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Forêt Viser le retourau primaire

Dans un ouvrage récent en forme de manifeste, le botaniste Francis Hallé explique l’intérêt de tout faire pour retrouver une forêt primaire en Europe. Il a créé une association et rassemble des moyens pour parvenir à ses fins. Pascal Fayolle

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Ala différence de quasiment toutes les forêts d’Europe – et en l’occurrence celle figurant en photo ! –, une forêt primaire n’a jamais été défrichée, exploitée ou modifiée par l’homme. « C’est un joyau de la nature, un véritable sommet de la biodiversité », commente Francis Hallé, botaniste qui ne se présente plus. On se souvient qu’il a étudié l’architecture des arbres, a contribué au « Radeau des cimes », des engins volants particuliers qui ont permis d’explorer et d’étudier la canopée des forêts tropicales humides, ou encore qu’il a participé au tournage du film Il était une forêt de Luc Jacquet, en Amazonie péruvienne et au Gabon. Pourtant ce n’est là qu’une petite partie de son curriculum vitae, dont l’essentiel a été consacré aux arbres.

Une seule forêt survivante, en Pologne

Mais en Europe, il n’existe plus qu’une forêt primaire, celle de Bialowieza, en Pologne, qui est en grand danger. Pourtant, cet écosystème particulier présente de nombreuses qualités irremplaçables : il capte le CO2, régule le climat, offre une réserve de biodiversité inégalée, reconstitue les réserves hydriques. Et au passage, « il est beau… et indispensable ! » poursuit le botaniste.

En 2018, Francis Hallé a donc, avec d’autres passionnés, créé une association (lire en Repères) pour faire renaître une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Il ne s’agit pas de l’installer dans une région tout entière, mais d’occuper une surface assez vaste, d’environ 70 000 ha (soit approximativement un carré de vingt-six kilomètres de côté), dans laquelle « une forêt évoluera de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine, et cela durant une période de plusieurs siècles. Cette zone, restant à localiser, sera transfrontalière, avec une base française ».

Il est urgent d’agir !

Selon l’association, qui vient de présenter son mani­feste sous forme de petit livret publié chez Actes Sud (photo en médaillon), il faut entre 800 et 1 000 ans pour que renaisse un tel écosystème. On dit souvent que les forestiers plantent pour la génération suivante, mais pour ce projet il serait plus approprié de parler d’un travail à l’échelle d’une civilisation !

Les protagonistes expliquent que l’intérêt du public est vif, à la fois pour des raisons écologiques et philosophiques. À proximité de cette forêt seront créées des installations scientifiques ou des équipements à vocation culturelle… Ce relais d’opinion, auquel participe le manifeste, a pour objectif de fa­ciliter l’obtention d’accords politiques et administratifs, avec un prérequis, comme le rappelle Francis Hallé : « Il est urgent d’agir ! ».

Francis Hallé, Pour une forêt primaire en Europe de l’Ouest, format 19 x 10 cm, 66 pages. Éditions Actes Sud, 8 euros TTC.

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