Alerte phytosanitaire Le nématode du pin détecté pour la première fois en France
Un foyer du ravageur, véritable menace pour les pinèdes françaises, vient d’être confirmé dans la commune de Seignosse, dans les Landes. Des mesures d’urgence sont mises en place pour éviter sa propagation.
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Dans le cadre de la surveillance officielle des organismes de quarantaine pilotée par les services régionaux de protection des végétaux du ministère de l’Agriculture, un foyer de nématode du pin Bursaphelenchus xylophilus a été confirmé par l’Anses le 3 novembre, dans la commune de Seignosse (Landes). C’est la première détection en France.
Des mesures de lutte obligatoires
Le nématode du pin est un organisme ravageur classé « organisme de quarantaine prioritaire » au niveau de l’Union européenne : cela signifie qu’il est susceptible d’avoir un impact très important s’il venait à proliférer sur le territoire. Originaire de la côte est d’Amérique du Nord, ce ver microscopique provoque la mort des pins infestés en quelques semaines. Sa propagation en Nouvelle-Aquitaine pourrait avoir des conséquences majeures sur les plans économiques, mais aussi patrimoniaux et environnementaux, compte-tenu de l’omniprésence du pin maritime dans les massifs des Landes de Gascogne.
La lutte est obligatoire afin d’éradiquer le foyer, conformément à la réglementation européenne en vigueur (décision d’exécution UE 2012/535/UE). Un arrêté préfectoral est paru en ce sens le 4 novembre.
L’arrêté interdit la circulation des végétaux sensibles, des bois (à l’exception de ceux traités à la norme NIMP15) et écorces des espèces de résineux sensibles ainsi que l’ensemble des travaux d’exploitation (coupes, éclaircies, débardages, dessouchages, taille, élagage) dans une zone de 20 kilomètres autour du foyer détecté sur la commune de Seignosse.
Les mesures s’appliquent sur tous les résineux des genres Pinus (pins), Abies (sapins), Cedrus (cèdres), Larix (mélèzes), Picea (epicéas), Pseudotsuga (Douglas) et Tsuga, qu’ils soient situés en forêts ou en parcs et jardins et dans le domaine public ou privé.
Figure 1 :
36 000 hectares de résineux dans la zone délimitée
La zone délimitée établie par l’arrêté comprend une zone infestée de 500 mètres autour des arbres reconnus infestés concernant 4 communes (Angresse, Seignosse, Saubion et Soorts-Hossegor dans les Landes), et une zone tampon de 20 kilomètres qui comprend 42 communes dans les Landes et 10 dans les Pyrénées-Atlantiques. Les peuplements résineux sensibles dans cette zone, très majoritairement des pins, occupent une superficie de 36 000 hectares.
Des opérations de prospections et de prélèvements sont en cours pour définir des mesures de lutte, qui seront précisées dans un nouvel arrêté préfectoral.
Les mesures d’urgence prévues dans la réglementation européenne, et détaillées dans un plan national d’intervention sanitaire d’urgence (PNISU) établi en 2019, sont mises en œuvre pendant quatre ans au minimum.
Elles prévoient notamment :
. l’inventaire, l’abattage et le traitement des arbres, bois et écorces contaminées ou à risque de contamination ;
. une surveillance (piégeages, inspections, contrôles) ;
. des restrictions de mouvements des plants, bois et écorces sensibles et emballages en bois.
Figure 2 :
Une sensibilisation de tous les acteurs
« Les opérateurs économiques de la filière forêt bois, propriétaires forestiers et particuliers détenteurs de végétaux des espèces sensibles sont invités à faciliter les opérations en cours et à strictement respecter les mesures conservatoires édictées par l’arrêté préfectoral », précise la préfecture de Nouvelle-Aquitaine.
« Tout arbre résineux dépérissant ou mort récemment dans la zone délimitée, et en priorité les pins maritimes, est à signaler sans délai à la DRAAF à l’adresse suivante : sral.draaf-nouvelle-aquitaine@agriculture.gouv.fr en mettant en objet du message les termes ‘SUSPICION NEMATODE DU PIN’ ».
Déjà présent en Espagne et au Portugal
Le nématode du pin est présent depuis 1999 au Portugal, où il a été détecté dans la région de Lisbonne. De là, son extension s’est réalisée progressivement dans tout le pays, et il a été ensuite identifié sur les Iles de Madères et en Espagne en 2008.
Sur ces territoires, il ne semble provoquer d’importants dégâts que sur le pin maritime.
Des tests réalisés en laboratoire ont toutefois montré que tous les résineux (à l’exception du thuya et du tsuga) sont sensibles au nématode. Les essences de Pinus considérées comme les plus sensibles sont par ordre décroissant Pinus sylvestris, P. pinaster, P. nigra, P. radiata (1)
Un longicorne vecteur
Bursaphelenchus xylophilus est véhiculé d’arbre en arbre par un coléoptère du genre Monochamus sp., soit à l’occasion de la consommation des jeunes pousses vertes par le longicorne, soit lors de la ponte par les femelles. L’insecte a une capacité de vol moyenne de 2,5 km (et jusqu’à 29 km).
La dissémination sur de longues distances est principalement effectuée par le transport de bois, brut ou transformé, porteur de Monochamus accompagné de nématodes (bois n’ayant pas subi le traitement à la chaleur adéquat selon la norme Nimp15).
Trois espèces de Monochamus sont présentes sur notre territoire : M. galloprovincialis, déjà vecteur au Portugal et en Espagne, est le plus commun, il est fréquent en France dans les zones de pins ; M. sutor ; et M. sartor. M. galloprovincialis émerge dès que les températures dépassent 19 °C pendant 2 à 3 jours.
Sa durée de vie au stade adulte est d’environ trois mois, entre mai et octobre. Le pic de vol est observé courant juillet.
Un réchauffement climatique favorisant sa propagation
Les dommages seraient particulièrement importants dans le sud de la France, car la multiplication du nématode est favorisée par les températures chaudes.
Cependant, le réchauffement climatique pourrait permettre l’installation et le développement du nématode du pin sur l’ensemble du territoire, à l’exception des forêts d’altitude.
(1) Source : Avis Anses du 6 juin 2018 relatif aux connaissances nécessaires à la gestion du risque « Écorces sensibles au nématode du pin ».
(2) Plan national d'intervention sanitaire d'urgence relatif à Bursaphelenchus xylophilus (nématode du pin).
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