“ J'ai créé mon jardin laboratoire ! ”

Samedi 6 octobre dernier, Benoît Moulin inaugurait officiellement son jardin d'essais, à Vailhauquès (34), presque deux ans jour pour jour après la création de cet espace. Pour l'occasion, il recevait des clients et prospects, des passionnés de jardins et des adhérents d'associations horticoles comme The Mediterranean Garden Society (MGS) ou Hortus.

« J'ai commencé à développer ce lieu au mois d'octobre 2010. Il me permet de poursuivre mes travaux d'observation sur les plantes adaptées aux sols et au climat de la région, et résistantes au froid (jusqu'à - 15 °C). Implanté dans l'Hérault, j'ai choisi de me spécialiser dans le jardin méditerranéen proche des conditions climatiques futures, qui vont nous obliger à modifier notre façon de penser la conception des espaces paysagers. Je choisis mes gammes de vivaces et de graminées pour leur diversité et leur dynamique saisonnière », souligne-t-il. En parallèle de la sélection végétale, le paysagiste travaille sur différentes techniques de mise en oeuvre comme ce paillage végétal constitué de petits couvre-sols, alternative aux paillages (minéral et plastique) traditionnels, à l'esthétique plus figée. « Ce laboratoire m'offre la possibilité d'affiner mes choix et de voir évoluer les assemblages que je propose à mes clients. C'est aussi une vitrine “concrète”. »

Jardinier-paysagiste, Benoît Moulin propose tout un ensemble de services : de la conception au contrat de suivi et d'entretien en passant par la réalisation de jardins écologiques et/ou originaux, ou la végétalisation d'une toiture, version « méditerranéenne »...

Parce que « jardin sec » n'est pas synonyme de désert, l'aspect esthétique a son importance. « J'ai actuellement installé 287 genres et variétés dans les gammes de vivaces et graminées, ce qui assure une floraison sur dix mois minimum et offre un intérêt visuel en toutes saisons », poursuit Benoît Moulin. L'essentiel de cet aménagement paysager a été réalisé autour de sa maison et de sa piscine. En contrebas, la végétation est modelée pour jouer avec les perspectives sur la vallée et les collines environnantes. Ici, pas d'utilisation de taille-haie, juste une bonne cisaille. Une zone en taille douce, en « nuages », apporte une touche japonaise. Le fond du terrain est une zone témoin, laissée à la végétation naturelle environnante : la garrigue locale.

Sensible à la diversité végétale et à l'écologie, Benoît Moulin a fait de son jardin d'essais un véritable écosystème (sans traitements phytosanitaires) agréé LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Il organise d'ailleurs ses chantiers d'aménagement autour d'une approche très économe en intrants, en arrosage et en entretien. Les plantes doivent supporter la sécheresse tout en restant esthétiques.

Son bureau d'études en paysage, Instant de jardin, a vu le jour en mars 2012. Après un BTS « aménagement paysager » au lycée horticole le Fresne à Angers, Benoît Moulin a eu plusieurs expériences professionnelles : chez Christophe Valayé Jardin et topiaires, à Gages-le-Bas (12) ; en tant que responsable jardin client pendant deux ans chez Michel Bras, Relais & châteaux, à Laguiole (12) ; aux pépinières Lepage, à Angers (49), comme responsable de la multiplication (bouturage, division) et des expéditions ; et aux pépinières Filippi, à Mèze (34), affecté durant un an au rempotage et aux expéditions.

Photographe par passion, il partage sur son site Internet, www.instantdejardin.fr, des informations sur les jardins méditerranéens ou encore l'évolution de son jardin d'essais à travers photographies et diaporamas (fleurs, graminées, faune, sites d'observation et visites de jardins ou de réalisations). En cours d'aménagement, son jardin d'essais s'étoffe au fil du temps. Les dernières pluies et l'automne particulièrement doux lui ont redonné tenue et couleurs. Au sortir d'un été chaud et sec, comme il se doit dans le Sud, la végétation joue beaucoup sur les tons de gris et de vert. Nul doute que les plantes seront au mieux de leur forme à l'occasion des prochaines portes ouvertes, fin mai 2013, période la plus explosive pour les floraisons dans la région…

Odile Maillard