Un trait breton pour coéquipier
Céline Kernevé travaille en binôme au sein de la direction des jardins et de la biodiversité de Rennes (35) avec une aide bien particulière, une jument prénommée Éclipse.
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«Avec un cheval de trait, rien ne sert d’utiliser sa force, il faut surtout savoir garder son calme et être bien concentrée », explique d’emblée
Depuis 2015, elle travaille au sein de l’équipe en charge de l’entretien du plus grand espace vert de Rennes (35), le parc des Gayeulles, une surface boisée d’une centaine d’hectares accueillant de nombreuses activités de loisirs. Il reçoit les résidents du quartier, constitué d’habitats sociaux à proximité, mais aussi bon nombre de visiteurs de la métropole bretonne et d’ailleurs. Au sein de cette équipe de neuf jardiniers, deux postes sont dédiés au travail avec un cheval de race trait breton. « Je suis cavalière depuis ma plus tendre enfance. De ce fait, lorsque ce poste s’est libéré et qu’il m’a été proposé, j’ai saisi l’opportunité. » Elle n’a jamais côtoyé de cheval de trait, mais sa pratique du travail à pied avec les chevaux qu’elle a eue depuis l’âge de 20 ans constitue une bonne base. La Ville de Rennes lui propose de suivre une formation d’attelage, complémentaire de son expérience de cavalière. Pour le reste, Céline aime à dire que c’est Touzic, le premier cheval avec qui elle a travaillé – officiant déjà depuis plusieurs années lors de son arrivée –qui lui a tout appris.
Un créateur de lien social
La présence d’un cheval au sein de l’équipe des Gayeulles remonte à une trentaine d’années. Du printemps au début de l’automne, il est utilisé chaque jour pour le ramassage des poubelles du parc. À l’automne, les feuilles mortes prennent le relais et, en hiver, le cheval intervient après le passage de l’équipe d’élagage pour le débardage des grumes vers les chemins carrossables ou encore pour le transport des broyats de branches vers les massifs du parc. Le recours à l’animal a l’avantage d’éviter les risques de compactage des sols par les engins forestiers.
« Au-delà de ses missions techniques, il est surtout un vecteur de lien social. Il suscite aussi bien l’intérêt des anciens, issus du monde rural, que des plus jeunes dont certains n’ont jamais vu de près cet équidé qui impose par sa stature. Les échanges avec le public sont l’occasion de faire passer des messages », souligne Céline. Mathieu Arrachart l’a rejointe il y a un an et demi pour remplacer la deuxième personne de cette unité. En effet, les jardiniers travaillent toujours à deux, afin que le cheval soit toujours surveillé par un agent, notamment lorsqu’il n’est pas possible de l’attacher. En présence d’un public nombreux dans le parc, il ne faut prendre aucun risque.
Une leçon d’humilité
« Mathieu n’était pas du tout prédestiné pour ce poste, car à la base il a assez peur des chevaux. Mais lorsqu’il a fallu trouver un nouveau candidat pour m’accompagner, je l’ai choisi car son appréhension – qu’il arrive à bien maîtriser – est en fait une qualité : elle lui permet de rester tout le temps vigilant. Par ailleurs, son naturel calme est un atout indispensable pour travailler avec un cheval, surtout avec Éclipse, la jument de 4 ans qui a remplacé Touzic. Elle est bien plus réactive et craintive que son prédécesseur. Il faut vraiment garder son sang-froid et anticiper toutes les situations. »
Les qualités d’écoute, de bienveillance et de patience au contact des chevaux et du public sont sans nul doute des compétences qui serviront à Céline Kernevé et son collègue dans la poursuite de leur métier.
Yaël HaddadPour accéder à l'ensembles nos offres :