L'histoire
SITUÉ À UNE CENTAINE DE KILOMÈTRES DE PARIS
, le village de Saint-Clovis voyait le nombre d'habitants paysans diminuer depuis près de vingt ans. Il y avait là des enseignants retraités, des écrivains méconnus et même des actifs qui, chaque jour, faisaient le parcours vers la ville où les appelait leur profession. Aux dernières élections municipales, pour la première fois, la majorité passa aux écologistes. Conseiller d'éducation à la retraite, Noël, le nouveau maire, entendait donner à sa commune la couleur de ses élus. La première offensive visait la rue centrale du bourg : pas un arbre, pas une fleur, des maisons d'un autre siècle avec leur remise et autres garages. Au lieu de planter des arbres, opération trop délicate selon lui, Monsieur le maire prit la décision d'acheter, pour décorer la rue, des arbres déjà adultes implantés dans de grands bacs de béton installés des deux côtés de la voie publique, en sorte que les immeubles se trouvaient séparés de la rue. Seuls les piétons, en se glissant entre deux bacs, pouvaient parvenir à la voie publique. La situation créée était particulièrement contrariante pour Joseph, cultivateur habitant la rue décorée du village. Le plus grave était que le rez-de-chaussée de son immeuble était entièrement consacré au logement de véhicules, depuis la camionnette jusqu'au tracteur. Encouragé par quelques vestiges de paysannerie, Joseph somma le maire de supprimer les bacs qui lui barraient l'accès à son garage et faisaient obstacle à un stationnement devant sa porte d'entrée. Au refus implicite du maire, il a répondu par une requête au tribunal administratif pour obstacle à la libre utilisation de son bien.