“ Des pots en plastique recyclé, recyclables à leur tour ! ”
Frédéric Gény, producteur à Cernay (68), a choisi d'utiliser des pots en plastique recyclé pour ses plants biologiques. Contrairement aux contenants biodégradables, trop chers et peut-être pas si neutres vis-à-vis de l'environnement, l'impact de cette matière recyclée a été optimisé dans une démarche de développement durable.
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« Comme nous voulions rester logiques, les pots en plastique recyclé, recyclables à leur tour, semblaient le choix le plus cohérent. » Producteur à Cernay (68), Frédéric Gény a pris cette décision quand il a commencé la production de plants de légumes biologiques l'an passé. « Produire avec des pots biodégradables peut être plus polluant que du plastique. Chez notre fournisseur, Pöppelmann, tous les pots noirs sont en plastique recyclé. » Philippe Fuhrer, chef des ventes de cette société, confirme : « Aujourd'hui, il y a 80 à 90 % de matière recyclée dans nos fabrications. Cela inclut toutes sortes de déchets plastiques. Il s'agit d'un choix économique et écologique. »
Une production de plants de légumes biologiques
« Pour les plants de légumes, la demande en bio existe depuis quelques années. Nous sous-traitons cette culture à un producteur, et nous la proposons dans notre gamme à nos clients », explique Frédéric Gény. « La question de la présentation et du contenant s'est tout de suite posée : comment différencier le bio dans la logique de cette production ? Le bois, c'est sympa, mais ça se dégrade trop vite, même sur les linéaires à cause de l'humidité. Les pots biodégradables sont beaucoup plus chers et peu convaincants en termes de bilan énergétique global. Le plastique recyclé est donc apparu comme la meilleure solution. Il a déjà été produit pour d'autres utilisations. Le recycler est moins énergivore que de le créer. »
Au moment de la prise de décision, l'entreprise a comparé toutes les possibilités qui s'offraient à elle : « le prix était aussi un critère important car nous voulions que le plant de légume reste abordable pour le consommateur. C'est d'ailleurs l'une de nos devises : il ne faut pas renchérir le produit. Le jardin doit rester un plaisir pas trop coûteux », souligne le producteur. Le choix du recyclé a aussi influé sur la démarche marketing : « pour les plants de légumes traditionnels, nous utilisons principalement des pots de couleur pour différencier les variétés. Mais ils ne peuvent pas être fabriqués en plastique recyclé, déjà coloré. Il nous fallait un contenant spécifique pour différencier la production bio des produits conventionnels. Nous avons donc retenu le pot noir pour la gamme bio et de couleur pour le traditionnel. L'important est de pouvoir bien distinguer visuellement les deux. » Cette utilisation reste dans la logique de l'entreprise : « nous rationalisons le transport de nos marchandises ; nous trions nos poubelles ; les déchets organiques sont compostés et récupérés par un agriculteur ; nous récupérons les eaux de pluie qui nous fournissent deux tiers des eaux d'arrosage ; nous sommes adhérents MPS (Milieu Programma Sierteelt en néerlandais, soit programme environnemental pour l'horticulture) ; nous privilégions les cultures froides (les plants de légumes et aromatiques ne sont pas de gros consommateurs de chauffage), et nous avons changé nos méthodes de culture sur les autres productions, en rempotant plus tôt et en allongeant la période de production pour chauffer moins sans changer notre gamme. Selon le même raisonnement, nous avons préféré le chauffage au sol et la subirrigation avec recyclage automatique », poursuit Frédéric Gény.
Le plastique écologique ?
Pöppelmann, fabricant allemand de plastiques pour tous les usages, veut que l'écologie ne soit pas un vain mot et s'applique à tous les échelons de la fabrication et de la vie de l'entreprise. « Nous sommes transformateurs de matière plastique. Plusieurs critères sont importants : tout d'abord le processus car nous devons réussir à transformer cette matière et à industrialiser notre technique dans des conditions optimales d'utilisation d'énergie et de résultat. Ensuite, nous privilégions les possibilités de stockage et de transport du produit pour qu'il prenne le moins de place possible tout en restant inerte, sans déformation à la chaleur par exemple. Enfin, le produit doit être économiquement intéressant pour nos clients. Nous avons recherché un pot biodégradable qui ne s'altère pas pendant la période de culture mais seulement après. Nous avons trouvé, mais il était sept fois plus cher qu'un pot normal, donc économiquement pas viable ! », explique Philippe Fuhrer.
À ce jour, et en l'absence de bilan carbone global, trop coûteux à réaliser pour toutes les fabrications, Pöppelmann estime qu'il n'existe pas de matériau réellement biodégradable utilisable en horticulture et qu'un pot bio revient au minimum trois fois plus cher, dans le meilleur des cas. De nouvelles pistes de travail existent toutefois pour réduire l'empreinte carbone. « Une autre façon d'être écologique est de diminuer la quantité de matière utilisée, tout en conservant la qualité du support que représente le pot », précise le chef des ventes. « Aujourd'hui chez Pöppelmann, un pot de 9 pèse 4,6 g contre 15 g il y a quinze ans. Le challenge est d'arriver à maintenir la qualité, à sécuriser le produit dans son utilisation chez nos clients, en consommant des matières premières moins qualitatives, c'est-à-dire toutes sortes de plastique recyclé. On travaille ainsi sur des “recettes” de fabrication à partir de matières recyclées issues de plusieurs fournisseurs. Le critère technique c'est la fluidité du résultat obtenu, indispensable pour l'injection. La logique de ces choix réside dans une prise en compte de multiples critères pour une analyse globale. Une démarche ne peut être écologique que dans son ensemble, et s'inscrit alors dans un système cohérent à l'échelle de chaque entreprise, mais aussi de la planète ! »
Cécile Claveirole
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