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Les jeunes créateurs se dévoilent aux Floralies de Nantes

Sébastien Vaugrenard, lauréat du concours « Jeunes créateurs de jardins » a conçu un lieu de vie inspiré des artistes peintres, un espace intime pour s'adonner à ses loisirs. Le résultat a été immédiat auprès des enfants, d'emblée séduits !

Pour la première fois, les organisateurs des onzièmes Floralies de Nantes ont lancé un concours de jeunes créateurs de jardins. Étudiants ou lycéens, inscrits dans des écoles du paysage ou horticoles, ou jeunes professionnels étaient invités à mettre en avant leur savoir-faire ornemental et leur créativité artistique. Rencontres...

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« Ce nouveau concours vise à promouvoir les jeunes talents dans les domaines de l'horticulture, du paysage, de la fleur, à travers la réalisation d'un jardin, dans un cadre privilégié au bord de l'Erdre (un affluent de la Loire), explique le comité organisateur. Ces jardins “Jeunes créateurs” sont également destinés à expérimenter de nouvelles pratiques du paysage, à initier de nouvelles tendances, et à faire découvrir le monde du jardin au grand public. » Témoignage de quatre jeunes parmi les seize participants...

Sébastien Vaugrenard

LES GRANDS PEINTRES

Sébastien Vaugrenard avait déjà participé il y a cinq ans à une réalisation pour les Floralies sur le thème des Mille et une nuits avec le lycée Jules-Rieffel, à Nantes (44). Cette fois, en participant seul, il a obtenu le premier prix de ce concours ! Mais avant d'en arriver là, il a suivi un joli parcours... Après un BEP puis un bac pro « Travaux paysagers » au lycée agricole et horticole Kerplouz, à Auray (56), il a passé un BTS « Travaux et aménagements paysagers » au lycée Jules-Rieffel. Se sont ajoutées une année en « Aménagement du paysage » à la fac Rennes II (35) et une licence pro « Infographie et gestion du paysage » pendant un an à l'école de Saint-Ilan, à Langueux (22).

Après diverses expériences professionnelles en travaux paysagers dans la presqu'île de Guérande (44), il a enseigné un an (reconnaissance des végétaux, théorie et pratique) dans le cadre d'un remplacement au lycée professionnel Olivier-Guichard, à Guérande. Il a ensuite rejoint l'Australie pour une mission de six mois, - notamment en travaux paysagers -, à Cairns, chez Designer Garden Company, grâce à un visa « vacances-travail ». Pour le concours des Floralies de Nantes, il a préparé son projet durant l'hiver en dénichant bacs en châtaignier, palettes, boutures et semis de salades ou radis... Un partenaire s'est révélé précieux : la pépinière Gicquiaud, à Saint-Lyphard (44), qui a cru en sa démarche et lui a fourni des plantes. « J'ai voulu montrer qu'on peut faire un jardin à partir d'éléments recyclés très simples, en réutilisant beaucoup de choses. Qu'on peut faire du beau avec de petits moyens. J'ai juste acheté des poissons rouges chez Esprit Jardiland (grâce au contact de Pascal Renaud) ; cela plaît toujours aux enfants. Pour répondre au thème du concours “Bouquets d'art”, j'ai imaginé un petit coin de verdure paisible avec des plantes et des tableaux qui évoquent des oeuvres de grands maîtres de la peinture, comme Van Gogh et ses iris. » Un lieu où de grands artistes auraient pu se poser pour peindre, en fait. « Ce qui m'intéresse, c'est une forme de reconnaissance, obtenue avec ce premier prix, et surtout l'occasion de montrer mes compétences. Je cherche du travail, en attendant d'avoir un jour l'opportunité de m'installer. J'aimerais développer cette tendance “art & craft”, un jardin qui tourne autour des plantes et du bien-être conjugués. »

Matthieu Perennez

L'ART DU QUOTIDIEN

Après un bac pro « Aménagements paysagers » au lycée du Mené, à Merdrignac (22), Matthieu Perennez est en seconde année de BTS « Techniques commerciales de vente produits horticoles » à l'école de Saint-Ilan à Langueux (22). Il a suivi un stage de deux mois où il a pu réaliser des missions événementielles et des actions de communication, dont la création d'un site internet chez le pépiniériste Christian Trubuil, au Vieux-Bourg (22). En répondant à l'appel à projets initié par le comité des Floralies, il s'est lancé en individuel dans l'aventure. Il a créé une scène intitulée « Mon intérieur, mon extérieur ». Il s'agit d'un espace très coloré à base de fleurs de saison. Il n'a pas gagné mais souligne que « l'ambiance entre les participants est très bonne, et que cette compétition constitue une aventure riche en contacts ». Son projet professionnel est déjà bien dessiné : passer une licence professionnelle en gestion d'entreprise, puis essayer d'engranger le plus possible d'expérience à la fois technique et commerciale et, à terme, la valoriser en faisant du conseil et du suivi de jardins.

Damien Lardeux

LÉONARD DE VINCI

Damien Lardeux a décroché un bac pro « Comptabilité » au lycée Leloup-Bouhier, à Nantes, puis un BTS « Productions horticoles » au lycée du Grand Blottereau, à Nantes. Dans le cadre de ce dernier examen, il a effectué un stage d'un mois en maraîchage biodynamique chez Jaques Boursier. Il a ensuite travaillé durant deux années chez différents maraîchers avant de reprendre ses études avec un BTS « Aménagements paysagers » à l'ESA, à Angers (49). Son projet : lier paysage et maraîchage, notamment en travaillant pour et avec des personnes âgées... « pour échanger des savoirs, - à elles l'expérience, à moi un peu de modernisme ou d'idées nouvelles - ; pour travailler et apprendre ensemble. C'est encore difficile car on ne s'attend pas à ce concept. C'est un courant à développer. Je commence tout juste, à mon compte : mon dossier a été déposé cette semaine. Je vais porter ce projet. » En attendant, il fait des travaux paysagers plus classiques de type entretien de jardin. Il développe également la partie commerce et prospection dans le but de se créer un réseau. « C'est une amie, Nathalie Pied, actuellement chargée de missions consacrées au paysage pour un bureau d'études (après une licence en “Aménagement du territoire et urbanisme”, spécialité “Développement local et maîtrise de projet” obtenu au CUD de La Roche-sur-Yon (85) et un BTS “Aménagements paysagers” à l'ESA), qui a trouvé ce concours sur Facebook. » Pour sa réalisation, Damien Lardeux a travaillé avec sa compagne, Marine Reymond. Issue de l'école de design Pivaut, option « Graphisme », à Nantes, et d'un BTS « Assistante de manager » à l'école Pigier, à Nantes, elle a proposé plusieurs dessins pour ce projet, conçu en collaboration avec Nathalie Pied et Vincent Meziane, ouvrier paysagiste après un BTS « Aménagements paysagers » à l'ESA et un DUT « Génie biologique », option « Agronomie ». Ensemble, les quatre jeunes professionnels ont imaginé un espace inspiré de L'Homme de Vitruve (croquis inscrit dans un cercle et un carré pour illustrer les proportions anatomiques idéales) reconverti en L'Orme de Vitruve... « Si Léonard de Vinci avait été paysagiste, il aurait probablement fait un jardin de ce type », affirme l'équipe.

Guillaume Verdegay

LES PLANTES SAUVAGES

Guillaume Verdegay a lui créé son propre site internet (www.lecoinjardin.fr) en 2008, dédié aux microjardins urbains pour balcons et terrasses. « J'aime accompagner, aider les gens à se convertir à un jardin plus naturel », confie-t-il. Les approches de ce jardinier décorateur, empreintes d'une sensibilisation au jardinage écologique et aux espèces locales, ont mûri durant son parcours scolaire et professionnel : un BTS « Technico-commercial » pour les végétaux, au LEGTA de Luçon-Pétré, à Sainte-Gemme-la-Plaine (85), puis une licence « Marketing » à l'école de commerce ENACOM, à Nantes. Viennent ensuite plusieurs expériences professionnelles : chez Horticolor, agence de communication à Lyon (69), puis chez le tendanceur Chlorosphère, à Angers. Maintenant, il mijote l'envie de travailler à son compte auprès de particuliers, à Nantes, Paris, et sur le web. « J'aide les particuliers à redonner vie à leur jardin, à faire avec la nature plutôt qu'aller contre. Cela commence par redonner vie à un sol souvent mort car asphyxié par l'utilisation d'engrais chimiques et de produits phytosanitaires. » Du coup, son projet pour les Floralies illustre bien son approche. Basé sur la série The Walking dead, son minijardin évoque la fin de l'humanité : un virus change les hommes en zombies ; les déchets de l'activité humaine et de sa société de consommation n'ont plus d'utilité et sont abandonnés. Alors, dans un environnement post-apocalyptique, la nature et les jardins - autrefois dominés - reprennent le contrôle du monde, et deviennent à la fois nourriciers, dangereux et sauvages pour les quelques survivants. Comme dans certaines villes américaines abandonnées par l'industrie et qui redeviennent de grandes prairies sauvages, à l'image de la ville de Détroit. Au point, un jour, de recouvrir les traces de l'activité humaine. Sa présentation, au-delà des codes habituels de la création paysagère, emballe ou repousse les visiteurs, mais n'a pas laissé indifférent.

Odile Maillard

Comité des Floralies, à Nantes : Tél. : 02 40 14 58 60.

Matthieu Perennez, aidé par Frédéric Gilles (à droite), ami et agriculteur à Plussulien (22), a misé sur les couleurs. Son jardin « Mon intérieur, mon extérieur » recycle tous les équipements de la maison et les associe à des plantes de saison.

Damien Lardeux et sa compagne, Marine Reymond, ont conçu avec deux autres amis un jardin inspiré de L'homme de Vitruve de Léonard de Vinci.

Guillaume Verdegay a imaginé la nature reprenant ses droits après un cataclysme.

« Un pas de deux », réalisé par cinq partenaires, est arrivé second au concours. Il s'inspire du ballet de danse Le Lac des cygnes pour associer grâce et compétition.

Le jardin « Une oasis urbaine », mis en place par la Maison familiale rurale de Mareuil-sur-Lay (85), a reçu le troisième prix des « Jeunes créateurs ». Il illustre un espace architecturé et secret incitant à la détente et à la contemplation.

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