Euseius gallicus, acarien auxiliaire des roses
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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES ENVISAGEABLES
Proies : Euseius gallicus est un acarien carnivore indigène en Europe (Allemagne, Belgique, France, Pays-Bas), en Tunisie et en Turquie. Il a été signalé à l’état naturel sur quatre espèces végétales appartenant aux Convolvulacées, Malvacées, Rosacées et Solanacées.
Ce macro-organisme est un Phytoséiide comme d’autres acariens auxiliaires utilisés en protection biologique intégrée (PBI), notamment Amblydromalus limonicus, Amblyseius andersoni, Amblyseius cucumeris, Amblyseius swirskii, Neoseiulus californicus, Phytoseiulus persimilis ainsi que Transeius montdorensis. L’arachnide est polyphage : ses proies de prédilection sont les thrips et les aleurodes, mais c’est également un prédateur d’acariens phytophages (tarsonèmes, tétranyques) tout comme d’œufs d’insectes ravageurs. En outre, il peut se multiplier avec un régime alimentaire composé de pollen.
À l’origine, cet auxiliaire a été identifié en 2011 dans une serre de vente sur Rosa ‘Red Naomi’. Des essais sur des roses en cellules d’expérimentation puis sur le terrain ont été réalisés en Belgique et aux Pays-Bas de façon à évaluer son efficacité potentielle contre le thrips californien (Frankliniella occidentalis), l’aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum), l’aleurode du tabac (Bemisia tabaci) et le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae).
Mais la véritable avancée biotechnique a eu lieu en 2013 avec la mise au point d’une dispersion homogène et fine d’un complément alimentaire à base de pollen de massette Typha angustifolia, une graminée des zones humides tempérées, anémophile, dont le pollen est petit et léger. C’est à partir de janvier 2014 qu’E. gallicus a été commercialisé, avec ce pollen, pour le biocontrôle.
Principales cultures concernées : en productions horticoles ornementales sous abri, l’acarien prédateur se montre surtout intéressant en production de roses coupées ou d’Anthurium, mais il peut être utilisé avec succès sur d’autres cultures florales.
En maraîchage, il présente un intérêt marqué pour l’aubergine, le poivron et le fraisier.
Comportement : rustique, E. gallicus peut supporter des températures relativement fraîches en serre froide, un petit peu plus basses que l’acarien Transeius montdorensis, qui peut se maintenir à 12 °C minimum, et Amblydromalus limonicus, qui se développe encore, mais au ralenti, vers 10 °C. E. gallicus, lui, est actif dès 8 à 10 °C, et jusqu’à 32 °C, même si son optimum de développement se situe vers les 25 °C, avec une hygrométrie de 70 à 80 %. Dans une stratégie de lutte intégrée contre les thrips, son utilisation sera complémentaire des lâchers de punaises prédatrices Orius, qui peuvent être employées à partir de 15 °C, s’attaquant aux larves âgées et aux thrips adultes, contrairement à E. gallicus, prédateur d’œufs et de jeunes larves.
Efficacité : à la différence d’autres acariens Phytoséiides utilisés en biocontrôle, E. gallicus a l’avantage de pouvoir s’installer en l’absence ou en présence d’un faible nombre de proies et d’assurer un contrôle de prévention, mais à condition de lui mettre à disposition du pollen pour favoriser son installation progressive et son maintien dans la culture. C’est aussi le cas pour d’autres Phytoséiides, à l’instar de Transeius montdorensis, utilisable en PBI contre les œufs et les larves d’aleurodes, les premier et deuxième stades larvaires de thrips et divers acariens phytophages, soit sensiblement les mêmes proies qu’E. gallicus.
Cependant, plusieurs essais réalisés en serres de rosiers pour la production de fleurs coupées ont montré qu’E. gallicus introduit avec du pollen s’installait mieux dans la parcelle que d’autres prédateurs généralistes couramment utilisés sous abri, nécessitant plusieurs lâchers pour réguler efficacement les thrips Frankliniella occidentalis.
Des essais conduits dès 2014 par la société Biobest en France et en Belgique ont mis en évidence des fréquences et des densités de populations d’E. gallicus dans les six semaines suivant leur lâcher à mesure que le pollen était saupoudré. Cette stratégie s’est montrée intéressante pour maintenir les thrips et les aleurodes à un niveau acceptable pendant la période estivale.
Les premières introductions de cet auxiliaire peuvent idéalement commencer entre les semaines 2 et 4 à dose faible préventive (50 individus/m²) chacune.
Sinon, on peut attendre la détection des premiers ravageurs cibles pour lâcher E. gallicus à dose curative légère (100 individus/m²) et compléter l’action par un nourrissage à base de pollen de Typha. Avec une application de 500 grammes de pollen par hectare toutes les deux semaines lorsque la pression du ravageur est faible, E. gallicus atteint une densité de un à deux acariens prédateurs par feuille de rosier. Comparativement à Amblyseius swirskii, par exemple, il est rare – selon Biobest – d’atteindre le niveau d’un acarien prédateur pour trois feuilles.
Un E. gallicus mange 2,6 larves de thrips par jour. Il s’attaque aux œufs ainsi qu’aux jeunes larves, surtout de premier stade. Grâce à la structure bien particulière de ses pièces buccales, ce prédateur peut accéder aux œufs sous les feuilles de rosier juste avant leur éclosion.
En revanche, dans un essai mené en 2017 aux Pays-Bas, E. gallicus n’a pas réduit le niveau d’infestation de thrips du poinsettia Echinothrips americanus sur des plants de poivrons, même à des densités élevées en présence de pollen. Une autre étude publiée en 2016 indique que la prédation des larves de thrips F. occidentalis s’avérait très faible lorsque le pollen de Typha latifolia était offert comme source de nourriture supplémentaire. Les femelles d’E. gallicus n’entraient pas en diapause dans des conditions de jours courts et le développement des juvéniles s’achevait à 13 °C. Libéré avec du pollen sur des roses dans un essai de semi-terrain*, E. gallicus a développé le plus grand nombre d’acariens prédateurs testés, mais malgré une réduction avérée des foyers d’aleurodes il n’a eu aucun effet significatif sur la population de thrips.
Afin d’obtenir un résultat satisfaisant, il importe donc de trouver un bon équilibre entre les lâchers d’E. gallicus, le niveau d’attaque des thrips et l’approvisionnement en pollen.
Toxicité de substances actives : dans un dispositif expérimental, le nombre de formes mobiles d’E. gallicus était réduit après un traitement avec l’acaricide acequinocyl (47 %) et après deux traitements avec l’insecticide flonicamide (41 %) pulvérisés à un intervalle d’une semaine. Par ailleurs, l’insecticide azadirachtine A et les fongicides boscalid, cyprodinil + fludioxonil, krésoxim-méthyl et fluopyram se sont révélés inoffensifs pour l’auxiliaire.
CYCLE, CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT
Morphologie
Adulte : huit pattes, corps pyriforme blanc à beige, un demi-millimètre de long.
Œuf : ovale, translucide, déposé sur les poils des feuilles et à la surface du limbe.
Larve : six pattes, corps semi-transparent.
Nymphes (protonymphe, deutonymphe) : huit pattes, blanches, d’une taille intermédiaire entre les larves et les adultes.
Cycle biologique
Le cycle de développement complet de l’acarien se décompose en cinq stades : œuf, larve, protonymphe, deutonymphe, mâle et femelle adultes. Ces derniers vont vivre 21 jours environ à 25 °C. Après la fécondation des femelles par les mâles et la ponte, la durée d’incubation des œufs est de deux jours à la même température. Une moyenne d’oviposition de 1,1 œuf par jour a été obtenue en laboratoire à 13 °C avec une humidité relative de 75 %. La durée des phases larvaires et nymphales varie selon les températures. En fin de cycle naturel sous climat tempéré, E. gallicus hiverne sous les écorces, les feuilles mortes et au niveau des bourgeons.
Jérôme Jullien*Des essais dans des conditions intermédiaires entre celles du laboratoire et de la production horticole en exploitation.
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