Espaces verts Vers des chantiers zéro carbone ?
Dans plusieurs pays ou différentes villes d’Europe du Nord, sur le terrain, le matériel électrique s’impose au nom de la décarbonation. Une tendance qui pourrait s’imposer à terme en France ?
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La Fabrique de la Cité, un think tank consacré aux transitions urbaines, et Leonard, plateforme d'innovation du groupe Vinci, ont organisé un voyage d'étude à Oslo, en Norvège, en juillet 2024. Le constat qu’ils ont dressé au retour est intéressant : la Ville s’étant fixé pour objectif de baisser de 95 % ses émissions de CO2 d’ici 2030, ce critère est largement privilégié dans les appels d’offres.
Les deux entités ont proposé le 3 octobre dernier un webinaire sur le thème « Chantiers en ville, quand est-ce que l’on passe à l’électrique ? ». Kristine Bekkelund, conseillère pour le développement durable et l'innovation à Oslobygg, la société immobilière de la Ville d'Oslo, Antoine Laquais, directeur des travaux à Grand Paris Aménagement, et Élodie Guyot, cheffe de l'électromobilité Europe de Volvo CE, ont témoigné chacun à leur niveau de leur perception du sujet.
À Oslo, aucune émission de CO2 à l’horizon 2030
Kristine Bekkelund a expliqué qu’à terme Oslo visait la suppression de l’usage des énergies fossiles et le zéro émission dans la ville, ce qui signifie que ne seront plus autorisés que l’électricité, l’hydrogène ou les réseaux de chaleur pour le chauffage. Les biocarburants seront exclus des chantiers de la capitale norvégienne. Un cahier des charges a été réalisé en 2017 qui précise que tous les engins de chantier y évoluant doivent être à zéro émission de CO2. Pour un chantier dont le montant est supérieur à 42 800 euros HT, le transport des agents doit aussi se faire avec des véhicules électriques ou fonctionnant au biogaz. Les réalisations au-dessus de 5 millions d’euros ont des contraintes encore plus draconiennes.
« Des pondérations sont possibles » sur les appels d’offres, précise-t-elle toutefois, ce qui fait qu’aujourd’hui 60 % des engins qui travaillent dans la ville sont « zéro émission ». À ce jour, un seul grand chantier a été réalisé à 100 % sans aucune émission.
Le document de référence qui régit ces dispositions est en vigueur jusqu’à la fin de cette année, et va encore évoluer, renforçant les exigences : le transport des personnes en véhicule « zéro émission » pourrait concerner dorénavant tous les chantiers. Et, en 2030, la capitale veut que tous les chantiers n’émettent plus de CO2, qu’ils soient gérés par la Ville ou par des opérateurs privés !
Pourtant, des problèmes techniques persistent, comme l’organisation des chantiers, en particulier la fourniture d’électricité. « Un gros chantier demande un mégawatt en fourniture électrique aujourd’hui, ça pourrait être 100 à terme », précise l’intervenante.
Les outils existent
Si l’on en croit Élodie Guyot, les outils permettant de réaliser des chantiers sans émission de CO2 existent. « Oslo en est un bon exemple », indique-t-elle. Beaucoup de barrières subsistent, en particulier la disponibilité en énergie, mais aussi l’investissement de départ et les incertitudes qui pèsent autour du choix du type d’appareil au moment de l’achat.
Toutefois, explique-t-elle, un organisme comprenant 45 acteurs de la chaîne de valeur de l’activité construction travaille à faire en sorte qu’il soit possible de réaliser des chantiers décarbonés. Ils influencent en ce sens les fournisseurs, y compris, en l'occurrence, Volvo… « Les constructeurs vont donc devoir s’organiser. Le rétrofit, qui consiste à faire fonctionner à l’électricité des appareils qui, au départ, étaient équipés de moteurs thermiques, devrait permettre d’accélérer le processus. »
Les participants du webinaire ont ensuite été projetés à Helsinki, capitale de la Finlande, où existe aussi une volonté de passer les engins de chantier à l’électrique, y compris les motoneiges. Les appels d’offres tendent aussi vers le zéro émission.
Un sujet qui pourrait rapidement faire tache d’huile !
Antoine Laquais a conclu les débats en expliquant que le sujet était balbutiant en France. Les exemples cités sont pour lui intéressants mais reste le problème de la mise en place des infrastructures. Le chantier doit être porté par tous, élus, chefs d’entreprise et collectivités. Comme tous les intervenants, il estime que le problème principal sur le terrain est l’accès à l’énergie : obtenir l’électricité pour un chantier, en France, peut prendre trois mois à un an ! Mais en Île-de-France, 80 % des chantiers sont réalisés en conditions urbaines, l’accès à l’électricité y reste relativement facile.
Avoir assez d’engins pour les donneurs d’ordre, avoir assez de chantiers pour amortir le matériel pour les entreprises, c’est effectivement tout l’écosystème qui doit être mis en place. Mais si les choses se font à l’étranger, nul doute que cela arrivera rapidement en France.
Le webinaire portait sur les chantiers de construction, mais, par voie de conséquence, les espaces verts seront aussi impliqués !
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