Club maquette :un atelier pour créer le jardin d’un musée
Au lycée horticole de Grenoble Saint-Ismier (38), des élèves volontaires en BTS 2 aménagements paysagers se sont appuyés sur un cahier technique et une maquette afin de présenter un projet à un lieu culturel de leur région.
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AVillard-Bonnot, en Isère, l’ancien domaine acquis par le Département en 2000, dont les bâtiments ont été entièrement rénovés en 2011, est devenu Maison Bergès –en hommage à son occupant, l’industriel papetier et ingénieur hydraulicien français Aristide Bergès (1833-1904) – puis musée de la Houille blanche en juin de la même année. Mais « tout restait à faire pour les jardins », estime Sophie Mouton, conservatrice du patrimoine, arrivée en poste en février 2021, qui souhaitait réaménager le parc du musée et l’élever au rang de « jardin remarquable ».
Elle a alors sollicité le lycée horticole de Grenoble Saint-Ismier, tout proche, pour des partenariats éventuels. C’est par elle que l’aventure a commencé. Des BTS 2 aménagements paysagers (AP) ont saisi cette chance d’imaginer – en partant de zéro – une réponse à la question : « Quel jardin, demain, pour le musée départemental ? ».
Après une étude paysagère et artistique, ils ont proposé leur vision… sensible et éclectique.
Un club maquette pour répondre à une demande du musée
Au départ, la conservatrice et Frédérique Virieux, chargée des publics et des collections, sont venues au lycée dès juin 2021. Puis deux déplacements ont permis aux élèves de visiter le musée avec Sophie Mouton, de même que la friche industrielle, attenante au bâti.
La responsable souhaitant suivre l’avancement du projet et ses orientations, des rencontres ont été organisées afin de bien préciser le cahier des charges et de valider les propositions émises dans les croquis des élèves. Un groupe WhatsApp a été créé afin d’échanger plus facilement.
Par le biais de l’association Alesa (Association des lycéens, étudiants, stagiaires et apprentis) commune à tous les lycées agricoles, les élèves ont proposé de réaliser une maquette du futur parc Bergès, une idée accueillie favorablement par la conservatrice. Le club maquette a été créé au sein d’Alesa pour travailler sur ce projet, partager des connaissances et créer un partenariat durable avec un acteur local.
Un parc historique, botanique et écologique à la fois
Les élèves ont voulu réaliser « une œuvre nouvelle sans dénaturer l’esprit du lieu, ni les liens forts qui unissent nature, science, technique et arts ». Ils précisent : « Nous avons voulu rester fidèles aux goûts des anciens propriétaires, Marie et Aristide Bergès, en matière de botanique, y compris exotique, pour les endroits intimes comme pour des espaces ouverts et des allées ombragées, car autrefois le jardin déclinait une succession de tableaux paysagers. »
Les élèves se sont donc inspirés du style de la maison, riche en courbes, volutes, arabesques, motifs floraux, peintures et sculptures… Ils ont aussi voulu conserver l’esprit du jardin, qui était devenu public en 1900.
Et ils ont pensé à ajouter « les aspects environnementaux désormais indissociables de toute œuvre nouvelle d’aménagement, sans oublier le changement climatique ». De cette manière, leur parc serait historique avant tout, alliant nature et culture, sculptures, bassins et terrasses. Mais il serait également un jardin botanique diversifié, écologique, réservoir de biodiversité…
Un effet de structures
paysagères
Pour leur étude paysagère, les élèves ont proposé de déplacer le parking, « qui heurte le sens esthétique ». Pour conserver le lien avec l’histoire de la famille Bergès et organiser un site « pluriel, aux ambiances éclectiques, à l’instar de la maison », en veillant à une harmonie architecturale, ils ont proposé d’associer huit modules :
- un jardin d’été style Art nouveau avec ses plantes d’ombre ;
- un jardin des inventions, avec matériels hydrauliques et de la papeterie, ainsi que des technologies nouvelles ;
- un jardin du peintre ;
- des jardins solidaires pour ouvriers ;
- une roseraie ;
- un jardin exotique créole ;
- un jardin écologique pour les jeux des plus petits et la valorisation d’une allée de platanes centenaires alliée à une gloriette.
L’ensemble aurait des transitions successives, pour un effet « de surprises paysagères, mais reliées par des volutes ». Côté botanique, les élèves ont imaginé plusieurs approches, demandant un entretien minimal. Parmi leurs esquisses, on retrouve :
- une conservation des platanes, des glycines, du rosier grimpant, du houx, du marronnier ;
- un ajout de plantes potagères, en variétés locales et anciennes, de même qu’un verger pour les jardins ouvriers ;
- un retour d’espèces exotiques, mais rustiques ;
- une intégration variée d’arbres caducs et persistants, d’arbustes, de haies et hautes graminées… en faveur de la faune et de la biodiversité.
La maquette, star de l’exposition « Jardin, la Belle Époque »
Les élèves ont concrétisé leur projet au travers d’un carnet de travail comportant plan, dessins, photos. Première récompense pour le travail accompli : la maquette (2,50 m sur 1,50 m, soit au 1/100e) est devenue une petite attraction dans le cadre de l’exposition « Jardin, la Belle Époque », au musée depuis le 4 juin et jusqu’au 6 novembre 2022. Il s’agit d’une rétrospective sur le jardin éclectique de 1900, souvent méconnu, très inspiré par la nature.
Le vernissage a eu lieu le 3 juin en présence de Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental de l’Isère, et Patrick Curtaud, vice-président chargé de la culture et du patrimoine.
Les élus ont apprécié certaines idées, notamment celle de déplacer le parking.
Début juillet, le projet de jardin n’était pas encore validé par la conservatrice, mais le lycée devrait intervenir à différentes étapes de la réalisation.
Sandra Perciot, la documentaliste de l’établissement, assure : « C’est une œuvre très collective… tout le monde a voulu participer ! En tout cas, pour les BTSAP2, l’esprit club a exigé création, patience et minutie, entraide et cohésion d’équipe… tout en s’amusant et en partageant de bons moments. »
Ils ont affirmé leur reconnaissance envers la responsable de musée, qui a cru en eux. Ils concluent : « Nous avons reproduit, à petite échelle, de grands paysages » et « maquetté une œuvre humaine destinée à toucher les sens et les émotions du public ».
Odile MaillardPour accéder à l'ensembles nos offres :