Contenant biodégradable Simier a opté pour le Growcoon
Spécialiste du fleurissement des collectivités, Hervé Simier a décidé d’utiliser ce filet biodégradable, en remplacement des pots en plastique. Pour l’occasion, une machine a été conçue et réalisée pour les dépiler.
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Ce matin de début d’automne, la salle faisant face aux serres est bondée. Des personnes restent debout, d’autres tentent d’entrer. Les professionnels de l’horticulture sont venus nombreux, plus d’une centaine, visiter les établissements Simier. Installée à Montrichard (41), cette entreprise familiale fournit des plantes à massifs pour des collectivités dans tout l’Hexagone, y compris les célèbres châteaux du Val de Loire. Un point de vente aux particuliers complète les débouchés (8 % du chiffre d’affaires).
Le catalogue compte plus de 4 200 variétés, des annuelles, des bisannuelles et une grande diversité de vivaces. Les professionnels de l’horticulture découvrent les pieds-mères testés dans un jardin de 4 000 m2, les gazons végétaux et les plans de fleurissement. Mais ce qui les attire, c’est également une toute nouvelle machine, unique en France, un dépileur automatique de Growcoon.
35 000 Growcoon au départ, puis 1,4 million !
Depuis 2020, l’entreprise Simier teste ce contenant en résille de polymère très fin et biodégradable développé par l’entreprise allemande Klasmann-Deilmann, spécialiste du substrat, afin de remplacer le pot lors de la multiplication des plants. Il est certifié UAB (1), OK Soil (2), OK Compost (3). « La loi Agec (4) et la lutte contre le plastique nous ont poussés à agir. Le Growcoon est le seul produit qui ne représente aucun déchet au final, en ayant une conduite de culture optimum sur tous nos types de plantes », explique Hervé Simier, le directeur de l’entreprise.
> Voir la vidéo ici : "Growcoon, panier de culture innovant"
Les essais commencent pour Simier avec un godet de 7 cm pour quelques clients. Les salariés posent manuellement les Growcoon au fond des plaques de multiplication. Le système fonctionne bien, pour environ 35 000 Growcoon par an. Mais le 9 mars 2022, une étincelle sur un quad provoque un incendie qui ravage l’entreprise. Il se déclare dans 800 m2 de serre, près d’une cinquantaine de pompiers sont mobilisés et les outils de production partent en fumée.
« Tout était à reconstruire, donc nous avons opté pour la multiplication de plants avec le Growcoon, en passant à un processus mécanisé », explique Hervé Simier, encore bouleversé par cet épisode dramatique. Sauf que la machine n’existe pas encore !
L’entrepreneur réfléchit à un distributeur automatique et sollicite dans un premier temps l’entreprise Demtec, qui propose une large gamme de machines horticoles. L’option finalement retenue sera un dépileur automatique déjà fabriqué par Maan Engineering. Hervé Simier envoie ses plaques aux Pays-Bas afin que cette société personnalise un Growcoon adapté à la plaque de culture. Une fois le dépileur développé, il est connecté à sa remplisseuse de plaques Demtec PTF double XL. Le chef d’entreprise, ancien développeur informatique, crée un logiciel de gestion de production, transformé dorénavant en application sur Android, qui permet un suivi en temps réel des plantes (lire l’encadré).
Résultat, cet outil distribue des Growcoon de 7 cm et remplit des plaques de 104 alvéoles. Il dépose les Growcoon à l’intérieur des plaques de culture réutilisables. Elles continuent ensuite leur chemin sur la ligne de production, vers le remplissage de substrat, une opération qui prend environ quarante secondes.
Les établissements Simier sont ainsi passés à 1,4 million de Growcoon par an, avec une production maximale à deux millions de plants, avec des godets de 3 à 7 cm. L’investissement dans ce pilote s’élève à 100 000 euros et les plaques Herkuplast de 24, très rigides et durables, coûtent près de 150 000 €. Soit une enveloppe totale dans la chaîne de production qui avoisine 300 000 euros. « C’est un investissement lourd et il y a encore quelques réglages à faire, notamment des problèmes de cadence, prévient l’horticulteur. Mais, dans l’ensemble, nous en sommes très satisfaits. » Les Growcoon sont conditionnés en pile dans des cartons, à l’abri du soleil. Sinon, ils peuvent fondre…
Meilleur enracinement
Le spécialiste du fleurissement a décidé d’investir dans l’automatisation du Growcoon, car il a été séduit par les intérêts agronomiques des pots biodégradables. En trois mois, le filet a entièrement disparu, seules les racines maintiennent le substrat. Il n’y a donc aucun déchet lors de la livraison.
« La recette du Growcoon, c’est comme celle de Coca-Cola, on ne la divulgue pas ! » plaisante Alexandre Houlliot, responsable communication de Klasmann- Deilmann France. On n’en saura donc pas plus sur la composition de ce filet… Mais sa structure souple autorise un développement racinaire idéal. « Le système racinaire est beaucoup plus fort et il n’y a pas d’arrêt de croissance lors du rempotage », juge l’horticulteur, qui estime à 10-12 % le gain de productivité et la limitation des pertes.
Il note l’absence de formation de Marchantia sur les vivaces et une réduction de 50 % du Pythium (racines noires) sur les bisannuelles. « Pourtant, cette année a été pluvieuse. C’est impressionnant ! » ajoute-t-il. Il n’y a pas de chignonage sur les racines, les radicelles se développent très bien et captent facilement les éléments nutritifs. La croissance des racines est doublée par rapport aux pots en plastique, ce qui facilite la reprise après plantation et une meilleure résistance au sec. L’horticulteur utilise les Growcoon pour 80 % de la production. Il est limité par la taille des godets, et certaines plantes sont plus délicates que d’autres. Dahlias, solidagos, abutilons, Acalypha, par exemple, restent multipliés dans des pots en plastique.
Pour Lionel Debauge, directeur de Klasmann-Deilmann France, la plus-value du Growcoon n’est pas toujours démontrée sur des productions simples, tels les plants de choux en alvéole, pour lesquels les difficultés de production ou de logistique ont déjà été optimisées.
Pas de dépotage
Les retours des clients de Simier sont très satisfaisants. Du fait de cette reprise plus rapide, les jardiniers notent beaucoup moins de vols dans les plates-bandes municipales. Et le chef d’entreprise d’ajouter : « Ce qui est intéressant pour eux, c’est qu’ils n’ont plus à dépoter, ni à gérer le stockage des pots ou des plaques. Les plantes sont directement livrées dans des caisses en bois, prêtes à planter. Sur une équipe de trois planteurs, 2,88 plantent réellement, avec les pots nous sommes davantage autour de 1,82, soit près de 30 % de gain de temps. » Cette multiplication sans pot permet un conditionnement à l’unité, mais nécessite de fractionner les livraisons car les plantes sont plus sensibles à l’écart thermique. « Le coût logistique est plus élevé, mais celui en main-d’œuvre est plus bas, résume Hervé Simier. Il faut que les services achats et les ressources humaines se parlent… »
Le Growcoon existe en différents diamètres (de 7 à 10,5), également en format carré. De plus gros contenants sont en projet. « Pour quelques milliers d’euros, nous pouvons développer un Growcoon qui s’adapte parfaitement à vos plaques », précise Lionel Debauge.
« On a envie d’y croire, lance un participant dans la salle, mais quel est son coût par rapport aux autres solutions comme le paperport ou la motte collée ? » Un Growcoon coûte entre 0,05 et 0,15 € en fonction des tailles. Klasmann-Deilmann a comparé les coûts de plants de patate douce en mottes collées envoyées aux Pays-Bas ou en Growcoon. Il s’avère que le coût d’investissement du Growcoon est plus élevé, plus 16 % comparé à la motte-collée. « Mais on élimine les 20 % de perte du robot de repiquage et on gagne du temps de production, environ un à deux jours sur les plants de tomate, par exemple. Au final, il est rentable », ajoute le directeur de Klasmann-Deilmann France.
Chez Simier, les quatre ans d’expérimentation ont fait leurs preuves, la valeur ajoutée à la production et la satisfaction des clients sont au rendez-vous.
(1) UAB : Utilisable en agriculture biologique.
(2) OK Soil : certification de produits biodégradables.
(3) OK Compost : certification que le produit est compostable.
(4) Loi antigaspillage pour une économie circulaire.
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