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PARCOURS. La passion des plantes lui a donnéla force de se battre et de retravailler

« Je suis passionné par mon métier. Cela m'a beaucoup aidé et motivé à retravailler malgré mon handicap », prouve Gilles Baron avec une ténacité hors du commun.

Victime de deux accidents, Gilles Baron a choisi sa reconversion. Auparavant technico-commercial, il exerce désormais en indépendant et à titre gracieux comme conseiller horticole professionnel.

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Malgré toutes les difficultés qu'il a rencontrées, Gilles Baron a repris la route, à son rythme. Il va visiter les principaux obtenteurs. Il fait le tri parmi les plantes et nouveautés qu'il y détecte dans toute la génétique horticole. Et il communique sur les cultivars qu'il considère comme les plus performants pour les massifs des villes.

« Je veux être utile pour le fleurissement saisonnier des massifs des collectivités. Je mets gracieusement mes connaissances et mes compétences au service des responsables de la grande région Nord », affirme Gilles Baron. Ce dernier a connu toutes les évolutions du secteur des semences horticoles : le développement des jeunes plants, la technicité autour des semences, le rachat et la fusion des entreprises... « Malgré mon handicap (voir ci-après), j'ai retrouvé mes facultés. J'ai donc créé, en août 2017, ma micro-entreprise, Horti-Fleurissement Conseils, à vocation non lucrative. Je me suis lancé après avoir suivi un stage auprès de la BGE, un réseau associatif national d'aide à la création d'entreprises (*), grâce au conseil général des Hauts-de-France. Technico-commercial et responsable « grands comptes » durant 25 ans, j'ai constaté combien nombre de responsables d'espaces verts ont besoin de conseils techniques dédiés au produit, en particulier pour le choix variétal. Certains acheteurs sont perdus face à l'offre. Il faut redonner toute sa valeur à ce métier au bénéfice des producteurs ou des responsables de collectivités. Aujourd'hui, le volet commercial prend trop le dessus. D'autant que les achats de fleurs sont devenus une variable d'ajustement dans le budget des municipalités. »

Gilles Baron se base sur sa connaissance des cultivars pour choisir « ceux qui conviennent au fleurissement - urbain - durable, et garantissent une performance au jardin. Il faut être transparent sur la qualité. J'essaie de composer la gamme idéale, en référençant les bonnes variétés, non OGM, celles qui supportent les conditions climatiques locales, avec pas ou très peu de pesticides. Et je peux également intervenir auprès des producteurs fournissant les collectivités qui ne produisent plus elles-mêmes ».

Ses deux principaux partenaires sont Pas-de-Calais Tourisme et Nord Tourisme. La ville de Boulogne-sur-Mer (62) a suivi. « J'apporte également mon aide via le comité national des villes et villages fleuris de France (CNVVF). Ainsi, l'agglomération de Lille (59), qui n'était pas inscrite, a travaillé sur le fleurissement durable et a inauguré, ce 18 juillet, 7 000 m2 de serres de production. Pour accompagner ce projet et diverses communes alentours, j'ai organisé une réunion. Je ne fais aucune démarche commerciale. Je suis uniquement présent en tant que technicien. »

Un sponsoring solidaire

Sa philosophie actuelle de travail découle du contexte particulier lié à ses accidents : « Pour le fonctionnement de mon entreprise et mes déplacements, j'ai besoin de 8 200 euros annuels en étant juste à l'équilibre. Pour être le plus neutre et le plus autonome possible, c'est via les obtenteurs, directement, que je peux le mieux travailler : je demande à ceux qui veulent me suivre un sponsoring solidaire de 700 euros par an. PanAme-rican a été le premier à me dire oui. Puis les Ets Morel Diffusion. Je reste maître du choix des cultivars et des séries. Mon activité est récente, mais mon expérience est mon bagage. »

Gilles Baron ne cache pas ce qui lui est arrivé, en particulier pour faire avancer la cause du handicap dans notre société. « En février 2007, à 40 ans, j'ai fait un AVC (accident vasculaire cérébral) après une trop forte pression sur les objectifs qu'on m'imposait, en vue d'un poste de responsable "produit". Trois ans après, soutenu par la médecine du travail, j'ai passé un bilan de compétences et j'ai pu reprendre mon travail à temps partiel. Deux ans plus tard, j'ai eu un grave accident de travail sur la route. Les médecins m'avaient annoncé un handicap lourd avec l'impossibilité de retravailler. Contrairement à leur diagnostic, j'ai bien récupéré, à 80 % environ au niveau neurologique. Je conserve toutefois une difficulté à marcher, et j'ai perdu l'usage de mon bras gauche. Mais j'ai toujours voulu continuer à être utile. En rééducation, c'était un challenge permament car je suis un passionné. »

Sa force et sa ténacité se sont forgées au fil du temps. « Le distributeur anglais David Colegrave a, entre autres, été mon mentor. Il m'a transmis la connaissance, l'observation et la passion des plantes. Avec lui, j'ai appris bien plus que durant mes deux années d'école. Chaque fois que j'ai un doute ou suis découragé, je me souviens de son conseil : "avec la passion, on arrive à tout." Notre métier est particulier, on ne réussit que si on est passionné. » Passion et conseil vont, n'en doutons pas, changer le regard de nombre de ses interlocuteurs du milieu horticole, ses clients dans le Nord et en Europe, auprès des obtenteurs, où il se ressource...

Odile Maillard

(*) BGE accompagne les entrepreneurs, de l'émergence de l'idée au développement de l'activité.

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