PROJET CLIMATVEG Des solutions pour la résilience face au changement climatique
L’accompagnement des transitions des systèmes de production va assurer la maîtrise des coûts et la rentabilité des exploitations.
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Le projet de recherche et d’expérimentation ClimatVeg (pour climat et végétal), mené en Pays de la Loire et en Bretagne, s’est terminé en février 2025. Il entendait répondre à trois objectifs :
- créer de la connaissance sur les climats de demain (2040-2100) et les impacts sur les cultures de ce territoire ;
- expérimenter des solutions innovantes centrées sur le végétal, la couverture du sol et l’utilisation de la ressource eau ;
- mettre à la disposition des producteurs et des décideurs des solutions concrètes dans l’objectif d’accélérer leur transition.
Si ce programme quadriennal s’est inscrit dans le grand Ouest, nombre de résultats sont transposables au niveau national. Et, pour la filière horticole, des enseignements sont également à tirer des travaux dans les autres filières du végétal spécialisé.
À lire également : "Les essais ClimatVeg analysés par Astredhor"
Partage des connaissances
Marie-Pierre Cassagnes, responsable de l’unité de recherche précompétitive de Végépolys Valley (porteur du projet), rappelle le parti-pris de proposer certains travaux conduisant à des applications à court terme, tandis que d’autres étaient menés plus en amont par la recherche fondamentale. Pour ces derniers, il faudra attendre les publications scientifiques !
Certaines expérimentations ont abouti à des solutions validées déjà exploitées ou en passe de l’être dans les années à venir. D’autres ont permis d’écarter des hypothèses de travail, à la suite de résultats infructueux.
Au demeurant, le transfert des résultats vers les producteurs a été réalisé régulièrement, par l’unité régionale Astredhor Loire-Bretagne lors des portes ouvertes et durant des conférences. Et une structure professionnelle comme le Bureau horticole régional (BHR), aux Ponts-de-Cé (49), également partenaire du projet, fait gagner en compétences ses adhérents et leurs salariés au travers de divers accompagnements (conseils personnalisés, formations), en plus d’un appui pour les aides aux investissements.
Méditerranéisation des températures de l’Ouest
ClimatVeg a débuté par une étude du laboratoire CNRS LEGT (littoral, environnement, télédétection, géomatique) de l’Université de Rennes 2.
Premier constat : le changement climatique ne concerne pas uniquement les températures mais également la pluviométrie, l’intensité des aléas, leur répétition...
L’outil de diagnostic personnalisé ClimAléas-Test, l’un des livrables de cette première phase, met en évidence les points de vulnérabilité et de résilience d’une exploitation. Conçu comme un outil de sensibilisation et d’animation, il a été développé pour la viticulture, l’arboriculture fruitière, les grandes cultures et les systèmes bovins-fourrages.
S’affranchir des stress hydriques
Au fil de ces quatre années, Astredhor Loire-Bretagne a conduit différents essais pour réduire la température du sol et des pots sur plateforme. Elle avait fait le choix de privilégier, dans la mesure du possible, des solutions low-tech.
L’installation d‘une bâche ou le blanchiment pour refroidir l’aire de production s’avèrent des pistes prometteuses. Tout comme des toiles d’ombrage colorées posées sur des arceaux en solution épisodique durant les pics de chaleur, ainsi que pour réduire l’intensité lumineuse. Des essais se poursuivent avec une toile d’ombrage bleue posée sur tunnel.
Plus récemment, la station angevine a évalué deux équipements de traitement de l’eau (Homéo Decalc et LM Innovation) sur plants de tomate comme plante modèle. Il s’agit, en l’occurrence, de produire de l’eau dynamisée grâce à un processus physico-chimique augmentant la quantité d’oxygène dans l’eau.
Les tests avec une eau de bassin douce devraient être répétés avec une eau dure*.
Recherche fondamentale
Une exploration envisagée est l’augmentation de la résilience au stress hydrique de jeunes plants d’ornement et potagers élevés en conteneurs par l’intermédiaire du priming de pieds-mères (endurcissement) et de porte-graines. Coordonné par le laboratoire Stremho (UMT Inrae- IRHS-Université d’Angers), cet axe du projet ClimatVeg est à la recherche de marqueurs d’acclimatation à la restriction hydrique sur pétunia, sur hortensia (voir pages 40 et 41 de ce numéro) et sur tomate, en collaboration avec le Caté à Saint-Pol-de-Léon (29).
Les marqueurs morphologiques les plus caractérisants sont les feuilles, qui sont les organes les plus nombreux, les plus petits et les plus épais.
Pour les marqueurs physiologiques, la capacité à retenir l’eau au cours d’un stress hydrique ainsi que la synthèse d’osmoprotecteurs (sucres solubles, proline…) se distinguent.
Des marqueurs moléculaires et épigénétiques entrent aussi en ligne de compte. Les promesses de cette recherche sont des gains pour les producteurs en vue de faire face aux contraintes des calendriers d’arrosage. Pour les consommateurs jardiniers, des bénéfices potentiels seraient envisageables dès le premier épisode de stress hydrique.
Sources d’inspiration
Climatveg s’articule donc autour du triptyque eau-sol-plante. Il n’est pas anodin de s’inspirer des gains méthodologiques ou des investigations, même très exploratoires, menées dans d’autres filières du végétal spécialisé. D’autant que les essais miment le climat du futur, en plaçant le gel et le stress hydrique au premier rang des aléas climatiques.
La filière viticole du Maine-et-Loire a recueilli des enseignements sur quatre leviers d’entretien de l’interrang face à la fréquence accrue des sécheresses estivales, à savoir le travail mécanique, la tonte, l’enherbement et le roulage. Deux interrogations étaient posées : faut-il modifier l’époque de l’entretien ou bien combiner des techniques ? Des travaux ont aussi été menés avec des voiles de couverture antigel.
« Le sol est aussi une victime du changement climatique », proclamait une expérimentatrice. La filière maraîchage a donc étudié, au sein du Caté breton et des stations d’expérimentation en Loire- Atlantique et en Maine-et-Loire, la résilience aux stress provoqués par des changements climatiques biotiques et abiotiques influant sur la microflore du sol (sur chou et laitue). L’occasion de faire la distinction entre résilience et résistance.
Après une première cartographie de la biologie des sols, l’absence d’une grille de lecture propre au maraîchage a été révélée. Elle a conduit à la construction d’un référentiel dédié d’analyse de sol. Un second livrable est un indice de santé des sols transformant les données en scores.
Pour la suite, un des enseignements est que les évolutions vont se voir dans le temps long, au bout de trois ans de mise en pratique.
Par ailleurs, la plateforme d’expérimentation des maraîchers nantais a installé des réserves d’eau pluviale collectée sur les tunnels de production en cas de fortes pluies et teste la qualité et la quantité d’eau recueillie.
*Plus sur ces différents travaux et équipements liés à la gestion hydrique dans un prochain article.
Pour en savoir plus :
- retour vers les articles publiés dans Le Lien horticole n° 1114 d’avril 2022 (p. 24), 1125 de mai 2023 (p. 24) et 1142 de janvier-février 2025 (p. 15) ;
- un ensemble de livrables (référentiels, fiches techniques, articles...) sont disponibles sur le site web, tout comme le replay d’une collection de vingt-cinq webinaires.
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