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Agroécologie : de nouveaux besoins en compétences

Agrocampus Ouest a réuni en mars dernier un panel d’experts en visioconférence afin de dresser les profils attendus en matière de métiers émergents.

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Face aux évolutions de l’agriculture, en transition vers l’agroécologie, il est important que la gestion des compétences suive, et donc les formations adéquates. Alors, qui décèle les capacités à s’adapter aux changements et les besoins en ressources humaines ? Comment écoles, enseignants et apprenants préparent-ils les futurs professionnels à travailler autrement ? Les Rencontres du végétal, en distanciel les 30 et 31 mars derniers, sous la houlette d’Agrocampus Ouest, à Angers (49), ont illustré la richesse de toutes les expériences vécues.

Une cartographie des compétences

Chargée de projet européen et du tout jeune réseau mixte technologique RMT Naexus, Noémie Bernard-Le Gall a insisté sur le besoin de formation et d’échange entre les agriculteurs. Les nouvelles technologies réclament des connaissances toujours plus pointues. Est aussi identifié le besoin de conseillers experts, d’accompagnateurs spécialisés pour aider face aux nouveaux outils. Alors que propose ce réseau, labellisé en janvier 2021, comme solutions ?

Dédié à l’enseignement, à l’expérimentation et aux usages de l’agriculture numérique, RMT Naexus annonce un centre de ressources ouvert à tous, de la formation continue, une cartographie des nouvelles compétences. Parmi les projets figurent un index et un thésaurus spécialisés dans le numérique agricole, des stages et thèses, des documents pédagogiques, le référencement et la diffusion des actions de formation, la promotion des retours d’expérience sur les technologies et les métiers émergents. Un premier atelier a eu lieu le 4 mai dernier.

Armelle Lainé-Penel, d’Agrocampus Ouest, a confirmé l’utilité d’aller plus loin qu’avec un technicien pur. Chargée de pédagogie et spécialement de transition agroécologique, elle souhaite voir formalisé « un métier d’accompagnateur-formateur, capable de changements de posture et d’aider sur les nouveaux savoirs ».

Paul Colonna, de l’Inrae de Nantes (44), insistait : « Dans les formations, on aborde surtout la technique. Or il manque une “approche système” de l’environnement des nouvelles fi­lières ». Pour Florent de Salaberry, de la start-up Draw me a Garden, c’est « la pratique des expérimentations » qui fait défaut. « L’intérêt n’est que peu compris. »

Ver de terre production, à Breteuil-sur-Iton (27), s’est spécialisé dans les formations « en pratiques agroécologiques et agriculture des sols vivants », y compris les jardins maraîchers. Il s’investit dans la production de contenus variés et innovants (e-learning, Web, graphismes, fiches, ateliers numériques, classes virtuelles…). En quatre ans, plus de 800 heures de vidéos ont été réalisées, là aussi en réseau et avec des experts. En 2021, deux heures de nouveaux contenus doivent arriver chaque jour sur YouTube.

Enseigner à produire autrement

De son côté, l’enseignement s’est engagé dans l’évolution des compétences. Christian Peltier, coordonnateur et chargé de mission « pédagogie et didac­tique » à la Bergerie nationale de Rambouillet (78) pour le ministère de l’Agriculture, a longuement déroulé les étapes. À noter l’impulsion des ministres successifs pour l’objectif « Enseigner à produire autrement (EPA) », jusqu’en 2024 au moins. D’ici 2025, 100 % des référentiels des diplômes auront été rénovés, se focalisant sur les capacités à comparer, raisonner en situation et proposer des solutions. Au cœur des changements : la prise en compte de la transition agro­écologique, la préservation des sols, de l’eau et de la biodiversité. Depuis 2015, des financements Casdar spécifiques sont attribués. Christian Peltier a précisé que depuis cette date des enseignants, des chefs et porteurs de projets, des référents et des ingénieurs ont été missionnés. Des projets stratégiques « durabilité » sont mis en œuvre dans les établissemens. Le lycée horticole Terre d’horizon, de Romans-sur-Isère (26), a été cité en exemple.

Béatrice Degrange, chargée d’étude Eduter ingénierie à AgroSup Dijon, a dessiné les évolutions : « Face aux vrais défis à relever, une nouvelle ingénierie de la pédagogie se dessine, autour des notions de contexte et de prise de risque, d’enquêtes sur le territoire, de réseaux et de collectifs, de ressources communes à protéger. » Deux projets Erasmus sont même dédiés à l’agro­écologie. Elle rappelle que les expériences in situ, avec des pros, ont montré une grande diversité de conceptions proposées par les jeunes, capables d’imaginer, de débattre, par exemple en BTS ACSE (Analyse et conduite des systèmes d’exploitation) ou dans divers bac pro agri. La promotion du nouveau bac pro AP (aménagements paysagers) aux examens, cet été, va dévoiler si la transition agroécologique perce aussi dans ce domaine.

Odile Maillard

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