Même si les chiffres à mettre en face de la tendance restent difficiles à trouver et à vérifier, on peut sans risques avancer qu’à l’image de la réduction du nombre d’entreprises horticoles dans l’Hexagone, celle des surfaces de serres verre a subi une érosion certaine ces dernières années. Avec des dommages qui se constatent au hasard des visites et des promenades : de nombreux sites sont complètement abandonnés et en ruine, laissant des structures rongées par la rouille et des verres cassés. Des morceaux pendent parfois des structures métalliques encore debout, attendant on ne sait trop quel coup de vent ou autre événement pour tomber.
La chambre d’agriculture du Var s’est émue du problème et a tenté d’inventorier les sites abandonnés. Et son constat est alarmant : pour l’essentiel, ces serres ne sont plus guère bonnes qu’à la destruction. Un démantèlement qui tarde car l’opération est chère, parfois compliquée d’un point de vue technique ou administratif (le propriétaire de la serre peut par exemple être différent de celui du foncier !), et qui devrait la plupart du temps être réalisée par une entreprise qui a cessé son activité…
Tant que les serres restent en bon état, elles peuvent pourtant être démontées et valorisées. Mais le coût de l’opération, surtout en période de marges dégradées et de ventes difficiles, reste élevé.
Il n’est pas certain que le plus grand risque soit celui qu’un jour arrive un accident de personne : les serres abandonnées sont souvent situées dans des terrains privés interdits d’accès.
Cependant, les sites sont parfois visibles du domaine public et peuvent nuire au paysage, au grand dam des citoyens. Et il faut noter que taper « serre abandonnée » sur un moteur de recherche amène l’internaute vers de nombreux sites de pratique « d’urbex », c’est-à-dire d’exploration urbaine, qui proposent aux plus intrépides de découvrir des lieux atypiques en toute illégalité…
Ces serres ne sont donc peut-être pas dans un état repoussant pour tout le monde !
Vers une législation plus contraignante ?
Les outils de travail abandonnés ne sont pas l’apanage du seul secteur du végétal : combien d’usines désaffectées, dans autant de villes, ont laissé leur carcasse en cours de dégradation à la vue de tous ? Les serres et leur verre dangereux sont peut-être juste un peu plus impressionnants que les bâtiments.
C’est souvent l’évolution du modèle économique qui permet à un site d’évoluer. Un terrain qui obtient le statut « à bâtir » prend une telle valeur qu’il permet de réaliser des travaux lourds.
Certaines communes décident parfois d’en racheter afin de leur trouver un nouvel usage (Le Lien horticole n° 1142, janvier-février 2025 - page 33)… Mais globalement, les situations mettent souvent du temps à évoluer. Jusqu’à ce qu’un jour le législateur ne mette en place une réglementation plus contraignante ?