Éducateur technique, il accompagne des personnes handicapées
PARCOURS. Depuis 22 ans, Jean-Luc Valot transmet ses connaissances en horticulture aux jeunes d'un Institut médico-éducatif du Calvados, en vue de leur professionnalisation. Certains trouveront des emplois dans les espaces verts, en milieu protégé ou ordinaire...
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« Un éducateur technique spécialisé (ETS) est un travailleur social qui contribue à l'intégration sociale et à l'insertion professionnelle de personnes handicapées ou en difficulté. Il met en place un accompagnement professionnel, éducatif et social en s'appuyant principalement sur l'organisation d'activités techniques et la mise en oeuvre de projets de formation adaptée », rappelle Jean-Luc Valot, qui occupe cette fonction dans le secteur horticole. « Ce sont des professionnels qui se sont reconvertis, au terme d'une formation complémentaire, dans le secteur médico-social. »
Titulaire de deux BTS en horticulture, Jean-Luc Valot a travaillé en entreprise durant cinq ans, puis au sein d'un Établissement et service d'aide par le travail (ESAT) pendant six ans. En 1992, il a rejoint l'Institut médico-éducatif (IME) Le Prieuré, géré par l'association des Amis de Jean Bosco, à Saint-Vigor-le-Grand, près de Bayeux (14), où il a créé un atelier d'horticulture. « J'ai toujours eu une passion pour l'horticulture. Mon père et mon grand-père avaient un jardin situé près d'un hôpital psychiatrique. Quant à ma mère, elle était assistante sociale et c'est elle qui m'avait parlé de cette possibilité. » Pour mener à bien son projet, Jean-Luc Valot a suivi une formation de trois ans en alternance et a obtenu, en 1997, un diplôme sanctionné par un inspecteur de l'Éducation nationale, un directeur d'IME et un ETS. Mais l'apprentissage n'est jamais terminé : chaque jeune demande une approche personnalisée et l'arrivée de nouvelles pathologies, comme l'autisme, exigent une formation continue.
Une sensibilisation progressive
Au Prieuré, les plus jeunes viennent en classe découverte trois heures par semaine, par petits groupes car les parcours sont individualisés. Une partie importante du travail d'éducateur consiste d'ailleurs à écrire des bilans, discutés en équipe pour déterminer les objectifs de chacun. « Entre 12 et 14 ans, ça commence par une découverte de l'environnement. On peut aborder les insectes, les oiseaux, la lune ou les minéraux en lien avec les enseignantes. Avec les 14-17 ans, nous étudions les sciences de la vie de la terre (SVT) et je commence la sensibilisation à des techniques professionnelles comme les règles de sécurité. Du pré-professionnel, on passe au professionnel. » Dans un IME, les disciplines doivent être actives, différenciées et concrètes. Jean-Luc Valot a d'ailleurs équipé les postes informatiques de microscopes et de loupes binoculaires dont les images sont retransmises sur un grand écran. Les plus grands sont, quant à eux, responsables de l'entretien de certaines parties du parc de 3,5 hectares autour de l'établissement ou du jardin qu'ils ont créé dans la maison de retraite installée sur les lieux. Les jeunes et les personnes âgées travaillent parfois côte à côte. Quelques élèves font également des stages à l'extérieur. Dans ce cadre, la production devient un objectif professionnel. « Mais pas le rendement », précise Jean-Luc Valot, qui souligne qu'un IME n'est pas un centre de formation classique. Et certains poursuivent leurs études dans des établissements horticoles ou des CFA. « Notre rôle est de transmettre des connaissances et de les préparer à devenir acteurs de leur vie future. » Dans son atelier, les jeunes sont conscients de suivre un cheminement. À 16 ans, ils peuvent conduire le tracteur et à 18 ans se servir de la tronçonneuse. Ils savent qu'un jour, ils quitteront le cocon de l'IME. « Notre institution est thérapeutique. Nous sommes là pour armer ces personnes, en faire des adultes et des citoyens qui pourront vivre pleinement. Nous sommes là pour les motiver à partir de leurs objectifs et de leurs savoirs différents », conclut Pierre Luisetti, le directeur-adjoint de l'IME Le Prieuré. Après l'univers familier de l'institut, où les jeunes ont formé des liens au fil des années, le monde adulte peut être agressif. Parmi les outils à la disposition des équipes, l'atelier d'horticulture est particulièrement prisé. Attirant, visible à travers les machines et les résultats, il crée l'envie.
Isabelle Boucq
2. À l'occasion d'un chantier d'abattage, opérer avec des engins de plus en plus complexes est un rite de passage pour les élèves et l'une des raisons qui rend l'atelier d'horticulture particulièrement attractif. PHOTO : JEAN-LUC VALOT
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