“Faire évoluer l'outil de travail”
Malgré la chute des ventes de plantes à massif, Serge Gatelier et son fils Guillaume, horticulteurs dans le Loiret, investissent dans de nouveaux outils pour augmenter la qualité des productions.
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Depuis trente ans, l'EARL Gatelier investit régulièrement. « Faire évoluer l'outil de travail est essentiel », soulignent Serge et Guillaume Gatelier. Si bien que, cette année, Guillaume a repris l'entreprise avec 20 000 m2 de serres et de tunnels, vingt fois plus qu'en 1982. Installée à Mézières-lez-Cléry, dans le Loiret, cette exploitation horticole est spécialisée dans les plantes à massif (géranium, potées fleuries, vivaces), les plants de légumes et les plantes en pot fleuries (chrysanthème, cyclamen, azalée, cinéraire). La production est vendue pour deux tiers à des grandes surfaces et jardineries, le tiers restant à un grossiste et aux particuliers quelques jours par an. Depuis cinq ans environ, les ventes de plantes à massif accusent un net recul, mais la demande est présente. « Le géranium a toujours sa place sur les marchés », indique Serge Gatelier.
L'entreprise écoule environ 400 000 géraniums chaque année mais la plante phare de l'EARL souffre régulièrement de Botrytis et manque de floraison. Plutôt que de baisser les bras, Serge et Guillaume ont choisi la méthode offensive et ont investi 580 000 euros dans une nouvelle serre et une plate-forme de stockage. La serre en verre de 2 500 m2 (5 m de haut) double la luminosité par rapport à une serre de 3 m. Les écrans thermiques et l'aération sont automatisés et le chariot d'arrosage est programmable. Un récupérateur d'eau a été installé. La particularité vient du sol : le père et le fils ont opté pour du bitume. « Nous l'avons d'abord fait pour les conditions de travail, pour rouler facilement avec les chariots. Mais cela a également un effet important sur la température de la serre. Le goudron garde la chaleur. Cet hiver, nous avons économisé 15 % de gaz. » Après une première saison de culture, les géraniums sont de meilleure qualité. « Nous sommes passés de godets de 7 cm à 8 cm, la plante est plus compacte et moins effilée. Son cycle est diminué de huit à dix jours. Nous espérons gagner 10 % supplémentaires sur le prix l'année prochaine. »
Autre investissement récent : les tablettes roulantes à subirrigation. Guillaume les utilise essentiellement pour le mini-cyclamen, qui voit ses ventes décoller en jardinerie. Un bac rempli d'eau est positionné sous la tablette où l'on pose les plantes. Les mini-cyclamens absorbent la quantité d'eau nécessaire, sans être abîmés par l'arrosage. « Nous évitons de mouiller le collet. Le Botrytis a ainsi fortement diminué », ajoute Serge Gatelier. Grâce aux douze tablettes de 20 m de long, ils économisent 50 % des quantités d'eau. L'aménagement de la serre a été repensé et le chauffage, assuré par des thermosiphons (tubes aériens métalliques), a laissé place à un système à air soufflant. L'agrandissement des serres a permis l'embauche d'une personne et l'augmentation de production de plants de légumes : la demande pour le potager est forte. Avec leurs six salariés permanents, Guillaume et Serge produisent une large gamme de plants : poireau, chou, salade, betterave, aubergine, poivron, fraisier, épinard, mâche...
Les investissements vont se poursuivre en 2013-2014. Guillaume pense déjà à robotiser les repiquages, à changer le transmotte-semoir pour les plants de légumes et à investir dans de nouvelles tablettes de subirrigation. « En priorité, nous comptons améliorer les conditions de travail pour nos trois employées féminines », insiste le jeune homme de 32 ans.
Bien que les principaux clients soient des jardineries, l'EARL a une particularité : elle ne vend qu'à 100 km à la ronde. « Nous livrons tout avec nos deux camions le lendemain de la commande. Nous récupérons les rolls vides et nous avons directement le retour du client », précise Serge Gatelier. Grâce à cette organisation, l'entreprise est réactive. Mais le coût de livraison est important : il faut payer le chauffeur, le gasoil, l'entretien des véhicules...
Pour se démarquer, ces horticulteurs vendent leurs plantes avec un chromo personnalisé. Depuis deux ans, ils apposent un logo avec la cathédrale d'Orléans et la marque « Produit orléanais ». Un flashcode renvoie le consommateur au site Internet. « Le “local” est très important. Ça marche bien. » La vente directe évolue également. Dans la nouvelle serre, une partie a été aménagée à cet effet. L'objectif est d'ouvrir tous les week-ends du 1er avril au 15 juin en 2014. « Ce n'était pas notre souhait, mais les clients étaient demandeurs. Nous allons abandonner le marché du dimanche matin à Meung-sur-Loire pour ouvrir ici », indique Serge, qui part progressivement à la retraite. Le week-end, pour accueillir les clients, l'effectif de l'entreprise monte à une dizaine de salariés.
Aude Richard
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