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" Répondre à l'évolution du fleurisse ment "

Alain Chamoulaud a su maintenir un chiffre d'affaires en progression jusqu'en 2014.PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Alain Chamoulaud, dirigeant de la SCEA Chamoulaud, au Barp (33), propose, depuis plus de seize ans, des tapis fleuris offrant un effet esthétique immédiat et permettant une réduction des coûts de main-d'oeuvre. Pour maintenir son positionnement, l'entreprise a développé sa gamme et son réseau commercial.

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Alain Chamoulaud peut se réjouir d'une situation que beaucoup lui envieraient : un chiffre d'affaires en hausse régulière, même ces dernières années, grâce à la production de tapis fleuris d'annuelles et de bisannuelles. Mais avec la baisse des dotations de l'État aux collectivités jusqu'en 2017, le producteur sait que les années à venir seront difficiles. C'est pourquoi le chef d'entreprise veille à se renouveler.

L'entreprise tire ses origines de l'inventivité du père, Michel Chamoulaud, qui a eu l'idée de créer dans les années 1970 des plaques de gazon produites hors-sol puis transportées en rouleaux : les « Tapis Minutes ». C'est ce concept, adapté pour la production industrielle de plantes en culture hors sol et breveté en 2000, qui permet aujourd'hui à cette société de proposer avec réactivité ses tapis fleuris. Une machine pose, en une seule opération, les différents films et le terreau, et soude les bords des tapis. Elle donne la possibilité de réduire de façon importante les coûts de production. Outre Le Barp, les tapis fleuris sont produits à l'aide des machines fournies par l'entreprise sur quatre autres sites de production (sous contrat) répartis sur le territoire, pour répondre au manque de place au printemps et afin de diminuer les distances de transport.

La mécanisation n'explique pas seule le succès de la SCEA. « Les tapis fleuris libèrent un temps précieux, non négligeable au printemps, une période chargée pour les services espaces verts », explique Alain Chamoulaud. Outre un aspect esthétique immédiat, grâce aux plantes déjà bien développées (10-12 cm), ils offrent, à surface égale, un bilan économique avantageux, comparés aux godets. « Ainsi, pour 30 m2 de plantation, le tapis se révèle 11 % moins cher. » Qu'est-ce qui explique cette différence ? « Les coûts de main-d'oeuvre essentiellement », affirme l'horticulteur. Dans le cas des massifs réalisés à partir de godets, les coûts de plantation puis de désherbage et d'arrachage sont supérieurs à ceux des tapis fleuris (*). Ces derniers sont livrés avec des boudins remplis d'écorce de pin qui servent à séparer les plantes et éviter leur écrasement pendant le transport, et dont le contenu est ensuite épandu entre les végétaux pour servir de paillage (20 l/m2). Outre la fertilisation incorporée au substrat, chaque palette (20 à 30 tapis) est fournie avec un sachet de 800 g d'engrais retard.

L'entreprise élargit sa gamme au fil des années, sur une même clientèle, pour répondre à l'évolution du fleurissement. Elle propose désormais 60 à 70 compositions d'annuelles et la même quantité de compositions de bisannuelles, à partir d'une gamme de près de 240 espèces et variétés : harmonies chaudes ou fraîches, camaïeux, bicolores, jardinières... Grâce à la diversité des compositions proposées, le pourcentage d'agencements à la demande (uniquement pour une surface minimale de 30 m2) atteint un plafond de 40 % des commandes. Plus la commande est passée tôt, plus la palette végétale est importante. « Mais en juin, nous n'avons même pas un quart des commandes de l'automne », regrette Alain Chamoulaud, « 95 % en juillet ! » Or l'établissement ne plante que ce qui lui a été commandé, avec une marge de 1 à 2 %.

Elle propose des mélanges champêtres en tapis (cinq mélanges Nova-Flore) : le substrat et le semis sont déposés sur un film en PLA non tissé. « La demande, restée stable pendant dix ans, a augmenté avec la crise, car le produit est moitié moins cher qu'un tapis d'annuelles. L'effet est très joli mais la floraison dure moins longtemps (jusque mi-septembre) », nuance Alain Chamoulaud. En fin de saison, il suffit d'un passage de fraise pour mélanger les restes de tapis avec le sol. « Comparé à un semis direct, les avantages sont une absence d'adventices et une implantation facilitée. » La demande de tapis de vivaces et de couvre-sol, également développés par la SCEA Chamoulaud, reste faible, de même que les tapis de sedums pour toiture sur PLA ou fibre de coco proposés depuis 3-4 ans.

Dès 2008, la société a développé des tapis biodégradables (compostables) en PLA. « Nous avons dû attendre de pouvoir proposer un matériau qui ne se dégrade pas trop vite. » La demande des villes, en pleine mouvance environnementale, n'a cessé de croître pour atteindre un tiers de la production en produit biodégradable en 2013. Elle a commencé à diminuer en 2014 : « Les collectivités n'ont plus les moyens d'assumer le surcoût du produit, 8 à 10 % plus cher que celui à base de polypropylène. »

Ces évolutions ont permis à l'entreprise de maintenir le cap. « En moyenne, les quantités commandées par client ont diminué, mais nous avons augmenté le nombre de clients sur toute la France. » Dans cette lignée, la SCEA a développé son réseau commercial (notamment sur l'Ouest) : « Actuellement, nous sommes encore en recherche de commerciaux. »

Le comportement d'achat des collectivités sur les trois prochaines années reste le gros point d'interrogation. « Dès le début de l'année, certaines villes ont annoncé qu'elles feraient l'impasse sur les bisannuelles à cause de la diminution des dotations de l'État. Jusqu'à maintenant, les bisannuelles stagnaient mais elles ne baissaient pas. » Malgré tout, le chef d'entreprise maintient une dynamique de projets, avec l'objectif d'une certification Plante Bleue en 2016. En ce qui concerne l'entrée dans le domaine public du brevet en 2020, le producteur girondin mise sur la relation de confiance et la fidélisation de la clientèle.

Valérie Vidril

(*) Hors frais de transport, sur la base d'un coût de main-d'oeuvre estimé ici à 16,50 €/h toutes charges comprises.

Les tapis fleuris facilitent la mise en place des massifs, pour des coûts de main-d'oeuvre réduits et un effet esthétique immédiat.

PHOTO : SCEA CHAMOULAUD

Le substrat est retenu entre deux films soudés.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Le système racinaire, après 6 à 8 semaines de culture, emprisonne le substrat et assure une bonne tenue du tapis.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Vingt à trente tapis sont conditionnés par palette, selon les espèces.

PHOTO : SCEA CHAMOULAUD

Des boudins d'écorce (ici, sur le côté du tapis) disposés entre les tapis d'annuelles évitent l'écrasement des plantes.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

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