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Lepage : un déménagement mûrement organisé

« Chez Lepage, nous cherchons avant tout à développer le système racinaire. Alors quand on parle de serre, il s'agit d'installations dont le toit se découvre entièrement et reste ouvert 90 % du temps », explique Christian Crépin, le directeur.PHOTO : ANNE MABIRE

Dans quelques mois, les pépinières des Ponts-de-Cé, dans le Maine-et-Loire, auront quitté leur site historique. Direction : un autre quartier de cette même commune où les travaux ont débuté en juin dernier après moult démarches et négociations.

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Voilà vingt-huit ans que l'entreprise Lepage est installée sur la commune des Ponts-de-Cé. Elle va y rester... « mais nous allons quitter le site historique de la rue des Perrins pour de nouvelles installations », précise Christian Crépin, son directeur. Sis chemin du Portu, à Sorges, le futur siège de la société se trouve à la sortie sud-est de la commune : en retrait de la RD 952 mais visible depuis le pont de Sorges. « Nous restons accessibles depuis la quatre voies aussi rapidement qu'auparavant et nous allons nous situer dans un environnement professionnel porteur. »

Désormais sur les rails, ce projet représente un investissement conséquent : une fois et demie le chiffre d'affaires de l'entreprise. Pour ses dirigeants, il marque la fin de six années de démarches et de négociations : « Ce dossier a été ouvert en 2008 à l'occasion d'une réunion d'information organisée par la mairie. » Ce jour-là, les pépiniéristes des Hauts de Loire apprennent que ce secteur de 90 ha est voué à l'urbanisation. D'ici à 2030, 5 000 logements vont y être construits. Christian Crépin demande alors à ce que les choses s'enclenchent « tout de suite ! Dans des projets comme celui-ci, on joue la vie d'un établissement et le devenir de ceux qui y travaillent », justifie-t-il.

Quatre experts mandatés

En première ligne, la société anonyme d'économie mixte du Maine-et-Loire (Sodemel), qui assure la gestion pour le compte de l'agglomération d'Angers (49), valide cette approche : « Pour chaque aspect de la négociation, nous avons, d'un commun accord, désigné quatre experts : la chambre d'agriculture, la Safer, le cabinet Physalid (Savennières, 49) et le Bureau horticole régional (BHR). » À charge pour chacun, en fonction de son domaine de compétences, de chiffrer le coût de la reconstruction des serres, les besoins en foncier, la prime d'éviction... « Je dois saluer leur travail car pour qu'une organisation comme celle-ci donne des résultats, il faut que les experts s'engagent, ce qu'ils ont fait », confie Christian Crépin. À grand renfort de réunions et de rendez-vous téléphoniques, l'entreprise des Ponts-de-Cé s'est d'abord concentrée sur l'évaluation des biens puis sur la recherche d'un lieu de repli. « C'est seulement quand nous avons eu la certitude que les pépinières Lepage pouvaient déménager que nous avons engagé le travail lié à la procédure d'éviction. » Précédemment exploité par la pépinière Ruault, le site retenu s'étend sur 25,5 hectares. Sept vont accueillir la production hors sol : « Il y aura 6 ha de cultures extérieures et 1 ha de cultures sous serre. Mais attention, chez Lepage, nous cherchons avant tout à développer le système racinaire des plantes. Alors quand on parle de serre, il s'agit d'installations dont le toit, qui se découvre entièrement, est effectivement ouvert 90 % du temps pour réduire sensiblement les manipulations et les déplacements des végétaux », prévient Christian Crépin. Parallèlement, 16 ha vont être consacrés aux cultures de pleine terre : la moitié, pour les pieds-mères, le reste pour assurer la rotation des sujets. Pour récupérer et gérer les eaux pluviales, trois bassins ont été prévus : l'un, d'une capacité de 4 000 m³, recueillera l'eau des toitures des serres et des bâtiments, l'autre de 3 600 m³ servira de bassin d'écrêtement. Quant au troisième de 450 m³, il recevra les eaux de drainage. Et pour compenser l'aménagement horticole du lieu, une zone humide de 4 ha sera aménagée : une obligation de réhabilitation.

« Au final, ces nouvelles installations vont nous permettre de produire cinq millions de plantes par an, soit trois fois plus comparé à aujourd'hui », précise le directeur. Elles vont également apporter un surcroît de rationalité avec une seule serre, une seule ombrière et moins d'allées. « Nous en avons profité pour introduire certaines améliorations techniques. » Les planches de culture formeront un « V » inversé ce qui permettra de maintenir les allées sèches et saines. Des bordures en béton poreux sont également prévues sur une largeur de 50 cm, « avec un brossage automatique, ce qui évitera le développement des mousses et donc le recours aux produits de traitement ». Des équipements d'arrosage plus performants sont également prévus. Ils devraient permettre de réduire la consommation d'environ 20 à 30 %.

L'arrêté préfectoral autorisant l'entreprise Lepage à exploiter le site du Portu date du mois de juin 2013. Mais il a fallu attendre encore un an avant que les premiers travaux puissent démarrer. Le temps nécessaire pour déposer et obtenir le permis de construire, et pour débloquer les premiers financements. En juin dernier, le va-et-vient des tractopelles a donc commencé : extraction des 4 ha de roselière ; les 23 000 m³ de terre ont permis de remblayer et de niveler le reste du site. Les travaux (le drainage, le forage, l'installation des serres...) vont se poursuivre cet automne. « Tout sera prêt pour le mois de septembre 2015 », assure Christian Crépin.

Anne Mabire

Le site historique des pépinières Lepage, rue des Perrins aux Ponts-de-Cé (49), est réputé pour la diversité des vivaces proposées au catalogue.

PHOTO : ANNE MABIRE

Situé chemin du Portu, à 4,5 kilomètres du siège actuel, le futur site restera accessible aussi rapidement depuis la quatre voies. Les cultures et travaux vont cohabiter pendant environ un an sur les deux structures.

PHOTO : ODILE MAILLARD

Une grande collection de dahlias (rachetée à Roger Barrault) a déjà rejoint, sur le nouveau site, les graminées, dont Miscanthus sinensis 'Luc André Lepage' (en médaillon), une obtention maison, tandis qu'arrive Miscanthus sinensis 'Ville d'Angers', une nouveauté au feuillage zébré de blanc.

PHOTOS : ODILE MAILLARD

Le futur site de Sorges prévoit plusieurs zones destinées à accueillir les cultures sous serre verre (multiplication) et plastique (élevage), les cultures hors sol en extérieur, trois bassins, une zone humide, des massifs « vitrines »...

PHOTO : ANNE MABIRE

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