FORMATION Les arbres d'ornement : au-delà des pré occupations techniques !

Le secteur arboriculture au CFPPAH - Centre de Formation Professionnel de Promotion Agricole et Horticole - devenu Pôle Arboriculture en 2016, est reconnu pour son expertise et savoir faire dans la formation des professionnels de l'élagage. L'établissement de Saint-Germain-en-Laye fait partie des pionniers à avoir développé - dès le début des années 1990 - le Certificat de spécialisation CS « Taille et soins aux arbres ». De nombreuses formations courtes permettent également aux élagueurs du privé comme des collectivités territoriales de rester en phase avec les évolutions du métier et de travailler toujours mieux en sécurité.

En 2014, le CFPPAH a ouvert un CS « Gestion des arbres d'ornement » pour répondre à la volonté grandissante des gestionnaires de patrimoines arborés. Une démarche qui passe par la recherche d'outils et de techniques performants pour le suivi et la préservation des sites - inventaires, diagnostic et plan de gestion durable - et par la gestion des chantiers d'entretien ou de plantation. Cette formation intéresse également les entreprises du paysage et les bureaux d'études spécialisés dans le conseil et l'expertise arboricole qui recherchent des professionnels formés dans ce domaine spécifique du végétal afin de les seconder.

Contribuer à la création d'une filière professionnelle

« Fort de notre expérience en élagage et grâce à nos contacts avec les différents acteurs de l'arbre, nous avons souhaité mettre en place une formation de niveau III car il en existe peu sur le territoire national et aucune en Île-de-France avant celle-ci. Elle permet d'acquérir des compétences pratiques et diversifiées. Elle reflète aussi notre volonté de contribuer à la mise en place d'une véritable filière de l'arboriculture ornementale. Cette démarche favorise le développement d'une stratégie de formation et d'épanouissement tout au long de la vie professionnelle des spécialistes de l'arbre. Elle concerne en particulier des arboristes grimpeurs qui exercent un métier éprouvant sur le plan physique et mental et peuvent avoir l'envie ou le besoin d'opérer une reconversion, tout en restant dans le domaine de l'arbre auquel ils sont le plus souvent très attachés » explique Fabrice Salvatoni, formateur au CFPPAH et responsable du CS GAO.

Ce titre professionnel intéresse des profils variés : arboristes grimpeurs expérimentés en quête d'une évolution professionnelle à plus ou moins court terme ; jeunes issus de filières aménagement paysager, secteur forestier ou gestion des espaces naturels cherchant à se spécialiser en arbre d'ornement, ou professionnels désireux de renforcer leurs compétences sur la gestion de l'arbre. Chaque année une offre est proposée aux agents déjà en poste en collectivités territoriales (Service de l'arbre à Paris, Melun, Osny...) et à des salariés en poste dans des entreprises privées d'élagage. Après un entretien et vérification des prérequis, un parcours adapté leur est proposé afin de limiter l'impact de la formation sur leur activité professionnelle. « Les stagiaires doivent être titulaires du CS Taille et Soins aux Arbres et avoir exercé des responsabilités dans une entreprise d'élagage - chef d'équipe, conducteur de travaux, commercial - ou être titulaires d'un diplôme de niveau III en gestion des espaces verts et avoir déjà eu la charge d'un patrimoine arboré au sein d'une collectivité » précise Fabrice Salvatoni.

Une large place accordée à la pratique

La formation CS GAO propose des outils opérationnels, faciles à utiliser pour les phases d'études (développement et renouvellement du patrimoine, inventaires, diagnostic sanitaire et mécanique, plan de gestion), gestion (plantation, entretien), organisation de chantiers, ou communication auprès des équipes ou du grand public. Elle s'appuie sur des cours théoriques mais surtout sur de la pratique, à partir de mises en situations concrètes. « Approche encore trop peu développée, elle aborde l'arbre avec une approche globale intégrant non seulement la partie aérienne mais aussi le système racinaire » souligne l'une des intervenantes, Claire Atger, du bureau d'études Pousse Conseil.

Une formation prisée pour la capacité d'adaptation des stagiaires

Les professionnels semblent apprécier les stagiaires issus de cette formation pour leurs compétences variées acquises dans le domaine de la gestion des arbres d'ornement et leur sens pratique lié à de nombreuses expérimentations sur le terrain.

En témoigne, le bon taux de placement des quatre promotions sorties depuis 2014. Sur 34 stagiaires :

• 19 occupent un poste de gestionnaire de patrimoine arboré en collectivité territoriale ou pour un gestionnaire privé ;

• 6 travaillent en tant que conducteur de travaux, technico-commercial ou technicien-conseil en entreprise privée ;

• 5 sont retournés pour le moment dans leurs fonctions d'élagueurs mais avec une volonté de valorisation ultérieure de leur formation.

Pour les maîtres d'apprentissage, l'accueil d'un stagiaire pour la période d'alternance peut constituer une phase de pré-recrutement. C'est aussi un moyen de s'ouvrir comme en témoigne Armelle Lachastre, expert Arbre Conseil au sein de l'agence Études & Expertises Seine-Nord à l'Office national des forêts : « L'arrivée de ces stagiaires ouvre de nouveaux questionnements permettant de nous faire évoluer sur notre pratique, réfléchir à des questions que l'on ne s'était pas posé... Ce regard neuf, plus ou moins néophyte, nous fait avancer. »

Pour le responsable de ce pôle, Denis Gournay « Quelles qu'aient été leurs diverses compétences antérieures - dans le secteur de l'arbre mais aussi dans d'autres secteurs scientifiques et techniques - les stagiaires qui se sont succédé au sein de notre structure ont tous réussi à progresser rapidement. Ils ont non seulement contribué à la réalisation de projets mais aussi à développer nos réflexions techniques ». La formation GAO est ainsi perçue comme un moyen d'ouvrir le champ des connaissances et des compétences des stagiaires mais aussi des intervenants, acteurs de la filière arboriculture ornementale : « Je perçois souvent des différences de points de vue des enseignants, mais cela n'est pas un problème, au contraire ! N'ayons pas peur de confronter nos différences, elles permettent de nous ouvrir. De même, les profils variés des stagiaires sont sources d'enrichissements réciproques. La question de la gestion des arbres d'ornement doit atteindre une dimension sociétale, car dans le cas contraire, elle restera cantonnée uniquement à des préoccupations techniques insuffisantes pour répondre pleinement à cette problématique. Nous devons contribuer à former des pensées transversales qui additionnent des considérations sociales, écologiques et économiques » souligne Olivier Jacqmin, jardinier paysagiste et formateur au sein du CS GAO.

Yaël Haddad