Login

Alain Divo, concepteurde l’écopâturage urbain

Né en banlieue parisienne, devenu écopaysagiste Desaj*, il met à disposition des animaux pour pâturer les espaces naturels et les parcs de collectivités. Un parcours de vrai apôtre de la biodiversité.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Il connaissait la ville, il a appris à connaître l’agriculture et les paysages. Ses objectifs : créer du lien entre monde rural et urbains, prouver qu’associer agriculture, écopay­sages et biodiversité faunistique et floris­tique…. c’est possible, et même nécessaire.

Dans les années soixante, Alain Divo, dans sa tour parisienne, découvre l’ornithologie et devient membre de la Ligue pour la protection des oiseaux. À 10 ans, des vacances dans une ferme du Haut-Doubs sont pour lui une révélation. « Les paysages, les vaches, les chèvres, le comté, le morbier... tout était émerveillement », se souvient-il. À Paris, il passe son temps « au Jardin des Plantes, au zoo de Vincennes » et se passionne pour l’éthologie, l’étude du comportement de l’homme ou de l’animal.

Un bac agricole

Il dévore les livres de Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Hubert Reeves, Francis Hallé... « Tous prônaient la même chose : le vivant ! » Il passe alors un bac agricole, près d’Évreux (27). « J’aurais ensuite souhaité reprendre une ferme, mais je n’ai pas pu. J’ai donc continué mes études à l’École supérieure d’architecture des jardins (Esaj) à Paris. » Cinq ans après, il est diplômé architecte-paysagiste et travaille pour le bureau d’études Signes d’Alain Cousseran. « Je réalisais des études d’impact sur la faune, la flore et les paysages avant et après l’implantation d’une autoroute ou d’un lotissement, pour l’intégrer au mieux au milieu... Je me suis rapidement aperçu qu’en faisant ça je “bousillais” tout ce que j’aimais. »

Il entre ensuite à la Compagnie générale des es­paces verts (CGEV) de Wissous (91). « J’ai travaillé pour le Parc Astérix (60), Disneyland Paris (77), le parc de Sceaux (92), de Versailles (78), mais je continuais à “tout flinguer”. »

En 1994, il crée sa propre entreprise, avec l’ idée de promouvoir des projets où l’équilibre entre agriculture, paysages et biodiversité est respecté, afin de préserver les espèces végétales et animales.

Des jardins privés aux espaces verts publics

« Les débuts ont été compliqués, personne ne croyait à cette façon de travailler. À l’époque, les secteurs agricole et paysager abîmaient tout. »

Pour vivre, il s’attelle donc à des chantiers haut de gamme en recréant de la biodiversité dans les jardins privés de célébrités telles que Brigitte Bardot, Guerlain, Buren... En parallèle, pour essaimer ses idées, il donne des cours à son ancienne école, l’Esaj, jusqu’à la fin des années 90.

En 2000, il achète quelques animaux de races en voie de disparition (moutons d’Ouessant et des Landes de Bretagne, chèvres des Fossés et petites vaches bretonnes pie noir, bleu et rouge). « La préservation de races domestiques à faible effectif restaure la biodiversité des espèces sauvages végétales et animales, explique Alain Divo. Je parlais beaucoup de ces bénéfices, je me devais de les prouver. » Peu à peu, il convainc quelques collectivités de mettre en place la gestion différenciée dans leurs espaces verts.

Il écrit aussi trois livres sur l’écopaysage, la restauration de la biodiversité, les techniques alternatives, anime une trentaine de conférences par an pour le secteur du paysage et forme les jardiniers. Il continue aussi à donner des cours aux étudiants de Tecomah, à Jouy-en-Josas (78), ou de l’université de Laval (53).

Aujourd’hui, ses 350 animaux pâturent 157 ha dans 73 communes franciliennes, de mars à novembre. Pour ne pas piétiner les sols, ils passent l’hiver dans sa ferme de Fontenay-lès-Briis (91). « On compte environ cinq espèces végétales dans un espace vert tondu une douzaine de fois par an, contre 40 à 50 dans la même par­celle gérée en écopâturage­, dont certaines sont protégées », af­firme-t-il.

Florence Mélix

*Desaj : diplômé de l’École supérieure d’architecture des jardins­.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement