Recherche La processionnaire du pin limitée par le rayonnement solaire
Si l’expansion de la chenille est favorisée par l’augmentation des températures, elle dépend également d’un autre facteur mis en évidence par une étude internationale : l’insolation.
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Les chenilles de la processionnaire du pin passent l’hiver dans des nids, desquels elles sortent afin de se nourrir. Durant la journée, le rayonnement solaire va augmenter la température du nid. Si ce dernier est suffisamment réchauffé, les chenilles peuvent en sortir la nuit pour manger. À l’inverse, s’il n’est pas assez chaud, elles n’en sortent pas pour s’alimenter.
Dès 1970, les chercheurs Henri Huchon et Guy Démolin estimaient que la processionnaire avait besoin d’une insolation minimale pour réaliser son cycle* : il faudrait au moins 1 800 heures d’ensoleillement par an. Une équipe de scientifiques, pilotée par l’Inrae, a démontré le rôle de ce rayonnement solaire dans une étude publiée en mai dernier**.
Dans les endroits où il n’y a pas assez de lumière, l’insecte ne peut pas se développer, même si les températures sont relativement douces.
Une carte de potentielles colonisations
Ces données sur le rayonnement solaire, combinées aux températures, ont été intégrées à des modélisations. L’équipe de chercheurs a mis au point une carte des zones susceptibles d’être colonisées par la chenille à l’horizon 2041-2060.
Théoriquement, toute la France pourrait être colonisée par la processionnaire. L’ensoleillement serait seulement insuffisant à partir de 55° de latitude nord, soit, approximativement, à la hauteur des Pays-Bas.
A contrario, l’Afrique du Nord et le sud de l’Espagne pourraient devenir hostiles pour cet insecte, à cause du changement climatique qui induit des conditions trop contraignantes l’été.
Une dispersion modeste des femelles
Mais « ce qui limite aujourd’hui la progression de la processionnaire du pin vers le nord, ce n’est pas le climat, c’est la dispersion modeste des femelles », explique Jean-Pierre Rossi, coauteur de l’étude en question. Sa progression est, en effet, relativement lente et ne profite pas du phénomène d’autostop qu’on peut observer chez d’autres ravageurs, comme la punaise diabolique.
Ceci dit, des introductions accidentelles sont tout de même possibles. En effet, les processionnaires s’enterrent dans le sol à la fin de l’hiver. Elles peuvent donc être transportées avec de la terre, notamment lorsque des arbres ornementaux sont déplacés.
* Henri Huchon, Guy Démolin, 1970. La bioécologie de la processionnaire du pin : dispersion potentielle, dispersion actuelle. Rev. For. Fr. 220.
** Jean-Pierre Rossi et al. 2025. Warmer and brighter winters than before : ecological and public health challenges from the expansion of the pine processionary moth (Thaumetopoea pityocampa), Science of The Total Environment, Volume 978.
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