FORMATION. Regards croisés sur les pratiques en paysage
Des étudiants en licence pro de l'ESA conçoivent des jardins éphémères, que des app rentis en BTS concrétisent pour le 6e concours « Jardins d'Expression ». Actions et témoignages sur des échanges trinationaux France-Italie-Allemagne.
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L'École Supérieure d'Agriculture (ESA) d'Angers (49) et deux partenaires - l'Université Humboldt de Berlin (Allemagne) et l'Istituto professionale di Stato per l'Agricoltura e l'Ambiente de Sanremo (Italie) ont initié la participation de leurs établissements dans des « workcamps »*.
Les premiers chantiers ont eu lieu :
au festival international des jardins IGA à Berlin, en avril 2017, dans le cadre du projet IGA- Campus ;
puis en février 2018, avec la concrétisation d'un jardin à Cipressa en Italie ;
pour finir l'année scolaire, la réalisation de deux jardins éphémères, du 8 au 15 avril 2018, dans le cadre du 6e concours « Jardins d'Expression » près d'Angers.
Ce projet veut promouvoir les rencontres entre étudiants de nationalités différentes, à travers la réalisation collective de jardins éphémères ou permanents.
Le partage des connaissances du paysage, des techniques et du savoir-faire anime chaque démarche. Les étudiants, apprentis sont mis en situation de communiquer dans une langue qui n'est pas la leur. Le stress de départ s'estompe. L'implication débouche sur une expérience riche, professionnelle et culturelle.
Les Français en coordinateurs
En 2018, le support principal de l'échange international à Angers a porté sur la réalisation de deux jardins. Le projet s'est inscrit dans le concours réservé aux écoles des Pays de la Loire, « Jardins d'Expression », dans le parc de Pignerolle, à Saint-Barthélemy-d'Anjou (49).
Un jury a retenu deux jardins qui postulaient sur la thématique décidée par Angers Loire Métropole : « Échappées de jardins ». Réaliser de tels jardins éphémères autorise de nombreuses adaptations et laisse libre court à l'imagination. Au fur et à mesure de l'avancement, les étudiants peuvent échanger, partager et adapter leurs projets, sans toutefois dénaturer l'ambiance et le concept initial. L'objectif : participer à une réalisation commune, fruit de regards croisés sur le paysage. Une journée de visites, ainsi qu'une découverte culturelle et paysagère immergent les participants dans leur futur lieu de « travail » et sa région. Il faut apprendre à se connaître afin de faciliter les échanges lors des travaux !
Un débriefing explicite le projet et l'organisation du chantier ; les apprentis français endossent le rôle de maître d'oeuvre, de coordinateur.
5 à 10 étudiants maximum par pays et par workcamp peuvent participer. Les Français sont tous des volontaires et ces apprentis BTS qui s'engagent sont conscients de la réelle opportunité pour eux. Ils savent aussi qu'en contrepartie, ils doivent récupérer les cours manqués, d'où un réel investissement de leur part. Les Italiens sont, quant à eux, choisis pour cet échange en fonction de leurs résultats et investissements dans leur formation.
Les participants ont été répartis sur les deux projets de jardins, en mixant les nationalités. Les étudiants italiens et allemands étant plus novices dans la mise en oeuvre, les Français donnent les directives et surtout accompagnent et guident. C'est une belle opportunité : en formation BTS actuellement, nombre d'entre eux souhaitent devenir à terme chef de chantier, conducteur de travaux... ils voient ici l'opportunité de s'entraîner, à leur manière !
Les échanges sont très constructifs et formateurs. Les étudiants italiens plus jeunes font des stages, mais principalement en entretien et plantation, durant lesquels ils n'ont pas l'opportunité de réaliser des ouvrages tels que des murets, terrasses bois, éclairage, bassins... En Italie, les paysagistes semblent moins polyvalents, et ce type d'activité est plutôt confié à d'autres corps de métiers. Les étudiants allemands universitaires ont assez peu l'occasion de pratiquer... Alors les BTS français apprennent à faire preuve de diplomatie, d'écoute, et de compréhension ! Tous apprécient cet apprentissage (lire les témoignages).
Un programme Erasmus +
Ces échanges de pratiques permettent d'apprendre des gestes simples issus du quotidien : tenir une bêche, tailler une branche... et surtout de comprendre « le pourquoi du comment ». Ils offrent également un partage sur la vision du métier, des pratiques, des outils, des végétaux, de l'organisation du travail...
Les discussions sur les idées reçues ont été animées : la rigueur allemande, le laxisme italien ou encore les Français en grève sont battus en brèche ! Et chacun a pu se nourrir des expériences et témoignages des autres.
L'hébergement est collectif pour multiplier les occasions de partager les repas, les langues, la culture. Chaque jour, un pays est mis à l'honneur. Les étudiants préparent et présentent un repas typique de leur région (galettes, pâtes au pesto, spätzle, lasagnes...). Ces étudiants en retirent de nombreux bénéfices, tant sur le plan professionnel que culturel. Les BTS Français ont suivi la finition de leurs jardins après le workcamp et avant l'inauguration. L'un des deux, intitulé « Prends en de la graine », vient de recevoir un premier prix ce vendredi 21 septembre. Ces échanges sont cofinancés par l'Office franco allemand pour la Jeunesse (OFAJ). En France, le principal financeur est le FAFSEA. L'OFAJ, la région Pays de Loire et l'ESA permettent de compléter le budget. Les financements européens seront aussi mis à contribution pour la prochaine étape en 2018. L'Esa veut préserver les liens tissés avec ces deux écoles partenaires et peut-être intégrer d'autres pays. Elle travaille actuellement sur un programme Erasmus+ concernant un cycle de 3 ans avec L'Université de Humbolt (Berlin). Il s'agit de poursuivre ces échanges via la participation à de nouveaux workcamps, projets ou manifestations internationales. Les entreprises partenaires du CFA de l'ESA y seraient associées. L'objectif est de favoriser la mobilité internationale des apprentis en formation, et de leurs maîtres d'apprentissage.
Emmanuel Gallet (enseignant en Aménagements Paysagers), Odile Maillard
* Le Pr. Dieter Franz Obermaier de l'université Humboldt et Giampiero Cane de l'école de Sanremo (en relation avec l'Esa pour des voyages d'études), ont formalisé ce chantier international avec l'équipe du CFA de l'ESA. Les porteurs du projet : Odile Ginestet (responsable du programme BTS), David Croissant (responsable département EVCV), Fred Doutau et Emmanuel Gallet (enseignants).
Les apprentis Français endossent le rôle de maître d'oeuvre, de coordinateur. Il faut faire preuve de diplomatie, d'écoute... Tous partagent les gestes professionnels et les visions diverses sur leur métier, en anglais, ou... comme ils peuvent !
Préparations et concertations avant la pose de la membrane du bassin...
Débriefings sur les projets concernant les étapes importantes pour assurer un bon déroulement des travaux. À droite : Emmanuel Gallet, enseignant en AP.
À l'heure des plantations, tout le monde s'active ! PHOTOS : ESA
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