Écoles et professionnels :mêmes défis
En 2021 et 2022, le monde de l’enseignement se rapproche encore plus des acteurs des secteurs horticoles. Parmi tous les projets, les transitions agroécologiques, l’agriculture urbaine, les transferts d’innovations technologiques et l’appui à la pédagogie mobilisent de multiples enseignants, écoles et partenaires.
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Les cinquante-trois établissements publics et les vingt-trois lycées (ou fédérations) privés qui forment aux métiers des productions horticoles (tous végétaux spécialisés) sont représentés, au sein du ministère de l’Agriculture (DGER*), par le réseau thématique « Reso’them Hortipaysages ».
À l’heure de la rentrée, quelles sont les initiatives qui se préparent ou se poursuivent dans – et avec – les écoles ? Les actions et projets en commun passent par des conventions de partenariat, des appels pour financement, une serre high tech dernier cri, un concours de reconnaissance des végétaux et un nouvel outil Tepik (voir sur www.lienhorticole.fr), un agenda chargé en rencontres nationales et internationales… afin d’aider les futurs horticulteurs et paysagistes à mieux produire autrement, à innover, à s’ouvrir à de nouveaux métiers.
Agriculture urbaine et transitions agroécologiques
Un axe particulier se joue entre le réseau Hortipaysages, les écoles et leurs partenaires (ministère, l’institut technique Astredhor, le centre technique national sur les espaces verts et le paysage Plante & Cité…) autour de l’agroécologie et des transitions en cours « pour permettre l’émergence d’une vraie filière “agriculture urbaine’’ ». Celle-ci représente en effet un véritable creuset de potentiels nouveaux emplois, et même de métiers, de nouvelles activités et revenus pour ces futurs professionnels quand ils s’installeront. L’enjeu est important car les écosystèmes, très complexes, impliquent de multiplier les espaces et occasions d’échanges et de communication, d’autant que les attentes citoyennes sont manifestes. L’enseignement agricole est force de mobilisation et de propositions.
À titre d’exemples concrets, le lycée professionnel agricole du Grand-Blottereau et l’université de Nantes (44) ont créé, en 2019, le parcours « Agricultures urbaines et périurbaines », dans le cadre de la licence professionnelle « métiers de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme ».
En juin 2020, Horti-Pôle de Normandie a déposé un dossier de demande de subventions Casdar TAE auprès du ministère de l’Alimentation. Son projet Paysalim est porté par l’Eplefpa** Campus métiers nature de Coutances (50), en partenariat avec l’EPL** de Tours-Fondettes (37), le réseau Astredhor et l’Enil** de Saint-Lô Thère (50) (ingénieurs). L’axe central : concilier des cultures vivrières et des végétaux à vocation ornementale dans les espaces paysagers, reliant ainsi agriculture urbaine et qualité du cadre de vie des habitants. Les projets de reconception des systèmes de production intègrent aussi, comme ici, la biodiversité, notamment avec l’OILB (Organisation internationale de lutte biologique).
Avec Païsan-Ville, l’Eplefpa Campus nature Provence à Gardanne (13) expérimente, en partenariat avec l’Éducation nationale – dans deux sites à vocation pédagogique – deux modèles d’agriculture urbaine au cœur de la métropole Aix-Marseille-Provence afin de valoriser du microfoncier agricole. Ils impliquent aussi le célèbre Parc national des calanques.
Concernant l’agriculture urbaine en général, il est envisagé de développer encore plus d’initiatives à destination des enfants, dès le primaire.
Le high tech dans l’horticulture
La place des nouvelles technologies dans l’enseignement agricole représente un vrai creuset d’innovations, favorisé lors de divers appels à projets pour les financements.
Illustration concrète d’une école engagée dans la « high tech » : le lycée Angers Le Fresne (49), qui a inauguré une toute nouvelle serre. Les 2 millions d’euros d’investissements doivent en faire une référence d’installation la plus moderne au niveau national. Elle doit devenir également un pôle de recherche appliquée, de mise en œuvre et de démonstrations sur les nouvelles technologies horticoles, pour les professionnels et pour les élèves.
Par ailleurs, depuis le mois de janvier dernier, et pour les quatre à cinq ans à venir, plusieurs réseaux mixtes technologiques (RMT) ont été créés. Un poste à temps plein, au sein de l’équipe Reso’them rattaché à la DGER du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, vient se consacrer au développement du numérique dans les agroéquipements et l’agriculture. De nombreux établissements de formation horticole se retrouvent dans plusieurs partenariats pour ces RMT.
L’un d’entre eux, piloté par la chambre d’agriculture de l’Ain, est un RMT spécialement dédié aux agricultures urbaines, avec l’implication d’écoles d’enseignement supérieur (Institut Agro, Agrocampus Ouest d’Angers) et d’enseignement agricole technique (Eplefpa Nantes Terre Atlantique à Saint-Herblain (44)) notamment.
Le RMT « Naexus », piloté par l’Acta (les instituts techniques agricoles), réunit 54 partenaires. Parmi les projets fixés lors du premier atelier de travail figurent la création d’un index du numérique agricole, une cartographie des compétences, des méthodes d’évaluation des technologies, les besoins pressentis en formation continue, un recensement des expertises et missions de chaque organisme…
Le RMT « Bestim » est piloté par Arvalis, institut technique du végétal. Il prend la suite du RMT « Elicitra » (2010-2019) qui a créé un réseau autour de la santé des plantes. Il adaptera le concept d’immunité écologique (initialement décrit dans le système animal) au système végétal dans un contexte agroécologique.
Pour mémoire, les unités mixtes technologiques (UMT) « STRATège » – créée en 2017, pilotée par Astredhor –, et « FioriMed » – créée en 2020, pilotée par le trio Inrae-CNRS-UNS, dédiée aux innovations en horticulture –, poursuivent leurs actions spécifiques.
Odile Maillard*DGER : direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
**Eplefpa : établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles ; EPL : établissement public local ; Enil : école nationale d’industrie laitière.
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