adapté au sud de la France, à la création de vidéos d'entreprises et au media training, module destiné aux responsables d'entreprise pour leur permettre de contrôler en partie leur communication.

Il travaille actuellement sur un projet global de commercialisation et de promotion : site Internet (vitrine pour mettre en avant son savoir-faire), flashcode, marque commerciale...

Odile Maillard

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