Aménagements Les écoles en cours de désimperméabilisation
Pour lutter contre les îlots de chaleur, une politique de végétalisation des établissements est à l’œuvre. Avec à la clé de nouveaux marchés, mais aussi des contraintes inédites.
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Le programme « Sauvons l’eau 2019-2024 » mis en œuvre par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a pour ambition de déconnecter des réseaux d’eau pluviale pas moins de 400 ha de ce bassin, toutes surfaces confondues. Dans ce cadre, elle a lancé un appel à projets intitulé « Un coin de verdure pour la pluie » 2019-2021 pour les huit départements de l’ex-région Rhône-Alpes. Engagé en septembre 2019, il a pour objectif d’intervenir sur les cours des établissements scolaires.
Un coup de pouce à la désimperméabilisation
« Pour bénéficier des subventions, il ne s’agit pas simplement de remplacer les revêtements, il faut que le projet permette la déconnexion des eaux pluviales des réseaux (unitaires ou pluviaux), au minimum pour les précipitations les plus courantes, précise Patrice Pautrat, chargé d’intervention spécialisé à l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et référent pour la gestion à la source des eaux pluviales à la délégation de Lyon (69). Il est demandé que le projet comprenne un ou plusieurs ouvrages végétalisés d’infiltration. L’idée est que l’eau de pluie ne soit plus traitée comme un déchet dont on se débarrasse le plus vite possible, mais comme un bien utilisable directement sur des espaces verts et qui peut contribuer à rafraîchir la ville. De plus, il doit être accompagné d’un élément pédagogique et de communication pour que le verdissement de la cour d’école soit bien compris comme un élément qui rétablit le fonctionnement du cycle de l’eau. »
Dans la région comme partout ailleurs, la plupart des cours d’école sont asphaltées ou bitumées, les pieds d’arbres recouverts avec des sols souples ou des grilles en fonte et, dans les quelques espaces naturels présents, la terre est tassée et quasi imperméable.
« Les moyens dont dispose l’Agence de l’eau sont importants mais ne permettront jamais d’aller financer toute la déconnexion des eaux pluviales dans tout le bassin, poursuit Patrice Pautrat. L’idée des aides est d’apporter le coup de pouce nécessaire afin que cette question émerge vraiment et entre dans les habitudes de gestion des eaux pluviales et d’impulser ce changement sociétal. C’est pourquoi le travail dans les écoles est très intéressant, en contribuant à faire évoluer les choses et en montrant que si on sait gérer les eaux pluviales autrement dans un espace très fréquenté comme une cour d’école avec beaucoup d’usages, a fortiori on sait le faire pour des bâtiments, des espaces publics et privés. »
L’entreprise Parcs & sports, basée à Chassieu (69), est très sollicitée actuellement pour réaménager des cours d’école. Deux à trois projets sont ainsi mis en œuvre chaque année depuis deux ans, de différente ampleur. À l’école primaire Clemenceau, à Grenoble (38), ce sont plus de 4 000 m² qui ont été réaménagés pour un montant de 288 000 euros hors taxes. À Thoiry (01), le chantier est plus modeste : 630 m² pour 67 000 € HT. Ces deux années d’expérience permettent déjà de tirer plusieurs enseignements .
Penser les projets bien en amont pour redéfinir les usages
« Nous n’avons pas inventé de procédé miracle, explique Antoine Pechuzal, son président-directeur général. La désimperméabilisation, c’est un cumul ingénieux de solutions simples qui existent déjà dans nos métiers du paysage, que cela soit à travers les différents revêtements comme le stabilisé, les pavés joints végétalisés ou les paillages. Ce sont des choses que nous savons faire, il faut juste les intégrer dans les aménagements. Néanmoins, entrer dans un projet de cours d’école par la porte des travaux ne résoudra qu’une partie du problème et ne suscitera pas forcément l’adhésion des utilisateurs : les élèves, le corps enseignant ou les agents de nettoyage. Le dossier doit être pensé bien en amont et coconstruit avec ces différents acteurs afin de bien redéfinir les usages. Une partie plus ou moins importante de sol dur doit être conservée, surtout devant les portes du bâtiment ou pour des usages sportifs. Une cour de maternelle ne sera pas pensée de la même façon qu’en primaire. »
Les opérations d’entretien doivent aussi être anticipées
Second enseignement, pour l’entreprise de paysage, le défi du calendrier pour effectuer les travaux. « On ne peut intervenir que durant les périodes de vacances scolaires. Si pendant deux mois d’été on a pu réaliser des chantiers importants, chiffrés entre 200 000 et 300 000 € comme à l’école Clemenceau, clairement une entreprise ne saura pas le faire dans une période plus courte. Des projets plus réduits, comme à Thoiry, ont pu être menés à terme pendant les deux semaines de Toussaint, mais il a fallu mobiliser deux équipes, soit une dizaine de personnes. On ne pouvait pas en faire davantage, compte tenu des aléas météorologiques éventuels. L’ambition des projets doit aussi tenir compte de ces contraintes », complète Antoine Pechuzal.
Le troisième point mis en avant concerne l’entretien ultérieur, surtout celui des sols perméables : ne pas laisser de terre à nu, renouveler les broyats de bois qui se dégradent dans le temps, protéger les surfaces végétalisées afin qu’elles puissent s’installer. L’implication des enfants peut toutefois se poursuivre au moment des plantations, ce qui permet aussi d’insister sur la connaissance et sur le respect des végétaux mis en place.
Claude ThieryPour accéder à l'ensembles nos offres :