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FORMATION La coopération franco-suisse se poursuit dans l'enseignement

Les apprenants ont partagé leurs pratiques en matière d'aménagements écologiques, avec des techniques et matériaux appropriés comme les murs de pierres sèches.PHOTO : ÉRIC VERDON

Les centres de Valdoie (Territoire de Belfort) et de Cernier (canton suisse de Neuchâtel) développent leur mutualisation via un nouveau projet dédié au paysage durable et au jardin naturel.

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Distants de 100 km, l'Établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA) de Valdoie, et l'École des métiers de la terre et de la nature (EMTN) de Cernier, forment tous les deux aux métiers du paysage et des productions horticoles.

Déjà partenaires depuis plus de dix ans dans le cadre du festival des Jardins extraordinaires de Cernier, les deux écoles ont commencé à envisager, en 2011, de mutualiser leurs moyens sur un thème de formation nouveau : le paysage durable et le jardin naturel. « Face à une évolution récente des attentes de leur clientèle privée, à des interventions lors de la mise en place d'écoquartiers..., les professionnels du paysage des deux pays (Unep et JardinSuisse) ont besoin de salariés dotés de compétences en techniques de gestion durable », explique Bertrand Schmieden, directeur du Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Valdoie. Cette volonté de coopération s'est concrétisée dans le cadre du programme européen de soutien aux projets transfrontaliers Interreg France-Suisse. Sous l'appellation « Mutualisation de deux écoles du paysage », de septembre 2012 à septembre 2015, leur démarche visait quatre objectifs :

- favoriser la mobilité et l'employabilité via une formation commune sur les nouvelles techniques de gestion durable d'espaces verts ;

- la valider par une certification européenne ;

- favoriser les échanges de pratiques entre acteurs (élèves, formateurs, professionnels) ;

- former à de nouvelles techniques peu ou pas pratiquées dans les entreprises.

En raison d'un contexte propre à chaque côté de la frontière, la durée des sessions, le public concerné et la certification délivrée ont différé.

« En Suisse, la formation entrait dans le cadre d'une certification existante : un brevet fédéral (équivalent d'un BTS), en 18 mois, pour des personnes d'expérience. Ce n'était pas le cas en France, pointe Bertrand Schmieden. La formation "paysage durable", sur six mois, n'a pas été certifiante. Elle correspondait pourtant à une spécialisation de niveau IV minimum. »

En pratique, du côté de la Suisse, le brevet fédéral de contremaître jardinier spécialiste en jardins naturels s'est adressé à des salariés en activité de niveau bac pro. De 2012 à 2015, deux sessions ont eu lieu. Et trois côté français, où la formation « paysage durable » a intégré des demandeurs d'emploi diplômés ou avec expérience.

À la recherche de nouveaux partenaires

« Ce qui nous a manqué, c'est une ingénierie plus longue. Il a fallu s'adapter à ces durées différentes. Nous avons ainsi mutualisé les enseignements sur une quinzaine de jours par session », indique Bertrand Schmieden qui précise : « Les trois sessions de la formation "paysage durable" ont permis de former 19 personnes, dont 14 se sont insérées en milieu professionnel. Si l'employabilité était au rendez-vous, certains objectifs du projet n'ont toutefois pas pu être atteints. Notamment ceux dépendants des réglementations et organisations bien différentes. Par exemple, sachant qu'il est difficile pour les apprentis de passer la frontière, nous aurions voulu développer une plate-forme (base de données d'entreprises prêtes à effectuer des échanges d'apprentis). Mais nous n'y sommes pas parvenus. » La validation de la formation par une certification européenne a elle aussi été hors de portée. En revanche, les échanges entre les partenaires se sont bien développés. « Dans le cadre de la labellisation EcoJardin sur notre site, notre équipe pédagogique et technique a visité l'EMTN et le jardin botanique de Neuchâtel. Ainsi, les deux établissements planchent sur les moyens de trouver des prolongements. Dans un contexte d'enseignement qui a changé : le lancement, en 2014, du plan "Enseigner à produire autrement" a introduit le développement durable dans la formation initiale... Le projet a aussi généré des échanges entre professionnels de l'Unep et JardinSuisse, impliqués dans sa création, et pour le colloque de clôture, en février 2015, à Cernier », constate Bertrand Schmieden.

Par ailleurs, il existe des deux côtés de la frontière des besoins en animation, communication auprès du grand public en recherche de nature, face aux changements induits par les pratiques durables. « Cela touche la gestion des jardins urbains, où les jardiniers des collectivités sont les premiers ambassadeurs auprès des habitants. Les milieux sensibles à la campagne sont également concernés : savoir créer des événements et communiquer pour sensibiliser le public deviennent des compétences nécessaires. Sur le thème de l'agriculture et des jardins urbains, nous avons déposé un projet qui n'a pas pu aboutir faute de financements. Avec l'EMTN et deux nouveaux partenaires - le Centre de formation neuchâtelois pour adultes (Cefna) et Grangeneuve, Institut agricole de l'État de Fribourg - nous envisageons, hors du cadre Interreg, une formation commune et des financements par des collectivités et partenaires », poursuit le directeur du CFPPA de Valdoie.

Catherine Regnard

La thématique de l'eau, importante car elle représente un élément sensible du milieu, a fait l'objet d'un module sur la phytoépuration.

PHOTO : LUCAS MENOTTI

Au micro, Bertrand Schmieden, directeur du CFPPA de Valdoie, a conclu le projet Interreg lors du colloque franco-suisse en février 2015. À ses côtés, Édouard Jeanloz, formateur à l'EMTN de Cernier, et responsable du jardin botanique de Neuchâtel.

PHOTO : EPLEFPA DE VALDOIE

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