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Tepik : la reco avec un outil numérique trois-en-un

Ce projet de test sur la connaissance et la reconnaissance des plantes porté par l’institut Agro Rennes-Angers (campus d’Angers) passera un cap en 2022, avec une première session officielle à la fin de l’année. Cet outil d’apprentissage sera utile pour tous, en formation et tout au long de la vie...

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Lancé fin 2018, le projet Tepik (Test of plant identification and knowledge), sur la connaissance et la reconnaissance des plantes porté par l’institut Agro Rennes-Angers (campus d’Angers)*, approche de la finalisation, avec une phase test de la version Bêta au second semestre 2022 et une première session officielle en fin d’année. Celle-ci se déroulera uniquement avec une sélection d’apprenants des lycées partenaires du projet, ainsi que des « testeurs entreprises ». Elle conduira au lancement de l’outil à l’échelon national début 2023.

Depuis plusieurs années, un leitmotiv revient chez les professionnels de l’horticulture et du paysage : « La connaissance des végétaux est insuffisante chez nombre d’apprenants et jeunes arrivant sur le marché du travail, quel que soit le niveau. Et lors des phases de recrutement, il n’est pas aisé de repérer ceux qui ont de bonnes compétences. Pourtant, ce savoir sur le végétal est au cœur des métiers de la filière ! »

Certes, les concours régionaux et nationaux de reconnaissance des végétaux, mis en place depuis 2011, ont contribué à raviver l’intérêt pour ce domaine. Mais force est de constater qu’il subsiste encore une marge de progression pour aboutir à un niveau correspondant aux attentes des professionnels.

En outre, les outils à disposition des enseignants ne sont pas en phase avec la révolution numé­rique actuelle et les nouvelles habitudes des apprenants.

Valoriser et renforcer les connaissances sur le végétal

C’est dans ce contexte que le défi de créer l’outil de test Tepik sur la connaissance et la reconnais­sance des plantes a été lancé, à l’image du TOEIC qui atteste un niveau d’anglais. Ce dernier est devenu un passage obligé pour l’obtention de nombreux diplômes du supérieur.

« L’objectif de Tepik est multiple. Il s’agit de proposer un outil permettant d’évaluer un niveau de compétences dans le domaine des végétaux (reconnaissance et connaissance des contraintes de développement, usages…), mais pas seulement », précise Valéry Malécot, enseignant-chercheur à l’institut Agro Rennes-Angers et chef de projet Tepik. Au-delà du test, délivrant un score à un instant « t », l’outil servira d’appui pédagogique pour les enseignants et les entreprises, en renforçant l’intérêt pour l’acquisition de connaissances sur le végétal.

Pour Isabelle Favé, enseignante en sciences et techniques horticoles au lycée de l’Aulne, à Châteaulin (29), et membre de plusieurs groupes de travail et du comité de pilotage (Copil) du projet, l’atout de Tepik « est avant tout de valider et de valoriser un niveau de connaissance du végétal qui n’est plus visible en tant que tel dans les diplômes aujourd’hui. C’est aussi un outil d’apprentissage où chacun progressera à son rythme. Il ne remplace pas mais complète la formation de terrain (in situ ou en cours avec des végétaux frais), indispensable pour appréhender les plantes vivantes avec tous ses sens ».

Jean-Pierre Farineau, gérant de l’entreprise Jardins du Baugeois, à Baugé-en-Anjou (49), qui est membre du conseil administratif national de l’Unep (Union nationale des entreprises du paysage) et du conseil administratif de l’Eplefpa Angers Le Fresne, président du conseil du CFPPA, membre du Copil et de groupes de travail, apporte le regard d’un professionnel sur les atouts pluriels du Tepik.

En premier lieu, il permettrait une évaluation neutre et efficace pour le recrutement des salariés : « La valorisation des connaissances sur le végétal pourrait conduire à une différenciation sur le salaire et faciliter le recrutement de personnes compétentes et motivées, car on constate que plus les personnes ont un niveau élevé dans ce domaine, plus elles s’investissent personnellement à ce sujet et plus elles sont des éléments moteurs pour l’entreprise. »

Au-delà, Tepik pourrait être utilisé dans le cadre des appels d’offres publics comme privés, en tant que critère de sélection sur les compétences concernant les végétaux. « Par exemple, on pourrait imaginer que le donneur d’ordre puisse demander la moyenne des scores obtenus pour une proportion donnée de salariés de l’entreprise. »

Pour les collectivités territoriales, Tepik constituerait un indicateur fiable du niveau de connaissance et donc de l’adéquation avec les besoins de l’emploi. Il pourrait aussi faciliter la réponse à un besoin spécifique pour la gestion d’espaces naturels, de zones humides ou du patrimoine arboré, par exemple…

Enfin, Tepik pourrait être utilisé comme un outil de management interne pour aider à l’amélioration continue des connaissances tout au long de la vie professionnelle, quel que soit le niveau. Il constutuerait également un atout pour communiquer à l’adresse des clients et leur donner confiance dans les propositions apportées par l’entreprise sur le choix des végétaux.

Un apprentissage progressif et continu, via les usages

Tepik s’articulera ainsi autour de trois axes distincts. Outre le test à proprement parler, il proposera deux autres options d’utilisation :

- un outil de préparation au test, pour s’entraîner et s’évaluer en conditions réelles ;

- un outil de formation. Ce dernier, utilisable par les enseignants ou en autoformation, permettra d’améliorer ses connaissances avec des exercices thématiques (tels que, par exemple, « Rosacées d’extérieur »), et selon différents niveaux de difficulté. Il favorisera ainsi un apprentissage progressif et continu.

Tepik sera accessible à tous les niveaux (du CAP à l’ingénieur) et proposera un test unique pour tous. Il offrira en complément la possibilité de connaître son niveau dans différents domaines. Plutôt que de distinguer horticulture/paysage/fleuristerie… le choix a été fait de proposer des sous-scores par usages : « plantes alimentaires », « ornement intérieur », « ornement extérieur », « plantes à usage industriel », « plantes spontanées ». Une approche jugée moins « clivante » que l’historique distinguo.

L’outil de référence qui se veut incontournable

La liste des espèces a été conçue à partir de deux bases de données : Floriscope pour les plantes d’ornement (pas moins de 1 500 taxons sélectionnés dans la base) et Tela Botanica pour les espèces sauvages (soit 1 400 taxons extraits).

Une mise à jour régulière et un enrichissement du fonds photographique sont prévus.

Le projet s’est appuyé sur les sciences participa­tives pour étiqueter (fleurs, rameaux, feuilles, écorces, plante entière, fruits) et sélectionner les photos de chaque végétal qui serviront pour l’identification.

L’important fonds iconographique retenu (près de 90 000 photos au total) est un moyen d’inciter à un apprentissage approfondi en toute saison et pour tous les éléments de la plante.

À noter : pour l’« examen », la sélection des végétaux proposés changera à chaque session mais cette liste sera la même pour tous ceux qui la passeront en même temps, quel que soit leur niveau ou leur spécialité, contrairement au concours de reconnaissance où le nombre d’espèces est différent selon le niveau (CAP, bac pro, BTS) et où ce n’est pas tout à fait la même liste entre production et paysage.

L’ambition pour Tepik est qu’il devienne un outil de référence. Tout comme il est nécessaire pour un professionnel de disposer de l’AIPR (autorisation d’intervention à proximité des réseaux) ou de certains Caces (certificats d’aptitude à la conduite en sécurité), ce sésame deviendra incontournable pour faire valoir de façon objective ses compétences.

Yaël Haddad

*Anciennement Agrocampus Ouest site d’Angers.

Pour en savoir plus : lire les articles de la rubrique « Végétal » du Lien horticole, mettant régulièrement en avant des végétaux inclus dans la base Tepik, en particulier cette année, pour le lancement officiel du projet.

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