Metarhizium anisopliae, champignon entomopathogène
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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES
ENVISAGEABLES
- Bioagresseurs et cultures ciblés : l’espèce anisopliae a été attribuée au champignon Metarhizium après sa première détection sur le hanneton du blé (Anisoplia austriaca). Il s’agit d’un micro-organisme entomopathogène cosmopolite, responsable de mycoses, qui se développe à l’état naturel dans les sols et cause une maladie nommée « muscardine verte » chez divers arthropodes, à différents stades de leur développement, dont des nuisibles pour les végétaux : acariens (tétranyques, tarsonèmes), insectes coléoptères (larves d’otiorhynques, vers blancs de hannetons ou de scarabées), diptères (mouches des fruits), lépidoptères (carpocapses), aleurodes, cicadelles, pucerons, thrips, criquets et termites.
Deux produits de biocontrôle à base de Metarhizium anisopliae var. anisopliae sont autorisés sur le marché français, à base de souches virulentes distinctes :
- Lalguard M52 GR : lutte contre les ravageurs terricoles en traitement du sol, notamment l’otiorhynque de la vigne et du cyclamen (Otiorhynchus sulcatus) sur les arbres, arbustes et autres cultures ornementales, ainsi qu’en productions de petits fruits (cassissier, groseillier, framboisier, myrtillier) ;
- Lalguard Met52 OD : traitement des aleurodes sur les parties aériennes des arbres, des arbustes, des cultures florales (efficacité montrée sur Gerbera) ainsi que des plantes vertes sous abri.
M. anisopliae est un agent de lutte microbiologique prometteur pour le biocontrôle d’autres ravageurs des cultures ornementales. Avec son activité toxinogène élevée, il pourrait, par exemple, être utilisé avec intérêt en France pour réguler les populations de scarabée japonais (Popillia japonica), en complément d’autres méthodes de lutte intégrée, si l’organisme de quarantaine venait à s’établir dans le pays.
- Facteurs d’efficacité : les climats tempérés d’Europe du Nord et les sols à tendance acide (pH <7) favorisent son développement. Les températures optimales pour sa croissance sont comprises entre 15 et 30 °C. En dehors de cette plage thermique, les spores et le mycélium restent viables, mais l’activité est plus lente, en particulier en dessous de 15 °C, où la sporulation et l’infection des larves diminuent.
Les spores se montrent insensibles au froid, même en cas de fortes gelées, et peuvent rester à l’état de dormance. Toutefois, elles meurent si les températures atteignent ou dépassent 40 °C.
Par ailleurs, la souche du champignon utilisée en traitement de sol est sensible aux ultraviolets. Il est donc nécessaire de l’enfouir dans le cas d’une utilisation non mélangée au substrat de culture.
- Mode d’emploi : on utilise M. anisopliae à titre préventif ou curatif selon les souches et les bioagresseurs à éliminer. Pour raisonner au plus juste le traitement et optimiser son efficacité, il est essentiel d’observer les ravageurs ciblés grâce à des examens visuels réguliers des cultures, à des suivis par piégeage et la lecture des Bulletins de santé du végétal (BSV) en productions horticoles. Ainsi, par exemple, une intervention contre les otiorhynques se fera au meilleur moment de la période d’activité larvaire, qui s’étend d’août à octobre, puis de février à avril, en fonction des zones pédoclimatiques et des milieux de culture.
En termes de doses d’utilisation dans les cultures ornementales, par exemple pour le produit Lalguard M52 GR, elles vont de 50 à 150 kg/ha. On l’incorpore dans le substrat à raison de 500 g/m3, correspondant à la dose de 150 kg/ha et à 300 m3 de substrat /ha.
CYCLE, CONDITIONS
DE DÉVELOPPEMENT
- Éléments de biologie : M. anisopliae produit des spores sexuées uniquement dans des cas exceptionnels : ce champignon se caractérise le plus souvent par une reproduction végétative (asexuée), des spores spécialisées (conidies), un appareil végétatif (mycélium) dont les filaments (hyphes) sont cloisonnés. La couleur verte de son mycélium et de ses spores lui ont donné le nom de muscardine verte.
Le cycle de développement se déroule en deux phases différentes : une phase parasitaire de cinq à six jours et une phase non parasitaire (saprophytique).
Quand les spores du champignon adhèrent au corps d’un acarien ou d’un insecte (capacité variable selon les espèces), elles germent et les hyphes qui émergent sous forme de tubes germinatifs très minces traversent la cuticule et l’épiderme. Le pathogène entre alors dans le système circulatoire. Il parvient à se développer dans tous les organes de l’hôte et forme des blastospores. Sous cette forme, il assimile les nutriments disponibles et consomme sa proie de l’intérieur, entraînant sa mort en quelques heures, voire quelques jours.
Lors de la pénétration des hyphes, M. anisopliae produit des mycotoxines, dont le rôle est d’accélérer le dépérissement de l’hôte, mais également la prolifération du champignon. Ces dernières sont de plusieurs natures, les plus intéressantes faisant partie du groupe des destruxines. Ensuite commence l’activité saprophytique. Le cadavre de l’hôte se momifie et prend fréquemment une couleur rougeâtre. En hygrométrie assez élevée, une moisissure blanche se développe, puis devient verte assez rapidement. L’apparition du germe à la surface de l’hôte, combinée à des conditions environnementales satisfaisantes (25 °C, taux d’humidité > 90 %) permettent la sporulation, assurant la dissémination des conidies.
Si la plupart des insectes vivant au niveau du sol ont développé des mécanismes de défense naturelle contre M. anisopliae, ce dernier évolue sans cesse pour surmonter ces barrières, ce qui mène à la production d’un grand nombre de souches propres à certains groupes d’hôtes. À noter que la souche F52 du M. anisopliae présente dans Lalguard M52 GR reste active dans le sol pendant un an environ.
- Conditions d’utilisation : les granulés de Lalguard M52 GR doivent être mélangés de façon homogène dans le sol ou le substrat, afin que les spores de M. anisopliae soient bien dispersées. Pour traiter un terreau, il est conseillé d’utiliser un mélangeur. Plus les spores se diffusent et plus les larves terricoles sont susceptibles d’entrer en contact avec le champignon et d’être éliminées. Lorsque les plantes doivent être rempotées, il est préférable d’utiliser un substrat traité avec le produit, car l’ancienne protection ne s’avère peut-être plus optimale à ce stade de la culture.
Lalguard Met52 OD est classé très toxique pour les organismes aquatiques. Une zone non traitée de cinq mètres doit donc être respectée par rapport aux points d’eau.
Jérôme JullienPour accéder à l'ensembles nos offres :