Du vin au Web pour le jardin

«En France, le lien ne se fait pas bien entre ceux qui ont de l’information et ceux qui en ont besoin », constate Arnaud Dugast, qui a lancé en 2020 l’application Platform.Garden. L’ambition : être une source de données phytosanitaires­ pour les professionnels des Jevi (jardins, espaces verts et infrastructures) et d’échanges la plus accessible possible.

Rien ne destinait, au départ, cet entrepreneur à un parcours dans l’univers de l’horticulture et du paysage. Après des études dans l’œnologie et la viticulture, il enchaîne d’abord quelques expériences dans le milieu du vin, avant d’être embauché chez Sitoflor, une société spécialisée alors dans les gazons de placage. « Le hasard de la vie a changé mon secteur d’activité, mais j’ai toujours gardé un pied dans la terre et un autre dans le commerce », remarque-t-il. Embauché au départ en tant que directeur commercial, il rachète la société­ deux ans après et diversifie l’offre. Une nouvelle marque est déployée : CoverGarden.

Des conseils à la portée de tous

« Nous étions régulièrement confrontés à des demandes à la fois d’amateurs et de professionnels pour l’entretien des gazons », explique-t-il. L’idée de développer des conseils à la portée de tous a fait son chemin. Pour offrir des recommandations simples, au bon moment et à la bonne personne, le chef d’entreprise décide de miser sur le numérique. Dans un premier temps, l’application 100 % gazon voit le jour. « Nous avons vite arrêté­ pour sortir du gazon et nous diversifier dans les espaces verts », commente-t-il. L’application Platform.Garden a alors pris le relais.

Avec l’abandon d’une partie des Bulletins de santé du végétal (BSV) Jevi depuis 2018, les professionnels des espaces verts ont plus que jamais besoin­ d’une veille sanitaire afin d’adapter les pratiques et l’entretien. À destination des paysagistes, des collectivités, des professionnels de terrains de sport, mais aussi des fournisseurs et des distributeurs, l’application est téléchargeable sur téléphone. Son objectif, à terme, est de restituer la capacité de produire de l’information des BSV, mais de manière plus accessible.

Si cette plateforme cible le marché professionnel, la société planche aussi sur le développement d’une application dédiée aux amateurs, baptisée Myapp.Garden. Son lancement est prévu pour le 21 mars 2021, jour du printemps. Elle guidera les amateurs dans l’entretien de leur jardin et un catalogue­ devrait permettre de trouver un paysagiste, créant ainsi un pont entre les deux applications de l’entreprise.

Développer les « data végétales »

S’il consacre une majorité de son temps au développement des plateformes, le dirigeant continue de développer sa société CoverGarden. « J’ai la chance d’avoir une entreprise solide et des collaborateurs en qui j’ai une entière confiance », apprécie-t-il. Sans quoi, il ne pourrait certainement pas se permettre de consacrer son énergie et son temps à un projet qui ne rapporte pour l’instant pas d’argent. Il est convaincu qu’il reste encore des pans entiers de business et de savoirs dans lesquels les Gafam* ne sont pas leaders. « Nous avons en France et en Europe une connaissance extraordinaire de la nature, des végétaux et des espaces verts… Ne peut-on pas rêver de devenir les rois des data végétales ? […] J’aime penser qu’en France, on peut innover. Un ‘Waze** du jardin’, ça n’existe nulle part ailleurs », souligne l’entrepreneur. Il espère pouvoir convaincre rapidement la filière de l’utilité de ce projet.

Ses applications, si elles trouvent leur communauté, pourraient permettre de diversifier le suivi phytosanitaire des espaces verts, qui est à l’heure actuelle très parcellaire.

*Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.

**Application mobile qui propose un service de navigation assistée par GPS.