Luzula sylvatica La grande luzule ouluzule des forêts
Cette vivace indigène, à longue durée de vie, offre un feuillage couvrant parfait à l’ombre des arbres caducs. Sa large niche écologique et l’existence de plusieurs cultivars contribuent à son utilité dans les parcs et jardins. Christophe Chambolle et Valéry Malécot
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Quoique connue bien avant Linné, celui-ci confondait Luzula sylvatica avec Luzula pilosa, en en faisant, de plus, un Juncus. C’est William Hudson qui, en 1762, sera le premier à la distinguer sous le nom de Juncus sylvaticus. En 1811, Jean-François Gaudin en fera un membre du genre Luzula, dans la suite de la distinction entre Luzula et Juncus établie par Augustin Pyramus Candolle en 1805. Depuis, cette attribution générique n’a pas été modifiée et un nombre important de taxons infraspécifiques ont été proposés.
On distingue ainsi une sous-espèce sieberi plutôt montagnarde, une sous-espèce sicula du sud de l’Italie (et de la Sicile), et une sous-espèce henriquesii de la péninsule Ibérique. Elles se différencient par des détails de taille des graines, pilosité des feuilles, nombre de fleurs dans les inflorescences… En culture, des plantes à feuillage jaune (‘Aurea’, ‘Solar Flair’, ‘Hohe Tatra’), panaché (‘Marginata’) ou large et brillant (‘Onderbos’, ‘Starmaker’) ont été sélectionnées.
À l’état sauvage, Luzula sylvatica est une plante aux affinités montagnardes affirmées. Elle est surtout présente en plaine dans la moitié nord de la France, en station plutôt acide, au sein d’anciennes forêts. Elle paraît en régression en plaine, d’après les synthèses des données d’observation. Les grandes coupes et l’enrésinement lui sont préjudiciables. Elle est considérée comme menacée en région Centre et en Île-de-France, protégée dans cette dernière région et dans le Nord-Pas-de-Calais.
Absente sous le climat méditerranéen, elle accepte un sol sec mais requiert alors un air humide. Il est généralement nécessaire de l’associer à une ambiance arborée, un microclimat froid en tout cas. La plante est adaptée à l’alternance d’un sol – sans calcaire actif – humide en hiver et plus sec en période de végétation des arbres.
Nappe dense
Ses graines sont connues pour être dispersées par des fourmis. Elle peut former de vastes étendues, où elle exclut alors les autres plantes du sous-bois. Les limons, même argileux ou pierreux, voire sableux, riches en matières organiques grossières, ont sa préférence.
De la famille des joncs, Luzula sylvatica forme une nappe dense couvrant le sol lentement mais durablement, par sa croissance alternant de fortes touffes de 20 à 40 cm de hauteur et de courts rhizomes. Ces derniers engendrent de nouvelles rosettes, très compétitives. Il s’agit d’une espèce dite « sociale ».
Ses feuilles luisantes, pouvant atteindre 2 cm de large, d’un vert gai, jouent avec la lumière. Leur marge est dotée de longs cils argentés appliqués. Elles vont supporter jusqu’à - 10 °C et gardent donc leur intérêt durant l’hiver. La floraison printanière, abondante, lâche, aérienne et gracieuse, se dresse jusqu’à 80 cm de hauteur, mais son intérêt est plus temporaire et subtil que celui du feuillage, par sa coloration verte et brune.
Les cultivars jouent sur la coloration des feuilles, dorée à vert foncé, et sur la plus ou moins grande taille et compacité des touffes.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :