Quelles biostratégies contre les cochenilles farineuses ?
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Avec les cochenilles farineuses s’inaugure une série d’articles qui, ponctuellement, vont proposer un raisonnement stratégique et une palette assez complète de solutions contre un ravageur précis... avec les options semblant les plus pertinentes pour les professionnels de terrain.
ÉLÉMENTS POUR L’ANALYSE DE RISQUE
- Situation et dégâts : problématiques dans les exploitations horticoles, les collections botaniques et les aménagements végétaux d’intérieur, les attaques de cochenilles farineuses ont tendance à progresser depuis quelques années, en fréquence comme en intensité. Ces insectes piqueurs et suceurs de sève apprécient les plantes turgescentes, les lieux protégés, la chaleur et l’humidité ambiante. Ils sont donc attirés par les cultures florales et les plantes vertes conduites sous abris (serres, tunnels, orangeries), mais on les détecte aussi en plein air sur des potées, jardinières, vasques et massifs, lorsque les températures et l’hygrométrie leur conviennent. On les observe également dans des lieux de revente de végétaux d’ornement (établissements de négoce, jardineries). En conditions favorables, les cochenilles farineuses, qui sont souvent polyphages et prolifiques, constituent des foyers denses et peuvent pulluler. Au moyen de leur stylet buccal, les larves et les femelles extraient la sève et injectent dans les tissus végétaux des substances toxiques, ce qui provoque une réduction de croissance, des jaunissements, de même que des déformations foliaires et florales.
CYCLE, CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT
- Morphologie : les cochenilles farineuses aéricoles des genres Balanococcus (B. diminutus), Nipaecoccus (N. nipae), Ovaticoccus (O. agavacearum), Pseudococcus (P. adonidum, P. maritimus, P. longispinus, P. viburni…), Planococcus (P. citri, P. ficus, P. vovae…), Phenococcus (P. solani) ou Spilococcus (S. cactearum…) et les espèces terricoles attaquant les racines (Rhizoecus falcifer, Ripersiella hibisci…) ont un corps mou, recouvert d’une couche de cire laineuse blanchâtre à partir du troisième stade larvaire chez la femelle, qui a une durée de vie supérieure à celle du mâle, dont le rôle se limite à la reproduction. Les femelles, ovales, mesurent de 2,5 à 7 mm de long. Les mâles, assez rares et plus petits (moins de 1 mm), ressemblent à des petites guêpes sans mandibules.
- Cycle biologique : la durée de développement de chaque espèce de cochenille farineuse dépend de la plante hôte, de la température et de l’humidité relative. La température influence le cycle biologique complet de l’insecte, de l’œuf à l’adulte, alors que l’humidité affecte particulièrement les pontes et sévèrement les larves. Le cycle de développement complet est plus rapide à des températures et à des hygrométries élevées. L’hivernation a lieu dans le sol à l’état larvaire sur le collet et les racines des plantes de serre. Il n’y a pas de diapause. À la faveur de températures optimales, les cochenilles émergent une par une de leur niche et s’installent sur les plantes hôtes situées à proximité.
En ce qui concerne l’espèce Pseudococcus longispinus, par exemple, le cycle de développement complet dure près de six semaines en été et jusqu’à douze semaines en hiver. Sous abri chauffé, les générations se succèdent tout au long de l’année. La reproduction peut être sexuée, mais elle est surtout asexuée. Contrairement à d’autres cochenilles, les femelles ne possèdent pas d’ovisacs, puisqu’elles sont vivipares. Elles pondent environ 200 œufs. Les larves de premier stade sont petites (0,5 à 0,7 mm), roses et agiles, tandis que les stades âgés suivants, qui sont également mobiles, ressemblent davantage à la femelle adulte. Au terme du deuxième stade larvaire, les futurs mâles cessent de se nourrir et migrent vers des zones abritées où ils sécrètent ces cocons de cire pour finir leur cycle de développement. Les larves femelles effectuent trois stades complets avant de devenir adultes. On peut constater parfois dans une culture un chevauchement de stades où femelles adultes, larves jeunes et âgées sont présentes simultanément.
- Observation : cette action, conduite à l’aide d’une loupe, doit être régulière et précise pour détecter précocement les foyers et agir de façon raisonnée par rapport au cycle biologique du ravageur et au niveau d’infestation. En scrutant le dessous des feuilles, les tiges, les fleurs et les racines pour les espèces terricoles, on détecte des amas blanchâtres d’aspect cotonneux, souvent associés à un abondant miellat et à de la fumagine noirâtre. Certaines espèces (Planococcus citri, P. ficus) peuvent être capturées et suivies par piégeage phéromonal.
Au-delà du biocontrôle, dans une stratégie globale, les produits chimiques de synthèse autorisés en productions horticoles ornementales, ainsi que les mesures culturales, physiques et prophylactiques compléteront l’arsenal de lutte.
Jérôme JullienPour accéder à l'ensembles nos offres :