Végétal recherche Un cyprès produisant moins de pollen

« Dans le cadre de nos recherches sur la diversité et l’adaptation d’espèces forestières méditerranéennes, nous avons découvert un mode de reproduction complètement nouveau chez une espèce de cyprès », se souvient Christian Pichot, chercheur à l’unité de recherche Écologie des forêts méditerranéennes.

Le cyprès du Tassili (Cupressus dupreziana ‘A. Camus’), originaire du sud de l’Algérie et présent dans les collections végétales de l’Inrae, a une spécificité : son pollen, la partie mâle de la plante, qui, au lieu de ne porter que 50 % de l’information génétique, contient l’intégralité du matériel nécessaire (100 % des chromosomes).

L’organe femelle de cette espèce très particulière ne transmet pas d’information génétique et est utilisé uniquement en tant que tissu nourricier. Son fonctionnement est qualifié de mère porteuse.

Un nouveau cyprès avec moins de pollen

Les chercheurs ont tiré parti de cette aptitude de C. dupreziana à être mère porteuse pour multiplier une autre espèce : le cyprès vert (Cupressus sempervirens L.).
Chez ce dernier, le pollen contient 50 % de l’information génétique. Les arbres se développant à partir de ce « croisement » n’ont donc que la moitié des chromosomes attendus. La plupart des individus expriment en conséquence des tares génétiques ou dépérissent. Mais, parmi les conséquences observées, la production de pollen chez ces individus est perturbée. Une constatation qui a poussé les équipes de scientifiques à tenter un grand nombre de pollinisations à partir du cyprès vert pour obtenir, au hasard de la génétique, des individus « normaux », tout en ayant une production de pollen très réduite.

Après plusieurs années de travail, ils sont parvenus à développer un nouveau cyprès, nommé ‘Sirocco’. Son processus de multiplication et de mise sur le marché est géré par Agri Obtentions, une filiale de l’Inrae, et a été confié à Sapho, un groupement de pépiniéristes français éditeur de nouveautés en pépinière ornementale.

Dans le cadre de la prévention des allergies au pollen de cyprès (lire l’encadré), le premier marché visé est celui des collectivités publiques. « Ce nouveau cultivar va permettre de continuer à utiliser le cyprès, mais sans poser de problèmes chez les personnes sensibles », estime Christian Pichot, mettant en garde sur le risque que certaines branches se remettent spontanément à produire du pollen. C’est déjà arrivé chez certaines plantes en collection, d’une douzaine d’années. « Dans ce cas, il suffit de prendre son sécateur et de couper la branche en question », précise le chercheur.