Excès de bruit : ne faites pas la sourde oreille !
Agissez contre les agressions sonores avant qu'il ne soit trop tard... La surdité professionnelle, insidieuse dans son installation, est au final irréversible. Initiation à la protection avec la MSA 49.
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Comment prévenir les risques liés au bruit dans les contextes de travail ? Pour aider les professionnels, le service prévention de la MSA du Maine-et-Loire a proposé une approche et plusieurs types de solutions au Salon du végétal à Angers. Une opportunité idéale pour sensibiliser les acteurs concernés : patrons, chefs d'équipe et salariés.
Sachant que la prévention est une obligation pour les responsables d'entreprise, il convient de rappeler que des expositions trop fortes et/ou prolongées peuvent provoquer plusieurs types de troubles : gêne (dont acouphènes), fatigue auditive, nervosité/irritabilité, déficit auditif temporaire, troubles de santé (sommeil, stress, réactions digestives, troubles cardio-vasculaires...), perte d'attention et de concentration, ou – sur le long terme – un vrai risque de surdité. L'exposition au bruit réduit en outre la quantité et la qualité du travail, et favorise les risques d'accident.
Séverine Giacomini, conseillère de prévention à la MSA 49, spécialisée notamment dans le secteur du paysage, propose une grille de lecture en dix questions, pour se repérer et détecter quand prendre des mesures. Elle préconise également une démarche simple, à mettre en place pour protéger les salariés, les solutions dépendant du niveau de risque et du contexte de travail.
Diagnostic
ÉVALUER LE NIVEAU D'EXPOSITION
En premier lieu, il faut évaluer le niveau d'exposition sonore. Des sonomètres manuels existent pour un diagnostic en direct, d'autres modèles avec écran mesurent et affichent les résultats en continu.
La référence en matière de prévention au travail dans les dispositions européennes légales (2003) est de 80 dB (A) (décibels) pendant 8 heures. À partir de ce seuil, il faut sensibiliser les personnels et mettre à leur disposition des protecteurs individuels contre le bruit (PICB). Ce niveau correspond aussi à 83 dB (A) sur 4 heures, ou à 86 dB (A) sur 2 heures. Plus le niveau sonore est élevé, plus la durée d'exposition doit être courte. Une exposition à 85 dB (A) 8 heures par jour représente la valeur à partir de laquelle il y a fatigue et seuil de lésion auditive : c'est le cas pour les utilisateurs de tondeuses à gazon, perceuses, scies circulaires, broyeurs, compresseurs, gros ventilateurs, groupes générant du froid... À ce seuil, les employeurs doivent intervenir : obliger les salariés à porter les PICB, organiser une surveillance médicale... Quant au seuil de 91 dB(A) pendant 2 heures, il correspond au risque d'atteinte définitive de l'oreille (surdité). Sont concernées, les personnes qui utilisent des scies à ruban, des brise-béton...
Ces standards constituent des repères car, selon notre âge, notre sexe, notre condition physique, nos antécédents médicaux, nous ne sommes pas égaux face au bruit.
La surdité permanente se met en place souvent sur des mois, des années ; lorsque les troubles deviennent perceptibles, l'audition est déjà très altérée... À ce stade, les prothèses auditives sont inefficaces. La seule attitude responsable est de prévenir en réduisant les niveaux et les temps d'exposition.
Première étape
LA PRÉVENTION COLLECTIVE
Quand le contexte le permet, il faut chercher une prévention collective, sachant que le bruit se transmet par les sols, les murs, les cloisons, les plafonds..., différemment selon le type des matériaux supports.
Jean-François Lacrampe, fondateur et gérant de Maxilence, à Chacé (49), est spécialisé dans les solutions d'insonorisation en milieu professionnel, notamment pour les ateliers. « Nos solutions acoustiques doivent permettre de continuer à travailler ! Quand la source de bruit se déplace, nous cherchons à l'assourdir par absorption au niveau des parois du bâtiment », explique-t-il. « Mais le plus souvent, nous devons choisir entre deux possibilités : soit isoler cette source en encoffrant la machine ou l'outil bruyant dans une cabine pour travailler sans gêner les collègues ; soit installer le(s) poste(s) de travail dans une enceinte à l'abri de la/des source(s) de bruit. Nous avons conçu des cabines insonorisées sur mesure, de montage simple, démontables et transportables. Nous travaillons sur l'absorption via le choix de matériaux fibreux ou de mousses, souvent avec des formes de parois particulières (boîte d'oeufs ou pyramides) pour capter le bruit sur une surface maximale. Nous travaillons également sur l'isolation avec des matériaux particulièrement denses (36 kg/m² par exemple). Ces solutions combinées en enceinte fermée à paroi simple permettent de réduire habituellement de 20 décibels les niveaux sonores. Nous pouvons arriver jusqu'à 30 décibels en moins ou doubler les parois... »
Seconde étape
LES PROTECTIONS INDIVIDUELLES
Quand les protections collectives ne sont pas possibles, pas judicieuses ou pas suffisantes, il convient de privilégier des solutions individuelles (PICB).
Séverine Giacomini rappelle qu'il existe plusieurs modèles de protections auditives : soit des bouchons antibruit (dont certains antiallergiques), soit des casques simples, soit des casques à coquille avec un micro intégré. Ces derniers n'isolent pas des signaux de danger et préservent la conversation. Christelle Redureau, attachée technico-commerciale pour la société IntersonProtac, à Congénies (Gard - 30), a quant à elle présenté plusieurs types de bouchons Pastop®, protections individualisées, moulées sur mesure, avec filtre pour permettre les conversations.
Bien entendu... il revient, en prévention, à l'employeur d'informer, de former, de sensibiliser ses salariés, d'acheter des machines moins bruyantes, de poser des écrans acoustiques, de signaler les zones bruyantes, de mettre en place un suivi médical pour les personnes exposées...
Odile Maillard
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