FORMATION L'apprentissage sur le terrain, clef de la réussite
James Garnett est jardinier au sein du service des espaces verts de Nantes (44) depuis deux ans. À tout juste 25 ans, il s'est forgé une réputation de fin botaniste et a décroché son graal en intégrant l'arboretum-cimetière-parc de la ville. Parcours d'un passionné qui apprend « en douceur » grâce à la photographie...
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Bac scientifique en poche, James Garnett ne sait pas précisément quelle voie emprunter pour ses études supérieures. Après une année universitaire qui ne le séduit pas, en pharmacie, il part au pair en Irlande pour un an. Son temps libre, il le consacre alors à l'entretien des jardins des familles dans lesquelles il séjourne. « Jusque-là, j'avais une certaine attirance pour les paysages et la nature, mais je ne m'étais jamais vraiment rendu compte qu'on pou-vait travailler dans ce domaine. »
C'est le déclic et en rentrant, il s'inscrit en BTS « aménagements paysagers » au lycée Jules-Rieffel, à Saint-Herblain (44). En première année, il effectue son stage chez un paysagiste indépendant qui l'initie à la connaissance des végétaux lors des chantiers qu'ils réalisent ensemble. « Au début de l'année scolaire, on ne peut pas dire que j'étais spécialement intéressé par la botanique, ni très doué pour la matière. Je trouvais plutôt fastidieux d'apprendre des listes de noms et je m'étais aperçu qu'au bout de quelques semaines après les contrôles, la connaissance s'était bel et bien envolée, pour moi comme pour nombre de mes camarades... Par contre, en stage, j'ai commencé à éprouver un réel plaisir à découvrir les plantes et à apprendre leurs noms. Et j'ai vite constaté que je retenais bien mieux ce que j'avais appris sur le terrain. » Pour son troisième stage de BTS, James Garnett décide de choisir une pépinière généraliste au sein de laquelle il confirme son attrait pour la reconnaissance des végétaux. Il consacre même une partie de ses pauses déjeuner à arpenter les carrés de culture. Sur les conseils du responsable de l'entreprise, il va découvrir, pour la première fois, en février 2013, l'arboretum-cimetière-parc de Nantes.
La mémoire visuelle des végétaux
C'est un véritable « coup de foudre » pour ce site qui s'étend sur près de 50 ha (dont 25 ha de réserves foncières) au nord de l'agglomération. Il est considéré comme l'un des cent jardins de la ville, avec l'une des plus belles collections d'arbustes en port libre. En effet, il renferme près de 500 taxons de camélias sur les 1 200 que la ville possède (collection nationale de référence agréée par le Conservatoire des collections végétales spécialisées), 75 taxons de viornes, de nombreux cultivars ou variétés de houx, de cornouillers et de chênes et différentes espèces de collections rares. Ce site a été aménagé dans les années cinquante par l'architecte Charles Friesé avec, dès le départ, la volonté d'en faire un parc paysager. C'est décidé, un jour, il travaillera là !
« Après ma première visite au cimetière-parc, j'y suis retourné presque tous les week-ends, appareil photo en mains, afin de garder une trace visuelle de ce que j'avais vu. J'ai pris l'habitude de photographier les végétaux et les étiquettes et j'ai vite compris qu'associer les plantes à des émotions et aux cinq sens constituait le meilleur moyen d'en garder un souvenir précis et durable. » La volonté de découvrir toujours plus de nouvelles espèces se confirme avec la visite d'autres jardins, à Nantes, puis au gré de ses déplacements en France ou à l'étranger.
Pour James Garnett, l'apprentissage sur le terrain avec des végétaux en situation constitue le meilleur moyen de développer ses connaissances, et la photographie un excellent outil pour retenir les noms, sans vraiment s'en rendre compte. Des photos qu'il s'empresse de légender et de classer immédiatement pour se constituer un guide personnel qui lui servira plus tard pour partager sa passion. Pour chaque espèce, il enrichit son catalogue par des prises de vues à différentes saisons et sous différents angles, ce qui permet de revenir à plusieurs reprises sur les mêmes taxons.
Une approche scientifique et technique
En parallèle, la consultation d'ouvrages ou de sites Internet de référence lui permet de compléter son savoir. « La connaissance des végétaux est un processus d'accumulation qui demande à s'étaler dans le temps. La première fois que l'on voit un nouveau sujet, on va retenir le genre, la seconde fois l'espèce, puis le cultivar ou la variété... L'appropriation doit se faire en douceur pour être efficace sur le long terme. » Après son BTS obtenu en 2013, James Garnett, qui ne se sent pas une grande fibre créatrice, décide de se perfectionner sur l'entretien du patrimoine végétal et plus particulièrement dans le domaine des ligneux. Il postule pour la licence professionnelle « gestion durable des arbres et des arbustes en aménagements paysagers », dispensée par l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, antenne d'Aubière (63) et le LEGTA Louis-Pasteur, site de Marmilhat, à Lempdes (63). Et c'est tout naturellement qu'il choisitde faire son stage de fin d'études de quatre mois à l'arboretum-cimetière-parc de Nantes !
Pour convaincre le service des espaces verts (SEVE) et de l'environnement d'accepter cette requête bien spécifique, il présente - lors de l'entretien - un petit guide photographique dont l'essentiel des clichés proviennent de ce site... Il fait mouche et sa demande est acceptée. « La licence professionnelle m'a permis d'améliorer mes connaissances en botanique des ligneux, mais également de développer mes connaissances scientifiques ainsi que dans le domaine de la gestion. » Il n'a pas eu besoin d'attendre après son diplôme pour intégrer en tant que stagiaire le prestigieux SEVE de Nantes. Après 9 mois passés au parc de Procé et un an aux serres tropicales du parc du Grand Blottereau, James Garnett atteint son Graal début octobre 2016 : il fait désormais partie des jardiniers qui s'occupent à plein temps de l'arboretum-cimetière-parc, sous la houlette du chef d'équipe, Daniel Durand. « Nos principales missions concernent l'entretien des allées du cimetière, des espaces engazonnés mais plus particulièrement des massifs arbustifs. L'objectif est de mettre en valeur les sujets les plus remarquables et d'enrichir les collections au fil du temps. L'essentiel des travaux de taille est réalisé en période hivernale, en respectant les principes de gestion raisonnée développée par l'association des Arbusticulteurs. Nous intervenons régulièrement pour des opérations de dé-densification ou de transplantation d'arbustes, car dès sa création et durant de nombreuses années, le parc a été densément planté. »
Pour les arbres, les jardiniers réalisent une veille et en cas de doute ils font appel à l'équipe élagage du SEVE pour établir un diagnostic poussé et mener les opérations d'élagage ou d'abattage nécessaires.
Yaël Haddad
L'arboretum-cimetière-parc de Nantes (44). James Garnett a atteint son objectif début octobre 2016 : il fait désormais partie des jardiniers qui s'en occupent à plein temps. PHOTO : YAËL HADDAD
Azara dentata, originaire du Chili et du sud de l'Argentine. PHOTO : YAËL HADDAD
Cornus florida subsp. urbiniana originaire du Mexique (nord-ouest) présente des bractées soudées en leur extrémité. PHOTO : YAËL HADDAD
Magnolia laevifolia 'Guillemineau' : un cultivar ainsi nommé en hommage à Loïc Guillemineau, jardinier au cimetière-parc depuis 35 ans. PHOTO : JAMES GARNETT
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