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Feltiella acarisuga, cécidomyie prédatrice de tétranyques

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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES
ENVISAGEABLES

- Proies : certaines cécidomyies ont un régime alimentaire carnassier et sont des auxiliaires de culture tels qu’Aphidoletes aphidimyza, consommatrice de pucerons, et Feltiella acarisuga (anciennement appelée Therodiplosis persicae), une prédatrice d’acariens.

Cette dernière, originaire d’Europe occidentale et du bassin méditerranéen, est un moucheron qui s’alimente exclusivement d’acariens au stade larvaire, notamment d’espèces phytophages appartenant au groupe des tétranyques (Tetranychus cinnaba­rinus, T. kanzawai, T. turkestani, T. urticae…), dont elle assure une régulation des populations.

Cette cécidomyie est introduite en serres horticoles pour le biocontrôle, mais ap­paraît aussi spontanément de mai à septembre sur des plantes d’ornement, en par­ticulier sous abris, où les tétranyques tisserands se montrent les plus fréquents et abondants.

Au stade adulte, F. acarisuga est floricole et se disperse aisément par le vol.

- Comportement et efficacité : les larves de F. acarisuga se nourrissent de tous les stades des tétranyques (adultes, œufs, larves­, nymphes), y compris les spécimens en diapause. Ces prédatrices font preuve d’une grande efficacité sur les foyers d’infestation déclarés.

Les femelles adultes, qui sont extrêmement habiles, recherchent des proies essentielles à la survie de leur descendance, en pondant plus de cent œufs par zone infestée­.

Dès l’éclosion, les jeunes larves, à l’aide de leurs pièces buccales, commencent à saisir les œufs et les acariens puis à les vider en aspirant le contenu. L’activité larvaire est corrélée à celle des acariens : plus la population­ de ravageurs est importante, plus les larves de cécidomyies en consomment. F. acarisuga anéantit au moins cinq fois plus de tétranyques que l’acarien prédateur Phytoseiulus persimilis, à raison de quinze tétranyques ou jusqu’à 50 œufs par jour.

Dans certains cas, il est intéressant d’utiliser la cécidomyie en association avec des acariens Phytoséiides (Phytoseiulus persimilis, Neoseiulus californicus) ou bien avec la coccinelle Stethorus punctillum pour op­timiser la régulation, mais jamais avec des auxiliaires polyphages tels que la punaise Macrolophus pygmaeus.

Les larves de F. acarisuga peuvent survivre plusieurs jours sans se nourrir, mais cela peut entraîner une nymphose précoce en fin de cycle larvaire.

L’autre avantage de la cécidomyie est le maintien de son activité au printemps et en automne par temps frais et nuageux. L’optimum climatique se situe à 80 % d’humidité relative, dans des plages de température comprises entre 20 et 27 °C.

Dans les régions tempérées, F. acarisuga peut passer l’hiver au stade prénymphal.

L’adulte, qui est non prédateur, a besoin pour vivre­ d’eau et de sucre, de nectar ou du miellat des pucerons.

Afin de vérifier l’efficacité de la cécidomyie, on doit trouver les premières larves actives dix jours après le lâcher. Le rapport Feltiella/tétranyques doit être de 1/10. Enfin­, le foyer d’infestation doit être circonscrit et les jeunes pousses saines.

- Toxicité de substances actives : l’étofenprox est très toxique sur les cécidomyies, l’abamectine et les pyréthri­noïdes de synthèse (lambda-cyhalothrine, tau-fluvalinate…) sont toxiques.

CYCLE, CONDITIONS
DE DÉVELOPPEMENT

- Morphologie

- Adulte : moucheron de 1,8 mm de long, marron clair, avec des reflets rosâtres, dont le corps et les ailes sont recouverts de poils. Il existe un dimorphisme sexuel au niveau des antennes segmentées : celles du mâle sont plus longues et poilues que celles de la femelle.

L’appareil buccal de type suceur sert à prélever­ les liquides sucrés.

Les pattes sont fines et plus longues que le corps (3,5 mm).

Des confusions sont possibles lors d’une observation visuelle en culture : F. acarisuga est plus petit et plus pâle que les mouches noires des terreaux (Scaridés, Éphydridés) et a des antennes incurvées, mais peut être pris pour un moustique.

- Œuf : de forme allongée à l’aspect de banane, transparent à jaune clair, d’un diamètre légèrement supérieur à celui des œufs d’acariens, difficile à voir dans les cultures en raison de sa petitesse.

- Larve : fusiforme, apode, qui est d’abord blanche, puis orangée, parfois jaunâtre ou rougeâtre, selon le régime alimentaire. Elle mesure de 0,4 à 1,9 mm de long suivant son stade.

Au fur et à mesure de sa croissance, un point rouge apparaît sur la partie antérieure à la ligne médiane, puis la larve prend une couleur sombre et des petits points blancs naissent sur son corps.

Attention au risque de confusion lors d’une observation sur le terrain, car cet asticot­ ressemble à la larve d’Aphidoletes aphidimyza, qui ne se nourrit pas d’acariens mais de pucerons. Cependant, la présence de cette autre cécidomyie in­dique, bien souvent, celle de pucerons.

- Nymphe : petit cocon blanc, présent d’ordinaire le long d’une nervure de la face inférieure d’une feuille.

- Cycle biologique : holométaboles, les cécidomyies sont des insectes à métamorphose complète. Leur développement se déroule en quatre étapes principales : l’œuf, trois stades larvaires, la nymphe ou pupe et enfin l’adulte ou imago.

Le développement de F. acarisuga dépend de la température, de l’hygrométrie et de la densité de proies. De l’œuf à l’imago, il faut compter 35 jours à 15 °C, contre 15 à 30 °C et 10 seulement à 27 °C. Les adultes s’accouplent dès le lendemain de l’émergence. Après un à deux jours, la femelle fécondée­ commence à pondre ses œufs de façon éparse à la face inférieure des feuilles infestées, souvent près des ner­vures, dans ou à proximité des colonies d’acariens, parfois sur les toiles des tétranyques tisserands. Ainsi les larves, qui sont peu mobiles, disposent dès le premier stade d’une ressource alimentaire à leur portée immédiate.

Mais si les températures sont inférieures à 8 °C environ ou dépassent 35 °C, l’éclosion n’a pas lieu. La cécidomyie a également besoin d’un taux d’humidité élevé pour se développer, ce qui explique pourquoi la mortalité des individus est importante en dessous de 65 % d’humidité relative. Un faible taux engendre aussi des conséquences néfastes sur la durée de vie des adultes et l’oviposition.

Une femelle peut vivre jusqu’à 14 jours et pondre près de 60 œufs à une température de 20 à 27 °C et à une hygrométrie com­prise entre 75 et 85 %.

À la fin du développement larvaire, la pupaison a lieu sous les feuilles. La larve va tisser un cocon dans lequel elle se nymphose, puis émerge un adulte apte à se reproduire­. Le ratio de femelles est d’en­viron 60 %.

On observe une diapause en période de jours courts, accentuée par la prédation des formes hivernantes de tétranyques.

Jérôme Jullien

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