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La ferme digitale : une association au service du secteur agricole

De g. à d. : Romain Lavie (responsable semences), Romain Pirotte (chef de projet web), Adrien Brunelière (graphiste), Jean-Baptiste Gombault (chef de projet) et Sylvain Sengbandith (Digital Manager) chez Agriconomie.com ont invité à participer à une opération de soutien à l'agriculture. Ici avec Laurie Besinet de Weenat.PHOTO : ODILE MAILLARD

Les start-up ne visent pas que le marché des loisirs ou de la high-tech. Certaines s'intéressent à l'agriculture, à l'instar d'Agriconomie.com, Miimosa.com, Ekylibre, Weenat et Monpotager.com. Collaboratives à travers La ferme digitale, ces entreprises développent des outils et services d'aide à la décision grâce au numérique. Plongée au coeur du Salon international de l'agriculture, à Paris.

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Elles sont plutôt jeunes et volontaires. Elles lèvent des fonds, gagnent parfois des concours, - comme Agreen'Startup (www.facebook.com/agreenstartup) -, ou des voyages jusqu'en Chine. Elles font appel au coaching et recoivent des prix qui récompensent des entreprises dynamiques. Et elles vont vite... Les start-up se multiplient, investissent le secteur agricole... et participent, pour certaines, au Salon international de l'agriculture (Sia). Réunies au sein de La ferme digitale, Agriconomie.com, Miimosa.com, Ekylibre, Weenat et Monpotager.com se sont, cette année, associées pour exposer au Sia, à Paris expo Porte de Versailles. Toutes les cinq sur un seul stand situé dans le hall des services et des métiers de l'agriculture, elles étaient, présentes sous la même bannière afin d'être plus visibles. « Pour la plupart d'entre-nous, c'est la première fois que nous exposons au Salon et cela n'aurait pas été possible sans mutualiser les frais. Nous avons tous le même état d'esprit mais apportons chacun des services différents, de la valeur ajoutée, via le prisme du digital, aux exploitations, en particulier aux petites structures et aux agriculteurs isolés », a indiqué Sylvain Sengbandith, digital manager chez Agriconomie.com. « Nous voulons montrer aux visiteurs un exemple de l'exploitation de demain et de son environnement, de l'innovation dans le monde agricole, des modes de financement actuels, et comment les agriculteurs connectés vivent avec le numérique. »

Agriconomie.com

LA VIE ET LES ACHATS FACILITÉS

« Tout ce dont vous avez besoin pour votre exploitation, en un clic, au même endroit et au meilleur prix » : avec ce slogan, cette « place des marchés » numérique sera peut-être un jour l'Amazon français des fournitures et matériels agricoles. L'idée d'un site d'achats sur Internet spécialisé pour les agriculteurs est née d'une situation arrivée au père de l'une des personnes à l'origine d'Agriconomie.com : un achat qui n'a pas pu se faire dans l'urgence d'un besoin impératif. Fils ou petits-fils d'agriculteurs, les trois créateurs étaient pour leur part formés dans les domaines du commerce, de l'informatique et du management. Créée il a deux ans, l'entreprise compte aujourd'hui 26 salariés, notamment un pôle de conseillers-techniciens agricoles, un pôle Internet, un autre dédié au marketing et à la promotion... Et elle recrute encore. « Nous voulons proposer une autre manière d'acheter. Nous offrons un service gratuit d'approvisionnement sur Internet pour faciliter les achats à n'importe quelle heure, sans contrainte horaire, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, pour aider à gagner du temps et à bien acheter. Pour l'instant, l'offre de 150 000 références porte sur des intrants agricoles, des pièces de machines, des vêtements, de l'outillage et des équipements pour l'atelier et les pratiques culturales... » Une rubrique « espaces verts » commence à proposer des gammes d'outillages et de matériels (irrigation, bucheronnage, tonte, débroussaillage, taille). Mais l'offre pourra évoluer en fonction des demandes. La startup rassemble les produits de distributeurs et de producteurs de renom du secteur agricole auxquels elle propose d'étendre leur périmètre géographique de vente en France et en Europe. Les prix sont affichés « rendus ». Pas moins de 300 transporteurs permettent de couvrir tout le territoire national.

Miimosa.com

LE FINANCEMENT PARTICIPATIF

L'équipe de Miimosa.com propose une plate-forme de financement participatif exclusivement dédiée à l'agriculture et à l'alimentation (voir les Lien horticole n° 906, du 19 novembre 2014, p. 9, et n° 917, du 18 février 2015,p. 16). Lancée fin 2014, elle affirme avoir déjà accompagné plus de 200 porteurs de projets et collecté 1 million d'euros auprès de 15 000 citoyens contributeurs qui, en échange de leurs dons, reçoivent des contreparties comme des produits fermiers, des découvertes des métiers et savoir-faire agricoles, des loisirs ou des séjours dans des fermes. Le service concerne potentiellement tous les secteurs agricoles, productions ornementales, espaces verts et jardineries compris. Pour le moment, la rubrique consacrée à l'horticulture touche surtout des projets en maraîchage, mais en ornemental, trois horticulteurs ont tenté leur chance, avec plus ou moins de succès. Joël Lamand a sollicité un soutien financier pour valoriser sa production horticole locale rustique. Les Fleurs de Gasgogne ont réussi leur appel pour aider « le dernier producteur à sauvegarder la diversité du Pelargonium ». Les Serres Barthélémy ont en projet le financement de leur système de récupération d'eau et l'aménagement de leur point de vente (l'appel aux dons est en cours mais bientôt terminé).

Ekylibre

LE TOUT-EN-UN POUR LA GESTION

« Ekylibre est un outil de suivi en temps réel de mon exploitation. Toutes les informations nécessaires à la prise de décision sont réunies sur une seule interface. J'adore la possibilité de recevoir et d'intégrer facilement les données d'objets connectés », résume Cédric Lambert, pépiniériste dans le Maine-et-Loire. Car les deux cocréateurs de cette entreprise (et du logiciel du même nom), ingénieur agronome et exploitant pour l'un, ingénieur en informatique pour l'autre, misent sur une vision globale des activités d'une exploitation agricole. Huit personnes forment aujourd'hui l'équipe de cette start-up. Elles souhaitent s'adresser à tous les types d'exploitations, quelle que soit leur taille ou leur activité, et tous les types de cultures agricoles. Elles proposent un abonnement évolutif au fil du développement. « Nous permettons de centraliser tous les éléments techniques et économiques, sans aucune saisie, autant que possible à partir d'objets connectés pour que l'exploitant puisse gérer sa ferme et toute sa ferme [...] », a expliqué l'un des membres. Il manque encore la gestion des ressources humaines. Par contre, ce logiciel doit pouvoir aider à calculer rapidement les coûts de production et de revient, et à prendre des décisions sans attendre son bilan comptable annuel. Pour convaincre, le site Internet propose un calculateur en ligne de « l'indice de masse administrative (IMA) ». Une application web, multi-poste, est accessible depuis un ordinateur, un smartphone ou encore une tablette. Plus d'informations sur le site http://ekylibre.org/ et http://ekylibre.com.

Weenat

LES PARCELLES SUIVIES EN TEMPS RÉEL

Cette jeune entreprise créée il y a trois ans n'en est pas à son premier salon agricole (Sival, InnovAgri, Terre en fête...), mais c'est la première fois qu'elle participe au Sia. Elle propose des capteurs connectés, très faciles à installer et à utiliser, sans branchement, sans maintenance, autonomes et de longue durée de vie, pour gérer les données météorologiques (température de l'air, hygrométrie, pluviométrie) et agronomiques (température du sol, tensiométrie) dans une exploitation. « Nous avons développé un système de gestion de ce type d'informations en ultra local, en temps réel 24 heures sur 24. C'est intéressant, en particulier pour les parcelles de plein champs éloignées ou les exploitations qui ont beaucoup de sites de culture. Notre solution est économe en énergie ; elle n'a pas besoin de wifi ni de cablage. Elle utilise les ondes radio du système Sigfox qui envoient les informations en longue portée vers une plate-forme. Des alertes peuvent être reçues sur un smartphone. Un historique des données est conservé », a détaillé l'un des créateurs de Weenat. Un accès Internet permet de visualiser sur un smartphone. Le service propose les capteurs et un abonnement annuel. Si elles sont présentes surtout dans le maraîchage, les équipes de Weenat ont déjà une expérience dans l'horticulture... aux Pays-Bas, et estiment pouvoir s'adresser aux agriculteurs du monde entier. Plus d'informations sur le site www.weenat.com.

Monpotager.com

LE POTAGER CONNECTÉ

Depuis deux ans et demi, les salariés de monpotager.com proposent de mettre en relation des citadins (lyonnais et parisiens pour le moment) avec des producteurs locaux. Tout se passe sur Internet. L'offre, surtout basée sur les légumes et fruits extra-frais et de saison, devrait évoluer vers les aromatiques et condimentaires. Et pour l'ornemental commencer par les fleurs coupées. Fils d'agriculteur et lui-même exploitant, le créateur, Thierry Desforges, ambitionne de développer ce service dans d'autres villes (Lille (59), Nantes (44) et Bordeaux (33) en 2016), mais le plus long est de trouver puis d'établir des partenariats avec des producteurs acceptant une charte HVE (haute valeur environnementale) et des pratiques raisonnées ou labellisées AB (agriculture biologique).

Dans pratiquement chacune de ces cinq entités il y a un fils ou un petit-fils d'agriculteur qui apporte un regard vif et sans complexe. Les services que ces start-up proposent ont déjà été testés, même en horticulture, mais de façon isolée. Tout n'est pas nouveau. Ce qui change, c'est surtout l'état d'esprit et, probablement, l'organisation qui fait intervenir, en interne, des personnes (dont certaines sont issues du milieu agricole) ayant des compétences complémentaires en informatique, logistique et gestion, marketing et communication, ainsi que des capacités à réagir vite. En externe, ces entrepreneurs ne veulent pas rester seuls ni être en concurrence, mais générer des partenariats, recourir à la recherche et au développement (R & D), et avoir une vision globale.

Odile Maillard

Thierry Desforges a lancé Monpotager.com qui permet au client de suivre et de gérer en ligne la production et les livraisons d'un jardin légumier.

PHOTO : ODILE MAILLARD

La start-up Miimosa.com aide les porteurs de projets en agriculture à trouver des financements via des contributeurs donateurs.

PHOTO : ODILE MAILLARD

L'équipe de Weenat propose de gérer à distance et en temps réel les parcelles de plein champs éloignées.

PHOTO : WEENAT

Karine Cailleux (responsable communication) et Brice Texier (co-fondateur et CTO directeur technique) chez Ekylibre. L'entreprise a développé un logiciel qui permet, en temps réel, de gérer petites ou grandes exploitations sans aucune saisie.

PHOTO : ODILE MAILLARD

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