ESA : le label EcoJardin fait évoluer la pédagogie
La labellisation EcoJardin du parc de l’École supérieure d’agricultures d’Angers (49) en 2019 a découlé d’une dynamique collective des enseignants en paysage. Elle appuie leur façon d’enseigner tout en renforçant la visibilité de l’école d’ingénieurs.
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Al’ESA, l’école supérieure d’agricultures d’Angers (49), l’enseignement paysager s’organise au sein du département Environnement, végétal et cadre de vie. L’établissement, fondé en 1898, est installé au milieu d’un parc à l’anglaise classique qui a toujours été utilisé pour les formations (reconnaissance des végétaux, topographie…). Le parcours entrepris pour la labellisation EcoJardin, obtenue en 2019, et les enseignements paysagers se sont imbriqués dans le quotidien des enseignants et des formateurs, impliqués de longue date dans sa gestion.
Initier à l’écoconception
Une étape majeure a été la rédaction d’un plan de gestion écologique du paysage par les BTS aménagements paysagers (AP). Il définissait les techniques durables (critères de gestion différenciée et critères sociaux) pour le cahier des charges destiné au prestataire de l’entretien du parc : Verthème, à Saint-Léger-des-Bois (49).
David Croissant, responsable du département, et Marc Bidet, responsable de la formation BTS AP à distance (via le Cerca (1)), reviennent sur la genèse de la labellisation. « Après l’inventaire de la végétation spontanée réalisé par les enseignants chercheurs et les formateurs, avec l’appui des étudiants, un virage était à prendre. Nous étions plusieurs à être convaincus que le label pourrait faire avancer l’écoconception dans notre parc. »
Structurer la démarche
« L’ESA était en phase avec le cahier des charges écoresponsable d’EcoJardin, qui, de plus, correspond à notre mission de formation permanente, à la fois des étudiants et des collègues (par exemple pour la sensibilisation au génie écologique) », poursuivent-ils.
La composition du parc à l’anglaise idéalisé du xixe siècle avait évolué au fil des décennies et accueillait, entre autres, une gamme très horticole. Cet inventaire floristique a appuyé le « carnet d’intentions paysagères » rédigé par les étudiants de la licence professionnelle AP. Ce document, qui rassemblait des données à la fois scientifiques et techniques ,a posé les bases d’une nouvelle composition du parc.
La pédagogie fait partie du label
« Le label EcoJardin donne de la visibilité aux formations en paysage à l’ESA », estime Stéphane Mallard, responsable de la licence pro AP par apprentissage, initialement paysagiste de terrain. « L’idéal était de faire travailler ces étudiants sur le montage du dossier. La pédagogie fait partie du label ! » Deux groupes ont été constitués sur la base des deux options du module « mise en situation professionnelle » correspondant aux finalités des métiers (la conception, la mise en œuvre).
L’enseignant a piloté le groupe « Infographie », qui a rédigé le carnet d’intentions paysagères. « Même si les critères de labellisation sont plus écologiques que paysagers, il était important de poser l’évolution du parc et de l’ensemble du site, les actions et les aménagements envisagés. Nous étions partis avec l’idée d’un espace un peu hybride, très partitionné. Il fallait accepter une flore spontanée plus attractive pour la faune sauvage, par exemple avec l’installation de différentes strates, travailler sur les transitions herbacées, une dimension florale. »
Le groupe « Conduite de chantiers », piloté par Marc Livet, s’est penché sur l’inventaire, inscrit dans une base de données non figée qui permettra de faire le suivi de la faune et de la flore. Il a aussi effectué des carottages du sol. « En fait, nous sommes allés au-delà des exigences du label en réalisant un travail de fond et en imaginant des actions fortes », revendique Stéphane Mallard.
Partage et valorisation
Le parc de l’ESA doit avoir une mission d’éveil, d’ouverture des consciences, pour le personnel, pour les étudiants et pour les riverains ou usagers potentiels. La situation géographique de l’établissement est à l’interface de la ville et de la campagne. Cet îlot de verdure public d’Angers sert à mettre en valeur l’école. Reste à affiner les modalités d’accès.
« Nous ne pouvions pas ne pas être présents avec cette vitrine pédagogique. La gestion écologique bouleverse l’héritage de ce que doit être un paysage. Le partage, la communication en sont la clé de voûte. Il faut sensibiliser tous les acteurs de l’ESA, les engager en mode projet (2) », concluent les enseignants.
Isabelle Horta(1) Cerca : centre de formations agricoles à distance.
(2) Le mode projet (ou méthode de travail en gestion de projets) : l’équipe fonctionne de manière collaborative et transverse. Le management est plus horizontal pour davantage de fluidité. Tout le monde connaît son rôle et ses responsabilités.
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