Le plastique est cher, même si son prix a légèrement baissé ces derniers mois. « Si l’on considère que le prix d’avant la crise Covid était de 1, celui de la matière première est monté à plus de 2 – vers 2,2 ou 2,3 – et est redescendu à 1,8 actuellement », témoigne un fabricant français de poterie pour la production et la distribution spécialisée. Un autre évoque plutôt un atterrissage à deux fois le prix d’avant-crise, mais peu importe, le constat est là : la matière première est coûteuse et aucun fournisseur n’anticipe de baisse du marché, malgré le tassement de la demande (voir page 31).
Mais, surtout, les fabricants ont désormais du mal à se procurer du plastique recyclé. S’il est plus facile qu’en 2021 de trouver de la matière vierge qui n’a encore jamais servi à fabriquer un pot, une bouteille ou bien un emballage, il n’en est pas de même pour les granules issus du retraitement de déchets. Certaines lignes de production ont même dû être arrêtées momentanément chez quelques fabricants. Toutefois, ce risque semble écarté pour les prochains mois.
Tenir les engagements en matière de taux de produit recyclé dans les gammes fabriquées est dans ces conditions plus difficile. Si un seul fournisseur avoue clairement avoir dû passer d’un taux de 80 à 85 % de matière recyclée dans ses produits à 70-72 % faute de disponibilité, on sent que le sujet préoccupe tout le monde et que chacun doit s’accommoder de la situation.
L’enjeu est immense et le temps presse !
Pourtant, dans le même temps, sous la pression d’une attente sociétale forte, les publicités de gammes vantant des taux de produit recyclé s’élevant jusqu’à 100 % sont légion. On peut s’interroger sur le respect permanent de ces engagements, mais une chose est certaine : les fabricants aimeraient pouvoir bénéficier d’une offre plus large, qui sécuriserait leurs volumes d’approvisionnement et rendraient les prix plus sages. Cerise sur le gâteau, cela leur permettrait d’améliorer leur image auprès du grand public, en mettant en avant l’idée d’une économie circulaire rendant le plastique recyclé et recyclable, donc neutre pour l’environnement.
Ils militent donc pour l’instauration rapide d’une filière de collecte sur laquelle Valhor est en train de travailler (voir page 33). Déjà, à l’occasion d’une conférence organisée l’an dernier*, les quelques fournisseurs présents avaient témoigné sans trop de détour de leur impatience à ce sujet. À leurs yeux, l’obligation légale qui va s’imposer à la profession en 2025 et les attentes sociétales sont suffisamment éloquentes pour chasser les peurs et interrogations autour du coût de l’opération et de la taxe qui risque de peser sur le prix des produits.
Mais finalement, comme le rappelle un fournisseur, l’issue du problème ne dépend pas que de Valhor et de la capacité du secteur horticole à mettre en place une collecte. Constituer une filière de recyclage ne veut pas forcément dire que tout pot redeviendra pot et que toute bouteille renaîtra bouteille, mais plutôt de garantir que les produits finis seront de nouveau des ressources une fois leur usage terminé plutôt qu’un vortex de déchets dans les océans. L’enjeu est immense et le temps presse !
Pascal Fayolle
*À Angers (49), dans le cadre de Vegetal Connect, le rendez-vous professionnel imaginé par Destination Angers pour rassembler le monde professionnel en attendant la nouvelle version du Salon du végétal.
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- Le recyclage avance
- Dans les réseaux, des initiatives individuelles