“Caresser les plantes pour réguler au mieux leur croissance”
Installé à Lannion (22), Alain Brichet a recours à la thigmomorphogenèse : une technique simple, sans risque et économe pour peu que la culture soit arrosée avec un chariot d'irrigation.
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Début 2013, au cours d'une visite à la station d'expérimentation Arexhor-Pays de la Loire, Alain Brichet, responsable de production des Établissements Brichet, à Lannion (22), découvre la thigmomorphogenèse (*). Ce mot plutôt barbare désigne un procédé tout simple mais bien utile, que le producteur décide de tester sur ses propres cultures, puisqu'il permet ni plus ni moins de limiter voire de se passer complètement de régulateurs de croissance.
L'exploitation d'Alain Brichet et de son frère Daniel, responsable de la commercialisation et de la comptabilité, se subdivise en petits tunnels non chauffés, tunnels et multichapelles plastique avec chauffage antigel et serres verre chauffées (chauffage au sol ou aérien, Microdésu). Les structures légères sont couvertes de film transparent thermique en hiver et de film Solatrol (**) pour limiter la température en été. « En combinant la caresse des plantes et le filtre lumineux Solatrol, je n'ai presque pas besoin de régulateurs », remarque Alain Brichet. Il applique le nouveau procédé sur toutes ses cultures : plants de tomate, plantes à massif, chrysanthèmes... Sur ces derniers, les applications chimiques sont encore nécessaires, mais elles sont divisées par trois. En culture de géranium, de deux ou trois applications, le producteur est passé à zéro.
Le procédé consiste à toucher régulièrement une plante, ce qui revient à inhiber son apex. Résultat : la croissance est réduite, la ramification est améliorée. Pour ce faire, Alain Brichet a installé sur ses chariots d'irrigation une bande de bâche plastique de 200 microns, découpée en lamelles pour ne pas renverser les végétaux. L'Arexhor-Pays de la Loire recommande un aller-retour une fois par jour (intensité de stimulation), avec cinq passages par semaine (fréquence). Pour réduire l'effet de la stimulation, Alain Ferre, directeur de la station, conseille de diminuer le nombre d'allers par jour, plutôt que celui de passages par semaine. « Ainsi, pour des cultures ne nécessitant que peu de régulateurs de croissance, nous passerions cinq fois par semaine un aller par jour. Pour d'autres plus coriaces, moins réceptives, nous interviendrions également cinq fois par semaine, mais à raison de deux allers-retours par jour. » Toutefois, sur l'exploitation d'Alain Brichet, les « caresses » sont moins régulières, faute de temps. Elles se déroulent deux fois par semaine durant l'arrosage (cinq allers-retours successifs), qui peut avoir lieu à n'importe quel moment de la journée.
Un assemblage mécanique permet de régler manuellement la hauteur de la bande plastique, en fonction de celle des plantes. La traîne caresse les jeunes plants dès leur mise en place dans les tunnels (boutures enracinées). Pour les chrysanthèmes, la stimulation a commencé début août et a été stoppée dès l'apparition des boutons floraux. Selon Alain Brichet, la technique « forme bien la plante » et les cultures sont homogènes. En revanche, sur une parcelle, l'arrêt de la stimulation réalisée jusqu'alors avec succès sur des jeunes plants (suite à la mise en place d'un arrosage manuel) a entraîné leur étiolement, avec des plantes trop hautes au final.
Le « plus » : la traîne plastique provoque l'envol des ravageurs qui se retrouvent piégés sur la bande jaune engluée que le producteur a installée sur le chariot et qu'il change tous les mois.
Valérie Vidril
(*) Voir le Lien horticole n° 894 (16 juillet 2014), « Thigmomorphogenèse : réguler les plantes en les touchant », p. 12-13. (**) Voir le Lien horticole n° 800 (16 mai 2012), « Le film technique améliore la qualité de mes plantes », p. 8-9.
Pour le responsable de production, la thigmomorphogenèse permet de maîtriser de manière économe la croissance des plantes et favorise leur homogénéité.
Un plus du dispositif mécanique : la traîne plastique provoque l'envol des ravageurs qui se retrouvent piégés sur la bande jaune engluée.
Le producteur règle manuellement la hauteur de la bande plastique en fonction de celle des plantes, à l'aide d'un assemblage mécanique. Dès leur mise en place au coeur des tunnels, les jeunes plants sont « caressés ».
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