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“ Des compétences en aménagement durable ancrées dans l'histoire du site ”

Henri Saudemont, Laurent Meurot et Nicolas Durand, les trois directeurs de Marcanterra Bois et Plan tes, à Saint-Quentin-en-Tourmont, dans la Somme, se sont appuyés sur l'environnement naturel du lieu et son histoire pour positionner leur entreprise en tant que spécialiste de l'aménagement des milieux naturels.

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« Notre image est liée à celle de la Baie de Somme », souligne Nicolas Durand, directeur technique de Marcanterra. « Et nos compétences en aménagement durable sont ancrées dans l'histoire du site. » Nichée dans un cadre exceptionnel et préservé, non loin de la mer, l'entreprise produit des solutions végétales pour l'aménagement des zones humides : plantes aquatiques et de milieux humides, systèmes précultivés. Elle conçoit et fabrique également des ouvrages en bois « pour milieux naturels ». Cette notion de « naturel », les trois directeurs de Marcanterra ont su la choyer pour en faire une valeur intrinsèque de l'exploitation. S'appuyant sur l'environnement de la société, ils lui ont construit une image cohérente autour d'un slogan « L'homme, la nature, le futur ».

Le nom de Marcanterra et son logo évoquant la silhouette d'une mouette associent sans conteste l'entreprise au parc ornithologique du domaine du Marquenterre. Effectivement, les deux sites ont une histoire commune. Les terrains de dunes et de pins achetés en 1923 par la famille Jeanson sont d'abord alloués à la chasse et aux cultures légumières. La production de bulbes à fleurs s'y développe après la seconde guerre, avant de décliner face à la concurrence hollandaise. « L'entreprise se situe sur une importante zone de migration, explique Nicolas Durand, d'où l'idée de convertir le polder agricole en parc ornithologique. » Cette nouvelle activité oblige les propriétaires à prendre en charge à la fois l'accueil du public et celui des oiseaux migrateurs. « Cela s'est traduit par la nécessité d'aménager les berges, de réaliser des cheminements, de protéger les dunes..., c'est-à-dire tout ce que nous mettons en oeuvre aujourd'hui », raconte Henri Saudemont, directeur général de Marcanterra. La présence des forêts de pins nécessitant de fortes éclaircies, et l'existence de bâtiments et d'équipements jusqu'alors affectés au stockage incitent par ailleurs la famille Jeanson à créer une nouvelle activité économique autour de la création d'ouvrages en bois pour les collectivités. Dans les années 1980, le domaine du Marquenterre emploie ainsi quatre-vingts personnes pour l'accueil du public du parc ornithologique, le pôle touristique (restaurant...), la gestion foncière, ainsi que les activités horticole et sylvicole. « Toutes ces activités avaient pour objectif de préserver et d'améliorer le site, poursuit Henri Saudemont. La finesse stratégique de la famille Jeanson résidait dans cette volonté de développement durable. »

En 2002, l'entreprise ne gère plus que l'activité touristique du domaine du Marquenterre (1 000 ha) et l'activité du bois et des plantes, qu'elle a renforcée dès 1997 en rachetant une pépinière de vivaces du village, et en se recentrant sur la production de plantes aquatiques et sur le saule pour le génie végétal. Ce pôle « bois et plantes » ne cesse de se développer, avec une augmentation annuelle du chiffre d'affaires de 15 à 20 %, provoquant des besoins en fond de roulement et en trésorerie... En 2004, la famille Jeanson sépare les deux entités. Et en 2009, les trois associés acquièrent Marcanterra Bois et Plantes. À eux trois, ils ont 45 ans d'ancienneté cumulée dans l'entreprise. « Notre âme est ici, remarque Nicolas Durand. Nous ne pouvons pas dissocier Marcanterra du domaine du Marquenterre et de la Baie de Somme, de nos ouvrages, de notre historique... Si nous déménagions sur Abbeville par exemple, l'entreprise perdrait son identité. »

« Nous nous sommes recentrés sur la fourniture de végétal pour l'aménagement des zones humides et le génie écologique, explique Henri Saudemont. Nous avons fait appel ni plus ni moins aux techniques mises en oeuvre depuis 90 ans sur le site, avec des compétences en interne, et que nous avons essayé d'améliorer. Pour l'aménagement des berges par exemple, l'emploi de nattes ou boudins en coco prévégétalisés permet de pallier les difficultés hydrauliques ou de période de plantation. Côté végétal, nous nous sommes basés sur ce qui existe naturellement dans les grands groupements végétaux. Plus de 90 % de notre production est constituée de ce qu'on trouverait dans les alentours. »

« Dès que la plante est mise en pot, elle est placée à l'extérieur, dans les conditions les plus proches possibles du milieu final, relève Nicolas Durand. Nous utilisons les abris uniquement pour la multiplication. » Outre l'aménagement des milieux humides, Marcanterra fournit des plantes pour l'épuration des eaux (filtres plantés de roseaux). En production de plantes aquatiques, le chiffre d'affaires est passé de 150 000 euros en 2001 à environ un million aujourd'hui. L'objectif des codirigeants est d'optimiser la pépinière. « La possibilité de planter nos systèmes précultivés avec nos propres végétaux nous permet d'être réactifs et d'adapter le végétal aux contraintes du site », continue le directeur technique. Phragmites, Carex, Caltha palustris, Iris pseudacorus, Phalaris, Lythrum salicaria, Typhas... se développent ainsi les pieds dans l'eau. « Une exception à la règle, c'est la culture d'oyat, une graminée qui fixe les dunes. Nous produisons de l'Ammophila arenaria depuis deux ans. La demande augmente, mais 80 % des achats en France proviennent de l'export. Or les acheteurs ne savent pas que ces plantes sont issues généralement de prélèvements dans les espaces naturels. Notre idée est donc de développer une marque ‘Oyat de culture'. » Les radeaux végétalisés combinent à la fois le bois et les plantes aquatiques. « Ils sont composés de flotteurs en liège et bois imputrescible recouverts de nattes d'hélophytes, décrit Nicolas Durand. Ils servent par exemple à améliorer la qualité de l'eau de bassins bétonnés, à fournir des zones de refuge pour les oiseaux (nidification) ou de frayère (réincorporation d'une dynamique piscicole)... »

Dans une offre de marché public, Marcanterra apparaît parfois deux fois : en tant que fournisseur des plantes hélophytes auprès des entreprises du paysage en charge de l'aménagement, et en tant que fournisseur et souvent poseur des ouvrages en bois directement auprès de la collectivité. « Mais nous sommes plus que des fabricants d'ouvrages en bois ou des producteurs de plantes aquatiques, revendique Nicolas Durand. Nous avons acquis un savoir-faire concernant l'accueil du public en zone humide, la gestion des EN DATES espaces naturels, le respect de la faune et de la flore. Nous apportons notre prescription dès l'analyse du dossier d'appel d'offres : avec un chiffrage, des prix et un mémoire technique. » Les deux tiers de l'approvisionnement actuel de l'entreprise sont à base de chêne et autres bois naturellement durables européens, une façon de se démarquer de la concurrence proposant du pin traité et du bois exotique. « Pour le chêne, nous avons développé une filière structurée et disposons de gros volumes en stock chez nos fournisseurs, explique Nicolas Durand. Nous utilisons aussi du robinier faux-acacia pour les parties des ouvrages directement en contact avec la terre ou l'eau (classée 4 naturellement). La certification PEFC de l'entreprise (Pan European Forest Certification) offre la garantie aux collectivités publiques d'une gestion durable du bois utilisé. »

Valérie Vidril

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