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Conjoncture Le prix de l’acier flambe, celui du matériel agricole va suivre !

Les délais s’allongent et les prix des matériels pour les métiers de l’agriculture vont encore grimper, préviennent les syndicats d’équipementiers Sedima et Axema. Remplacer un tracteur va être encore compliqué cette année. ©P.Fayolle

Deux syndicats de constructeurs préviennent que changer un tracteur ou une tondeuse ne sera pas facile dans les prochains mois : les délais de fourniture s’allongent et les tarifs vont devenir erratiques.

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Le Sedima, Syndicat national des entreprises de service et distribution du matériel agricole, d’espaces verts et des métiers spécialisés, et Axema, syndicat français des industriels de l’agroéquipement, ont publié récemment une lettre aux élus pour les sensibiliser aux dangers qui pèsent sur leurs métiers de constructeurs et distributeurs de matériel agricole.

Ils rappellent que « si 2021 s’est refermée sur un record de ventes de machines agricoles, en France comme dans le reste de l’Europe, cette année aura néanmoins été marquée par la flambée des prix de l’acier, la pénurie de composants (hydrauliques et électroniques, notamment) et de grandes difficultés d’approvisionnement. Les constructeurs d’agroéquipements espéraient un retour à la normale pour 2022, mais la guerre en Ukraine a stoppé net ces espoirs ».

« Les prix des matières premières sont repartis dramatiquement à la hausse dès le 24 février et les prix des métaux et de l’énergie battent tous les records, poursuivent-ils. Les tôles en acier départ Europe du Nord se négociaient en janvier 2021 à 680 euros la tonne, puis à 950 € début janvier 2022, pour atteindre désormais des cours à 1 800 €/t, avec des pointes à 2 200 €. Les fournisseurs des industriels, eux aussi dépendants de chaînes d’approvisionnement largement perturbées, ne sont plus en mesure de garantir prix et délais et appliquent des hausses de prix sans préavis, à leurs clients, qui sont contraints de répercuter à leur tour, en tout ou partie. L’onde de choc secoue l’ensemble de la chaîne de valeur, et chaque maillon subit cette crise sans précédent, qu’il soit fournisseur de matières premières, industriel, distributeur ou agriculteur. »

Une situation qui n’est pas sans rappeler celle des engrais ou autres matériels et fournitures pour le secteur horticole constatée lors du Sival, par exemple.

Les 10 à 15 % d’augmentations de l’an dernier ne sont pas suffisantes

Les deux syndicats ont listé en détail les difficultés auxquelles ils doivent faire face :
- la flambée des prix de l’énergie et de l’acier qui les contraint à de nouvelles hausses de tarifs, après les fortes augmentations déjà passées l’année dernière (+ 10 à + 15 % en moyenne). Cette hausse phénoménale n’est toujours pas suffisante et de nouveaux surcoûts sont aujourd’hui appliqués. « Nos entreprises s’interrogent sur la soutenabilité d’une telle inflation et craignent son effet récessif », préviennent-ils ;
- la trésorerie des entreprises est mise à mal, alors que beaucoup d’entre elles n’ont pas réussi à répercuter les hausses de coûts dans leurs prix en 2021. Elles doivent avancer des fonds pour assurer leurs approvisionnements, tout en facturant de plus en plus tard. Certaines d’entre elles pourraient disparaître du fait de cette tension ;
- la guerre entre la Russie et l’Ukraine prive les industriels de débouchés en forte croissance ;
- avec ce conflit, les difficultés d’approvisionnement se sont exacerbées et les plannings de production se heurtent désormais à l’imprévisibilité des livraisons, retardées, voire annulées.

Trente semaines de délai pour un tracteur

Conséquence de cette désorganisation, « les délais de livraison des machines agricoles se sont allongés en moyenne de onze semaines par rapport à une situation normale (source : Enquête de conjoncture Axema, 17-31 janvier 2022). Ils sont actuellement de dix-neuf semaines en moyenne, pour l’ensemble des entreprises adhérentes d’Axema, et montent à trente semaines pour les tracteurs ».
Et les syndicats d’expliquer que dans « certains sites de production, des centaines, voire des milliers, de machines sont stockées dans l’attente de pièces pour un assemblage final ».
Ils préviennent que les hausses des prix d’achat des matériels, si elles ne sont pas répercutées en totalité aux agriculteurs, compromettront lourdement l’équilibre financier des distributeurs.

En outre, la situation entraîne d’autres surcoûts :
- les dates de livraison non tenues obligent les distributeurs à trouver des solutions alternatives complexes et coûteuses pour fournir le cas échéant du matériel d’occasion en attente de la livraison ;
- la non-livraison des matériels commandés à la date initialement prévue peut mettre en péril la bonne exécution du travail de la saison.

Et les syndicats de conclure que « face à cette situation inédite et grave, l’ensemble de la filière (industriels, distributeurs, et agriculteurs) souhaite alerter les responsables politiques français et européens. Ils demandent que leur soit apporté, de façon urgente, tout le soutien nécessaire pour pouvoir faire face aux enjeux alimentaires majeurs encore renforcés par la crise en Ukraine ».

L’ensemble du constat vaut aussi pour le matériel à destination des espaces verts. Le remplacement du matériel cette année ne sera pas une mince affaire !

Pascal Fayolle

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