Bacillus pumilus QST 2808, bactérie antagoniste d’oïdiums
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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES ENVISAGEABLES
- Propriétés : Bacillus pumilus QST 2808 est une bactérie ubiquiste (présente partout), Gram positive*, en forme de bâtonnet. Considéré comme un saprophyte (vivant sur la matière organique morte), ce micro-organisme aérobie appartient au groupe de Bacillus subtilis, bactérie également utilisée en biocontrôle comme stimulateur de défenses naturelles des plantes (SDP).
Il est omniprésent dans la nature, mais aussi dans le sol, où ses spores persistent dans la rhizosphère et lors de la décomposition des tissus végétaux lorsqu’il n’est pas sous forme de spores.
- Modes d’action et cibles : bien que B. pumilus QST 2808 soit à même de contrôler différentes maladies fongiques des plantes, il est surtout employé pour prévenir le développement des oïdiums. Il utilise plusieurs mécanismes complémentaires d’action.
Appliquée par pulvérisation sur les parties aériennes, la préparation bactérienne agit principalement par contact en formant une barrière physique à la surface des tissus végétaux. Elle émet également des métabolites qui empêchent la germination des spores de champignons pathogènes et réduisent le développement mycélien. Un amino-sucre, produit naturellement par la bactérie lors de la fermentation, interfère directement avec une enzyme qui utilise le glucose pour construire de nouvelles membranes cellulaires des pathogènes. Cette action permet plus précisément : une inhibition de la formation du septum (cloison intercellulaire du mycélium), une inhibition de la synthèse de la paroi cellulaire et une destruction de l’intégrité de la cellule, entraînant la mort du champignon.
B. pumilus QST 2808 peut aussi entrer en compétition spatiale et nutritive avec les champignons pathogènes.
Enfin, il stimule les défenses naturelles de la plante traitée, par induction de la résistance systémique acquise.
- Application et efficacité : la performance de B. pumilus contre les oïdiums provient généralement du sucre aminé sécrété par la souche 2808. Cependant, cette action peut varier selon divers facteurs comme :
- le positionnement du produit : stade d’intervention par rapport au cycle biologique du pathogène cible ;
- la pression de la maladie : fréquence, intensité, conditions météorologiques ;
- le lessivage : renouveler le traitement en situation à risque après une pluie ou une irrigation de 20 mm.
Sur cultures florales et plantes vertes, l’utilisation de B. pumilus QST 2808 doit être limitée à un maximum de six applications par cycle cultural et par an, en respectant un intervalle de cinq jours au moins. Afin d’obtenir la meilleure efficacité, la pulvérisation doit couvrir l’ensemble de la végétation.
Sur les plantes d’ornement, le volume de bouillie doit être compris entre 200 et 1 500 l/ha, selon les cultures.
La durée de protection est de sept à dix jours en l’absence de pluie ou d’irrigation par aspersion.
- Stratégie de lutte intégrée : les mesures génétiques, culturales et prophylactiques restent essentielles pour prévenir l’apparition des oïdiums en productions horticoles ornementales : variétés tolérantes, optimisation de la densité, distançage, aération, fertilisation raisonnée en azote, désherbage, élimination des déchets organiques… Mais la réalisation d’un ou de plusieurs traitements peut s’avérer nécessaire lorsqu’un risque de contamination est identifié sur une culture sensible. Pour ce faire, comme l’ont démontré divers essais, B. pumilus QST 2808 a parfois intérêt à être utilisé en alternance ou en association avec d’autres fongicides autorisés en biocontrôle : huile essentielle d’orange douce, hydrogénocarbonate de potassium, soufre, et en conventionnel : azoxystrobine, boscalid, difénoconazole, krésoxim-méthyl, métrafénone, pyraclostrobine. Ceci après que l’utilisateur s’est assuré de la compatibilité et de l’absence de phytotoxicité pour chaque culture ornementale !
Des études ont confirmé que l’efficacité de B. pumilus QST 2808 était décorrélée des températures.
En application préventive, au plus tard dès le début des contaminations (avant les phases d’infection, d’incubation ainsi que d’expression des symptômes), le niveau de protection est souvent comparable à celui du soufre utilisé à la dose homologuée, mais la solution bactériennerisque cependant moins d’entraîner une phytotoxicité à un stade phénologique sensible lors d’une période de chaleur élevée (plus de 28 °C) que le produit minéral.
CYCLE, CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT
- Éléments de biologie : B. pumilus QST 2808 a pour forme cellulaire des bâtonnets droits à bouts arrondis. Il est mobile grâce à un système de flagelle qui couvre l’ensemble de ses côtés. En se multipliant, la bactérie forme de grandes colonies. Quand les conditions environnementales(pressions osmotiques, pH, températures, rayons UV, dessiccation) sont difficiles ou extrêmes, elle peut résister sous forme d’endospore en se constituant une coque protectrice dure.
- Toxicologie, respect de l’environnement : lors d’évaluations officielles pour différentes préparations commerciales, B. pumilus QST 2808 n’a montré aucun risque toxicologique pour divers auxiliaires des cultures : abeille domestique Apis mellifera, coccinelle Hippodamia convergens, chrysope verte Chrysoperla carnea, hyménoptère parasitoïde Aphidius rhopalosiphi, acarien prédateur Typhlodromus pyri.
La bactérie s’est révélée toxique aux plus fortes concentrations sur certains organismes aquatiques comme la truite arc-en-ciel Oncorhynchus mykiss et la daphnie Daphnia magna. Mais pas sur l’algue verte Desmodesmus subspicatus, ni sur la lentille d’eau gibbeuse Lemna gibba.
En conséquence, les risques liés à une contamination des eaux de surface par la dérive de pulvérisation sont considérés comme acceptables mais, par précaution, il est exigé qu’une zone non traitée de cinq mètres en bordure des points d’eau soit bien respectée.
Jérôme Jullien*Gram positif : les bactéries qui apparaissent colorées en violet au microscope lorsqu’on emploie la technique de coloration de gram. Cela permet de les classifier et de déterminer rapidement le traitement adapté.
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