Phytos : des vêtements de protection encore peu utilisés
Selon une enquête menée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, le port de combinaison de travail n'est toujours pas généralisé. Les exploitants interrogés déclarent avoir conscience d'être exposés par voie cutanée principalement, surtout depuis leur participation à la formation Certiphyto.
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Le 22 octobre dernier, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) a rendu un avis relatif à l'efficacité des vêtements de protection portés par les applicateurs de produits phytosanitaires. Afin de mieux connaître leurs habitudes, une enquête téléphonique a tout d'abord été menée auprès de 1 356 agriculteurs suivie d'une autre sur le terrain auprès de 100 exploitants qui déclaraient porter des EPI (équipements de protection individuelle) ou des vêtements de travail (voir l'encadré sur les différents classements).
EPI à usage unique réutilisé
Les exploitants interrogés déclarent avoir conscience d'être exposés par voie cutanée principalement, ce qui les conduit à porter des vêtements de protection. Cette prise de conscience s'est accrue, selon eux, depuis leur participation à la formation Certiphyto. Ainsi, leurs principaux critères de choix des EPI sont la nécessité de se protéger à 47 %, puis viennent notamment la disponibilité chez le distributeur (38 %) et le prix des équipements (28 %). Il ressort que les agriculteurs portent à 52 % des combinaisons de protection cutanée de catégorie III et de type 5/6 pour préparer la bouillie. Le confort de cette combinaison, estimé comme moyen par les agriculteurs interrogés, est en effet supérieur à celles de type 4/5/6 (faible) et de type 3/4/5/6 (très faible). L'étude montre que plus le niveau de protection contre le risque chimique est élevé, et moins l'agriculteur porte l'équipement en raison de son inconfort thermique. Le port d'un tablier de protection se développe par ailleurs, compte tenu d'une utilisation jugée plus pratique et d'un bon confort.
Concernant les autres phases d'utilisation des pesticides, comme l'application de produits phytosanitaires ou le nettoyage, l'enquête indique que le port de protection décroît lorsque les utilisateurs appliquent les produits avec un pulvérisateur. Dans ce cas, le vêtement de travail est porté par 76 % des agriculteurs. Les exploitants observés sur le terrain indiquent quant à eux à 72 % porter ce vêtement comme une « seconde peau », mais l'enlèvent lorsqu'il fait chaud. Pour le nettoyage du matériel, le ciré par-dessus le vêtement de travail ou une combinaison de protection sont privilégiés.
Autres éléments mis en évidence par l'étude : 57 % d'exploitants utilisent des combinaisons à usage unique et très peu les jettent en fin de journée. Quarante-huit pour cent des agriculteurs rencontrés déclarent nettoyer régulièrement leur équipement de protection. De plus, le port de protection diminue au cours de la journée. Et seuls 18 % d'entre eux maintiennent une protection adéquate en continu au cours de la journée de travail.
Performances testées
Des tests de performance ont également été conduits sur les combinaisons de travail et les EPI les plus commercialisés en France. Les résultats montrent notamment qu'il existe des EPI disponibles sur le marché qui apportent un haut niveau de performance tant à la pénétration qu'à la perméation. « Il faudrait toutefois élaborer des règles précises en termes de lavage et d'entretien de ces vêtements », estime l'Anses.
Les vêtements de travail dans des situations d'exposition faible paraissent plus « confortables », mais les résultats de tests en laboratoire montrent que les niveaux de performance sont variables d'un produit à l'autre. Il ressort toutefois que lorsque ces vêtements de travail sont traités avec un déperlant, les pourcentages de pénétration sont plus faibles. Mais après plusieurs lavages et séchages, la pénétration du produit tend malgré tout à augmenter. L'Anses insiste en conséquence sur les efforts à accomplir : « Le constat en ce qui concerne le port des EPI doit conduire à renforcer dans des délais courts les mesures de sensibilisation et de formation des opérateurs lors de l'utilisation des produits phytosanitaires. » De plus, l'Agence recommande de poursuivre les travaux de normalisation pour aboutir à une certification systématique des vêtements de travail et des EPI. Elle souhaite que les fabricants informent les utilisateurs des performances de leurs équipements en fonction des usages, mais aussi de leur entretien (lavage, stockage, réutilisation). Au final, l'Anses ambitionne de rendre possible pour chaque agriculteur d'adapter son choix d'EPI aux risques à prévenir et donc à l'activité à effectuer.
Céline Fricotté
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