Recherche d’emploi : se préparer dès la formation
Le lycée agricole « Les Sillons de Haute Alsace », à Rouffach (68), organise chaque année un jobdating interne à l’école. C’est l’occasion pour les apprenants de penser métier, compétences, international… et de se confronter à des professionnels volontaires.
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Depuis 2005, l’EPLEFPA* de Rouffach (68) propose à ses étudiants en BTSA première année de travailler sur leur CV et leurs lettres de motivation. Depuis 2011, l’établissement aide également les deuxième année à se préparer aux entretiens de recrutement, notamment via un jobdating, en mars. Comment donner du sens et de l’intérêt à ces deux apprentissages, non évalués par une note mais concernant directement leur projet professionnel ? Et comment leur accorder du crédit ? Grâce à un interlocuteur « métier » reconnu.
« Dès les premiers entretiens, il est ressorti que des professionnels seraient plus légitimes, aux yeux des étudiants, que nous, enseignants, concernant les connaissances “métier” et “mission” dans les filières de la viticulture, de la commercialisation des vins et spiritueux, ainsi que pour les termes techniques en langue étrangère, évoque Nathalie Thomas-Hiffler, professeure de français et de philosophie au lycée de Rouffach. J’ai assisté à des jobdatings de Pôle emploi et j’ai adopté la formule. Le défi est, chaque fois, de trouver assez de professionnels disponibles une demi-journée pour jouer le rôle de recruteurs. »
Producteurs, œnologues, conseillers, brand ambassador, commerciaux, responsables de magasin ou de rayon, cavistes, mais aussi responsable RH d’une coopérative locale, anciens élèves... sont sollicités en fonction des demandes des BTS. Dans chaque promotion, cinq à huit étudiants (sur une quarantaine) envisagent un parcours à l’étranger. Deux enseignants en langues vivantes et des professionnels en activité (dont l’un en Allemagne) font passer ces entretiens spécifiques.
Valoriser son expérience
Les apprenants ne sont pas, de prime abord, très motivés. « Mais souvent le déclic vient après le stage obligatoire : ils ont pu mesurer l’intérêt de développer des compétences linguistiques, de comprendre les attentes et de savoir bien valoriser leur expérience auprès d’un employeur. Depuis que les entretiens se déroulent avec des professionnels, les retours sont 100 % positifs », constate l’enseignante. Ce contact en face à face, sur la base d’annonces réelles, donne confiance et les prépare ainsi à leur sortie vers leur début de carrière**. À l’issue du jobdating qui s’est tenu en 2018, les étudiants assurent avoir appris à gérer le stress, à échanger avec des pros, à repérer leurs compétences, à estimer leurs potentialités, à travailler leur argumentaire… Il leur faut souvent mieux se renseigner sur l’entreprise et le type de poste, oser parler salaire, bien sélectionner le rendez-vous, être plus dynamiques... Ils apprécient d’avoir pu discuter du métier. »
Pour les professionnels, cette introduction annuelle dans une école permet une rencontre avec nombre de candidats en un minimum de temps. Elle leur donne une visibilité dans la presse locale, permet de se créer une base de CV…
L’école termine la matinée de jobdating par une dégustation de vins du domaine (présentés par deux étudiants volontaires, un autre entraînement in situ) et un repas.
Un modèle à reproduire
Ces démarches entrent dans le cadre d’un « M11 » ou « module d’accompagnement personnalisé au projet personnel et professionnel de l’élève ». Le jobdating apporte une évaluation sur le sérieux, l’implication dans le projet professionnel. Cette initiative pourrait judicieusement être transposée aux formations en horticulture ornementale.
Odile Maillard
*Établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole.
**En général, la moitié des élèves poursuivent vers une licence, l’autre allant chercher du travail.
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