« Nous voulons sensibiliser contre le suicide en agriculture »

Solène Mancel, Chloé Ponama, Pierre-Louis Gouedard, étudiants en BTS productions horticoles deuxième année à l’école de Saint-Ilan, à Langueux (22) travaillent sur un PIC (projet d’initia­tive de communication), module noté pour leur diplôme. Depuis octobre 2021, tous trois ont choisi un sujet très délicat pour leur âge : la prévention du suicide en milieu agricole. Enfants d’agriculteurs, ils se sont rendu compte des difficultés et du mal-être dans cette profession. Ils ont été touchés de près dans leur entourage.

« Notre crainte, c’est l’agribashing »

De par leur formation et leurs projets, ils s’intéressent surtout au maraîchage, mais ils se sentent concernés par l’agriculture en général. Solène Mancel explique : « Nous voulons parler du sui­cide car il ne faut pas que les jeunes en formation et les potentiels futurs agriculteurs s’installent avec la peur de ne pas réussir. Notre crainte, c’est l’agribashing, la mauvaise image de l’agricul­ture. » En quoi des jeunes de leur âge se sentiraient-ils concernés par leur communication ? « Nous n’abordons pas souvent ce volet social, mais nous nous posons des questions sur notre futur. Il est important d’en parler, en particulier à ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole. Il faut dire la réalité. Nous serons concernés à notre entrée dans la vie active. Nous voulons essayer d’apporter plusieurs stratégies pour prévenir et aider ceux qui font ou feront face à ce problème. »

Et qu’en est-il des risques à l’école ? : « Un autre groupe de notre classe a choisi, pour son PIC, de sensibiliser contre le harcèlement scolaire et les risques auprès d’une classe de quatrième de notre école. Une de nos enseignantes avait d’ailleurs participé à des formations pour détecter le mal-être des élèves. »

Une conférence organisée avec la chambre d’agriculture et la MSA

Pour concrétiser leur message de prévention, Solène, Chloé et Pierre-Louis travaillent sur un diaporama et une affiche, pour organiser une conférence*. Leurs publics cibles : des futurs installés, des jeunes de lycées agricoles environnants et de leur école, des enseignants, des exploitants et salariés, des retraités. Sans oublier différents partenaires et les médias locaux… Au programme de leur soirée : deux vidéos témoignages, pour ouvrir le débat. L’une a été réalisée en janvier dernier à Caden (56) par la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine et France 3. L’autre a été réalisée par le service de prévention suicide de la Mutualité sociale agricole des Côtes-d’Armor.

Cette préparation leur a fait rencontrer, sur le terrain, des personnes relais qui vont intervenir à leur soirée. Lydia Bouchet, conseillère en reconversion professionnelle, au service conseil entreprise, et André Corlay, responsable équipe conseil stratégique et entreprises en difficulté, tous deux à la chambre d’agriculture régionale. Marie-Annick Siméon, référente « mal-être et accès aux droits » à la MSA, aura des statistiques pour montrer que le sujet est bien réel. « Leur ser­vice a rencontré des agriculteurs en difficulté et ils aident des jeunes comme nous à se rendre compte de la situation », témoignent-ils.

La communication étant une des clés de succès dans un projet d’installation en agriculture, ces modules préparent ces BTS à savoir promouvoir leur travail, rédiger et finaliser des documents, contacter les médias, aller à la rencontre des structures professionnelles, participer à l’image des métiers et à la promotion des filières...

*Jeudi 31 mars, entre 20h30 et 21 h, à la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, à Plérin.