Login

“ Miser sur des outils technologiques durables ”

Arjan Bos, pépiniériste à Boskoop, aux Pays-Bas, n'hésite pas à faire appel aux dernières avancées technologiques pour moderniser son entreprise. Après la gestion de l'eau, il a récemment investi dans une nouvelle serre en verre pour abriter ses érables japonais.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Arjan Bos dirige les pépinières Bos en Hoogenboom, à Boskoop, spécialisées dans la production d'Acer. Il mise le développement de son entreprise sur l'intégration de solutions techniques modernes et durables. Ainsi l'exploitation est-elle autosuffisante en ce qui concerne l'eau d'irrigation. Et le pépiniériste a récemment construit une nouvelle serre, équipée d'un verre diffus.

La totalité de la production est conduite sur un sol de culture sur pouzzolane. Une couche de 10 cm de roche poreuse assure un drainage vertical et une première filtration de l'eau d'irrigation (1). Dans la nouvelle serre, la société néerlandaise Erfgoed a aménagé ce même type de sol sur environ un hectare. Nouveauté par rapport aux parcelles extérieures : une nappe d'irrigation, Florimat 3 (distribuée par Flowering Plants Ltd, Royaume-Uni), est placée sous la toile hors-sol (2). Elle se compose de fibres hydrophiles capables de retenir l'eau et d'en assurer la diffusion homogène. « Elle permet un bon développement racinaire », assure Arjan Bos, satisfait. Florimat est installée uniquement dans la serre. « À l'extérieur, les détritus satureraient la nappe. » Le sol a été divisé en plusieurs sections indépendantes de façon à pouvoir ajuster la dose d'irrigation aux différents genres et tailles cultivés dans la serre.

L'eau coule en quantité à Boskoop, comme l'attestent les nombreux canaux maillant la région, mais l'eau souterraine, salée, remonte en surface, en particulier en période de sécheresse. Or, les cultures de la pépinière ne tolèrent pas l'eau saumâtre. Les pépinières Bos en Hoogenboom sont donc à la pointe en matière de récupération et recyclage de l'eau. La totalité des eaux de drainage est récupérée par des conduits positionnés sous la pouzzolane. Quatre grands réservoirs en tôle ondulée permettent le stockage de cette eau. Un système de désinfection UV traite l'eau de drainage pour diminuer les risques de maladie. L'eau désinfectée est réutilisée pour l'irrigation. L'entreprise réduit ainsi sa consommation d'eau, mais également de fertilisants puisque les éléments nutritifs lessivés sont réutilisés. Par ailleurs, des bassins stockent l'eau de pluie (8 000 m3) récupérée des toitures de serres. Une partie de l'eau, désinfectée par osmose inverse, est utilisée pour le fog system à haute pression (70-120 bars). « Cela permet à la fois d'humidifier et de rafraîchir l'air de la serre », souligne Aas Verduijn, ingénieur technico-commercial chez Stolze, qui a installé l'ensemble du réseau d'irrigation (fog system, sprinklers, goutteurs...) et du réseau électrique. « Il fait descendre la température de 4 à 7 °C (3). Mais il exige une eau de qualité. » Autre utilisation de l'eau sur la pépinière : le refroidissement de la serre par aspersion sur toiture (roof cooling).

En 2007, Arjan Bos a accepté de participer à un groupe pilote pour une étude menée par l'institut de recherche végétale appliquée (PPO) de l'université de Wageningen. Objectif : évaluer l'intérêt d'un système de pesage développé par l'entreprise Broere Beregening pour estimer les besoins en eau à partir du poids du pot ; la perte en eau est mesurée à l'aide de capteurs de pression qui déclenchent l'irrigation si nécessaire. L'expérimentation a été un succès (source : De Boomkwekerij 23/24, 8 juin 2007).

La nouvelle serre Venlo de 1,15 ha, de 4,20 m de hauteur sous chéneau, est équipée d'un verre spécial. Développé pour l'industrie solaire, produit en Inde et en Chine, le verre Vetrasol 503 transmet plus de 91 % de la lumière et la diffuse, réduisant ainsi les risques de brûlure du feuillage. Il a également subi un traitement pour la sécurité. « C'est un verre sécurit (« safety glass ») : quand il casse, cela produit de tout petits fragments qui ne sont pas coupants », explique un représentant de Prins Group, l'entreprise qui a installé la serre. « On peut marcher dessus. Elle a été construite de façon à supporter 60 kg/m2 (en cas de fortes chutes de neige). » Autre atout avancé du matériau : il laisse passer 68 % des UVB. Du fait de cette caractéristique, « il permet d'obtenir des plantes plus colorées que sous une serre en plastique », affirme Arjan Bos. Un bémol toutefois : la surface extérieure, rugueuse, peut rendre son entretien difficile sans machines spécifiques susceptibles de nettoyer la toiture. Ce verre coûte environ trois fois plus cher qu'un modèle standard. L'investissement total (sol de culture sur lave et serre) a été de 1,3 million d'euros. « Je veux de la qualité durable. Je sais que c'est l'avenir et il s'agit d'une grande avancée pour nous. Ce verre offre les avantages du plastique sans ses inconvénients (dégradation par les UV) ; et il n'a pas besoin d'être blanchi. » Les panneaux latéraux de la serre sont translucides pour assurer une croissance uniforme de la culture. La toiture est équipée d'écrans XLS 50 Harmony Revolux, produits par la société Ludvig Svensson. Ils réfléchissent la lumière le jour et conservent la chaleur la nuit.

Valérie Vidril

(1) Voir le Lien horticole n° 724 du 20 octobre 2010 « Nous récupérons l'eau de drainage de notre pépinière » pp. 10-11. (2) Voir le Lien horticole n° 748 du 13 avril 2011 « Une nappe d'irrigation au secours des santolines » pp. 12-13. (3) L'évaporation des microgouttelettes (1 μm) au contact de l'air chaud de la serre consomme de l'énergie, ce qui entraîne un refroidissement.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement