Compagnon en art des jardins, Meilleur Ouvrier de France

En mai 2019, à 31 ans, Maxime Bougain a obtenu avec 18/20 le prestigieux titre « Un des Meilleurs Ouvriers de France (MOF)­ ». Le jardin à réaliser pour le concours du MOF, à bâtir entièrement, a été installé au bord d’un chemin de Compostelle, à l’entrée­ d’Angle vert paysage, entreprise de Bail­largues (34), dans laquelle il est concepteur et chargé d’af­faires. « Je ne pensais pas avoir mon titre­ du premier coup », relate modestement le paysa­giste, pour qui cette œuvre a représenté plus d’une année intense de travail, week-ends et épisodes cévenols compris ! »

Le jardin « Occi-Time »

Cette compétition est vraiment exigeante. Les candidats de l’édition 2019 devaient « respecter le patrimoine régional ». Maxime a voulu montrer que « dans un jardin d’Occitanie, on se sent bien. Avec les végétaux méditerranéens, des pierres­ de Pompignan (82) et des Cévennes toutes proches, les poteries traditionnelles (Ravel et Oya). L’eau, élément principal, est incontournable, surtout dans le Sud. Sans oublier un respect de l’écologie, une attractivité à chaque saison et une insertion dans le paysage environnant… Dans notre métier, l’écologie prend de l’importance. J’ai eu recours à du paillage en broyat de bois, installé des nichoirs… ». Les 250 m² de dallages et pavages, plus de 8 m de mur en pierre, 240 végétaux, trois fa­çades à orner donnent une idée de l’ampleur des travaux. Le jardin sera encore plus majestueux à maturité, dans deux à trois ans. Une serre glo­riette, servant de showroom, respecte la commande initiale des deux clients du site (Angle vert et Orphis by Lalanne) d’un « jardin occitan d’inspiration anglaise », d’où le nom « Occi-Time ».

Un énorme projet pour un diplôme officiel

Le concours est très professionnel et le diplôme d’État (de niveau III) reconnu. Mieux vaut avoir bien pratiqué avant, être au point techniquement pour de nombreuses étapes, s’organiser et être créatif. D’autant que le jury national (des jardiniers, des compétences en jardins historiques, un représentant de l’État...) se déplace deux fois lors des travaux et pour la notation fi­nale ! En plus du dossier de recherche de mécénat en amont, il faut rendre, tous les mois, un rapport sur l’avancée du projet. Ainsi qu’à l’échéance, un dossier complet de conception, argumenté, avec plans et dessins, explicitant les diverses étapes et les contraintes, justifiant les choix. Un investissement personnel énorme !

Maxime a dû aussi chiffrer tous les éléments de son jardin, estimé à environ 30 000 euros, pour moitié financé par des mécènes, l’autre moitié par Angle vert pour laquelle il sert désormais de belle vitrine des savoir-faire en art des jardins. Au-delà de l’investissement en temps et financier, la création et la réalisation « ont été l’occasion de multiples rencontres », avec des horticulteurs et pépiniéristes, fournisseurs de matériaux et gazon, pisciculteurs, associations, soit vingt-deux partenaires. « Autant d’échanges enrichissants sans lesquels un jardin n’est rien. » Sans oublier l’innovation (briques Diabolo de Terréal*...).

Cette œuvre pour le concours du MOF a été encore plus complète grâce à ses douze années de parcours et de responsabilités durant son tour de France chez les Compagnons du Devoir.

Ultime récompense, le 13 mai, à la Sorbonne, à Paris, en présence du président de la République, avec deux autres lauréats en art des jardins : Nicolas Blot et Sébastien Tillier. Chacun est ainsi devenu ambassadeur de l’excellence à la française. Maxime Bougain s’investit dans nombre d’activités professionnelles (confé­rences, ju­ry, formations...). De plus en plus demandé, il crée actuellement MAB Compétences, une structure pour financer et formaliser ses actions de communication sur tous ses métiers… en plus de son travail de jardinier-concepteur paysagiste.

* https://tinyurl.com/uxbfmvy

Plus sur : https://tinyurl.com/vznf8b4 (été-automne 2018).