" Investir pour optimiser les surfaces et améliorer le confort de travail "
Olivier et Thomas Roué ont investi régulièrement dans leur entreprise, les pépinières Roué situées dans la campagne bretonne à Plouigneau (29). Leur objectif n'est pas d'augmenter la taille de l'exploitation,mais d'optimiser les surfaces existantes et de faciliter le travail de leurs équipes.
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Nichées au coeur de la campagne bretonne, au lieu-dit Kérangoué, à Plouigneau, les pépinières Roué produisent une vaste gamme de plantes de terre de bruyère. Depuis la reprise de l'entreprise familiale en 2003, les deux frères cogérants, Olivier et Thomas Roué, ont fait évoluer le chiffre d'affaires de 2,8 millions d'euros à 3,1 millionsd'euros en 2016. Une progression légère maîtrisée et assumée : « Nous avons privilégié les investissements de confort de travail plutôt que l'expansion », introduit Thomas Roué.
> Les investissements, réguliers, ont tous une durée d'amortissement comprise entre cinq et dix ans. En 2004, les producteurs investissent dans une serre plastique de 10 000 m2, de fabrication belge, d'un seul tenant, afin de contrôler la production plus facilement. « Aujourd'hui, avant tout achat, nous pensons d'abord à ladisponibilité du service après-vente pour faciliter les opérations de maintenance. »
Olivier et Thomas Roué décident ensuite de moderniser le rempotage : en 2010, le poste mobile est remplacé par un poste fixe disposé sous abri, avec un dépilage automatique des pots. Après le rempotage, un robot de regroupage permet le placement des pots sur la remorque (il suffit d'entrer au préalable le litrage correspondant). « Cet investissement de 75 000 € HT pour la rempoteuse, la trémie et le robot de regroupage permet de ne mobiliser que trois opérateurs (l'un rempote, deux autres vont disposer les pots sur le site de culture) au lieu de cinq, et de rempoter toute l'année afin de répondre à unedemande estivale », précise Thomas Roué.
Trois ans plus tard, ils transforment 2 500 m2 de terrain en parcelle subirriguée sous abri, afin d'y cultiver les cultures sensibles, comme l'euphorbe qui ne supporte pas d'avoir le feuillage humide. Les traitements phytosanitaires sont ainsi diminués. En 2015, une serre plastique de 1 700 m2 remplace six petits tunnels. L'intérêt pour les équipes ? « Aujourd'hui, les parois latérales s'ouvrent automatiquement, quand il fallait à l'époque enrouler à la main les bâches plastique des six tunnels. Il y a désormaisune seule entrée centrale au lieu de six, ce qui simplifie les manutentions... »
> « À chaque fois, nous remplaçons des installations existantes mais qui ne correspondent plus à nos critères en matière de conditions de travail, de gestion de production, voire de productivité », précise Thomas Roué. Autre condition : les investissements doivent rester proches du lieu d'expédition, « car nous sommes dans un marché mature qui nécessite d'être réactif ». « Nous nous forçons à stabiliser la superficie et nous cherchons à améliorer le confort. L'augmentation de production résulte d'une optimisation de notre surface de production existante grâce à des outils mo-dernes et performants, et une meilleure ré-flexion sur les cycles de culture, et non pas d'une augmentation des surfaces, comme ça a été le cas aux débuts de l'entreprise. » Avec cette stratégie, les pépiniéristes se placent un peu dans la situation contraignante de producteurs hollandais devant tirer le meilleur parti de chaque mètre carré, dans un pays où la terre vaut un prix d'or. « Par exemple, récupérer les allées entre les petits tunnels - en les remplaçant par une seule grande serre - nous a permis de produire 30 % de plantes supplémentaires sur la même parcelle, tout en plaçant les pots directement espacés. La qualité des végétaux s'en est trouvée renforcée et l'opération de distançage a été supprimée, alors qu'elle réclamait une quinzaine de saisonniers en période estivale. »
> Cette année, l'investissement a consisté à remplacer la trémie qui sert à récu-pérer le terreau conservé dans un hangar. Les pépiniéristes ont installé un bâtiment de 9-10 mètres de large disposant d'une grignoteuse qui amène, après une distribution automatisée d'engrais, le terreau sur des tapis convoyeurs. Ces derniers distribuent le mélange soit vers la rempoteuse fixe, soit vers une remorque à terreau pour le poste mobile. Ce projet a été imaginé par des employés au cours d'ateliers de réflexion mis en place depuis juin 2016. Des équipes de trois personnes travaillent sur une problématique : gestion du petit matériel, amélioration de la communication au sein de l'entreprise, optimisation des déchets... « Les solutions sont ainsi imaginées par les salariés eux-mêmes. Car ce sont ceux qui font qui savent. Cette action d'amélioration du travail par les équipes est aussi importante que les investissements eux-mêmes. Ce sont parfois des petites modifications, mais elles permettent toutes aux équipes de passer le maximum de temps autour de la plante. »
> Les deux dirigeants font évoluer leurs gam-mes. Ils ont introduit à leur catalogue des viva-ces et des graminées. Ils voyagent en Europe et en Asie, et collaborent avec des obtenteurs afin de proposer des nouveautés chaque année. De temps à autre, la pépinière propose sa propre innovation, comme une variété de camélia découverte sur le site en 2008 et qui sera commercialisée d'ici 2020, le temps de cultiver suffisamment de plants, car le camélia est particulièrement lent à produire. « Aujourd'hui, nous bénéficions du travail de nos parents », reconnaît ainsi Thomas Roué. Forte d'une collection de près de 300 variétés de camélias, la pépinière cherche à diversifier encore son offre, car la demande évolue vers des plantes parfu-mées, à petites fleurs ou à petites feuilles...
Si les conditionnements proposés s'étendent du 1 litre au conteneur de 15 litres, le coeur des ventes de la pépinière est occupé par les 3 litres à 5 litres. « Ces litrages correspondent à des produits de qualité qui offrent déjàun petit effet dans le jardin. »
> Quant à la communication, Thomas Roué, responsable commercialisation, ne manque pas de créativité. En témoigne l'opération réalisée en 2015 pour une enseigne de jardinerie et qui a consisté à associer un hortensia avec une marinière Armor-Lux. L'offre a bien fonctionné mais s'est révélée complexe à mettre en oeuvre.
La majorité de la production de la pépinière est vendue sous marque propre avec le logoFleurs de France qui remplace aujourd'hui le drapeau et la mention « produit en France ». « Cette marque est un plus, car je crois au consommateur qui veut acheter localement un produit de qualité », souligne Thomas Roué. Dans cette logique, la pépinière a intégré Excellence végétale pour travailler sur la mise en place du cahier des charges Label rouge pour les plantes de terre de bruyère
Valérie Vidril
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