" La démarche ISO 14001 apporte une crédibilité et produit des résultats ! "
Le service des espaces verts de la ville de Mâcon (71) met en oeuvre depuis longtemps des méthodes respectueuses de l'environnement. Les élus souhaitaient une certification environnementale. Le croisement de ces bonnes pratiques et de la volonté politique a rapidement débouché sur un dossier de certification ISO 14001, norme Afnor européenne.
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Tout a débuté avec une demande des élus au pôle « cadre de vie », qui englobe les espaces verts et le nettoiement. Étaient-ils volontaires pour mettre en place la certification ISO 14001 ? Le service s'est attelé à rédiger ce qu'il faisait et à écrire les méthodes de travail utilisées. Il a ainsi pris conscience que certaines choses étaient déjà faites et qu'il n'y avait pas un grand pas à franchir pour répondre à la certification. « Les agents de la ville montrent leur engagement au quotidien », confirme Denise Notton, élue municipale en charge du développement durable. « Mâcon mène une politique volontariste respectueuse de l'environnement, la démarche ISO 14001 apporte une véritable crédibilité et elle produit des résultats dans un système de management bien adapté. »
Du côté administratif, la mise en place a été largement facilitée par la présence parmi les employés de Magali Cormerais, ingénieur « environnement » et chargée de mission Agenda 21 depuis sept ans. Son poste est la preuve de la volonté de la municipalité de prendre en compte le développement durable. Elle s'est occupée du dossier de demande et de la vulgarisation du référentiel.
Objectif : limiter l'impact sur l'environnement de l'activité du service. La première certification a été obtenue en février 2014. Elle court pour trois années, avec des audits intermédiaires tous les ans pendant cette première période. En 2017, aura lieu un audit de confirmation qui devra être renouvelé tous les trois ans. Ces expertises sont réalisées par l'Afnor. C'est bien le pôle « cadre de vie » qui est certifié sur des secteurs définis : « Tout est appliqué d'emblée à tous les domaines, sauf les terrains de foot où c'est plus compliqué, explique Pierre-Jean Carpentiero, directeur du pôle « cadre de vie ». Mais seul le coeur de ville est pour l'instant certifié, ainsi que la production. » Les secteurs seront évolutifs, avec l'objectif d'englober tout le territoire communal. Des audits internes de contrôles sont réalisés régulièrement par le personnel, des rondes environnementales mensuelles permettent de vérifier les bonnes pratiques et de faire remonter les suggestions. « Nous avons toujours été très attentifs aux aspects environnementaux, commente Pierre-Jean Carpentiero. Notre objectif est de faire notre métier avec le moins d'impacts possible. La certification vient valider ces processus. »
L'adhésion de l'ensemble des personnes des services est primordiale pour la réussite d'une telle démarche. « L'appropriation globale à tous les niveaux est très intéressante », confirme Fabien Fontanilles, adjoint au directeur et responsable du service « nettoiement et propreté ». « Toutes les personnes se sentent intégrées et concernées. Elles comprennent le sens de leur travail et c'est pour cela que ça marche. » Deux réunions par an rassemblent le personnel du pôle « cadre de vie ». Cette concertation fait partie intégrante de la démarche de certification elle-même. En début d'année, la réunion fixe les objectifs opérationnels pour tout le service. En fin d'année, les résultats sont communiqués et les mises en oeuvre sont discutées. Un tableau fixe les priorités, selon les impacts de chaque activité.
Car la certification ISO 14001 influence tous les aspects de la vie du pôle, depuis le choix des plantes, économes en eau, jusqu'à la consommation de carburant, en passant bien évidemment par le zéro phyto. Ainsi, le programme environnemental 2015 est décliné en trois objectifs : limiter la consommation d'énergie fossile et les émissions de gaz à effet de serre (GES) ; protéger la ressource en eau et limiter sa consommation ; agir en faveur de la biodiversité.
Limiter la consommation d'énergie fossile et les émissions de gaz à effet de serre. Le poste le plus important pour les énergies fossiles concerne bien entendu le chauffage des productions horticoles. Environ 4 000 m2 sont en culture, répartis en 2 000 m2 de serre « verre » et 2 000 m2 de tunnels. Tous les écrans thermiques ont été renouvelés pour une meilleure isolation, le logiciel de gestion climatique a été remplacé pour un outil plus performant, et les huisseries vont être changées au niveau des bureaux. Actuellement, la source d'énergie est le gaz naturel. Une réflexion globale est en cours, à l'échelle du quartier, pour mettre en place une chaufferie biomasse sur laquelle le service « production » pourrait éventuellement se raccorder. Limiter les besoins en chauffage veut dire aussi modifier la palette végétale produite, pour aller vers des plantes moins exigeantes en chaleur, mais aussi réduire le nombre de végétaux mis en culture, et changer de pratiques : le bouturage est maintenant effectué en été plutôt qu'en automne, ce qui diminue le besoin en chauffage artificiel au moment de l'enracinement. Un exemple éloquent : un massif en mosaïculture ornait traditionnellement les abords de la gare. Pas moins de 15 000 plantes y étaient installées pour un coût de 30 000 euros par an, entretien compris. Cette année, 2 500 plantes seulement le composent pour un coût ramené à 4 800 euros par an. Ce qui correspond à des économies conséquentes, tant en énergie qu'en main-d'oeuvre. « Toute cette démarche nous incite à réfléchir, à chercher des solutions de réduction d'intrants, de coûts, et à changer nos fonctionnements », constate Pierre-Jean Carpentiero. La consommation de carburants est également en baisse, avec une formation des agents à l'écoconduite, l'achat d'un véhicule électrique et la mise en place de la journée continue, qui limite les déplacements. Enfin, le matériel à moteur thermique a été remplacé, quand c'est possible, par du matériel électrique, moins polluant et moins bruyant. Les surfaces de tonte sont réduites grâce à la gestion différenciée et dans un nouveau parc, ce sont des moutons qui réalisent en partie ce travail.
Consommer moins d'eau potable. Les économies se situent aussi du côté de l'eau. Protéger la ressource et en limiter l'utilisation se traduit à Mâcon de diverses façons, dont la plus éloquente est la baisse drastique de consommation d'eau potable : le secteur « production » est passé de 2 000 m3 à 250 m3 d'eau traitée par an. Un forage creusé à 24 m de profondeur permet de pomper à faible débit dans les nappes phréatiques. Des cuves tampons de 18 m3 assurent la quantité nécessaire pour avoir du débit à l'arrosage. De plus, l'arrosage se fait en boucle fermée. Sur le secteur nord, la consommation d'eau de ville pour l'arrosage et le nettoyage est passée de 220 000 m3 à 30 000 m3 par an, avec la réhabilitation d'un puits de captage, lequel permet notamment d'arroser les terrains de sport. La remise en route d'un puits en centre-ville va permettre l'alimentation des points de fleurissement. Aujourd'hui, l'arrosage des massifs est effectué par micro-asperseurs et goutteurs. « Tout ceci fait l'objet de chiffrage et de bilan car la certification demande de quantifier et d'écrire les pratiques », précise Fabien Fontanilles. Autre façon d'économiser l'eau : choisir des plantes moins exigeantes et pailler les massifs. Par exemple, sur les ronds-points difficiles à arroser, le choix a été fait de planter des Sedum, avec un parti pris décoratif original d'ardoises et de gros pots. Le Vitex est un arbuste peu gourmand en eau, il est utilisé en association avec les Sedum sur les terre-pleins centraux. Les paillages diffèrent selon la nature des plantes. Sur les massifs d'annuelles, il doit se décomposer en une saison ; le choix se porte sur du broyat végétal ou du miscanthus broyé. Sur les massifs de vivaces, le miscanthus, les noyaux de fruits ou les écorces de pins peuvent fonctionner. Enfin, au pied des arbustes, les broyats végétaux sont utilisés, ou selon les lieux, l'écorce de pin, la pouzzolane ou le gravier lavé. Là intervient une autre facette de la démarche. Pour limiter les gaz à effet de serre, la responsabilité de l'acheteur est de rechercher les approvisionnements les plus proches possibles pour que les fournitures parcourent moins de kilomètres. Ainsi, la pouzzolane qui vient d'Auvergne est préférée à l'écorce de pin des Landes.
Les espaces gérés par le pôle « cadre de vie » sont entretenus en « zéro phyto » depuis quelques années. Des méthodes de lutte biologique sont mises en place, notamment contre le tigre du platane. « Malgré tout, les agents ont suivi la formation Ecophyto pour donner du sens à leurs missions, pour avoir conscience de l'importance de la démarche », explique Pierre-Jean Carpentiero. Le désherbage est manuel dans le coeur de ville. Tout au long de l'année une personne enlève les herbes à la main. « Mais pour arracher, il faut d'abord que ça pousse. Il a donc fallu expliquer aux habitants et aux commerçants pourquoi il y avait de l'herbe par moments. »
Favoriser la biodiversité. Dernier volet du programme environnemental 2015, les actions en faveur de la biodiversité se retrouvent au croisement d'autres problématiques. La tonte par les moutons, au-delà d'économiser le carburant des tondeuses, va dans le sens d'une plus grande diversité des espaces herbeux. Les nouveaux aménagements sont très axés sur ces pratiques. Ainsi en est-il d'un parc arboretum planté exclusivement d'essences indigènes bourguignonnes, sous forme de bocage, fossés et buttes créés, placement de ruches et signalétique pour expliquer ce qu'est le bocage bourguignon. Dans un autre parc en bordure de Saône, des plantations de saules et de haies bocagères accompagnent trois étangs qui ont été aménagés en compensation de l'agrandissement du port de plaisance. En ville, une coulée verte a été entièrement réaménagée sur l'emplacement de barres d'immeubles démolis. Elle fait la part belle à un ruisseau et à des jardins familiaux et relie différents quartiers de la cité.
Ne pas négliger le volet de la communication auprès des concitoyens. Tout ce savoir-faire, il faut aussi le faire savoir. « La certification nous a permis de communiquer sur tout ce que nous mettons en place car, auparavant, rien n'était dit. Au départ, nous avons agi par conviction professionnelle. Maintenant, nous devons expliquer aux habitants comment nous travaillons », reconnaît Pierre-Jean Carpentiero. La démarche encourage la communication, puisqu'elle exige la traçabilité et la justification de toutes les actions.
La ville de Mâcon est classée 4 Fleurs depuis des années et a obtenu la Fleur d'Or en 2010. « La certification ISO 14001 et la reconnaissance 4 Fleurs sont des démarches qui se complètent et s'enrichissent », commente Pierre-Jean Carpentiero. « Nous sommes dans un cercle vertueux dans lequel nous nous posons sans cesse la question : Que mettons-nous en oeuvre dans la gestion pour avoir un impact minimum sur l'environnement ? La finalité est de faire toujours aussi bien avec moins. En expliquant au public comment nous travaillons, nous faisons également évoluer les esprits sur le sujet. »
Cécile Claveirole
Pour limiter les besoins en eau et en plantes, les ronds-points ont été aménagés de façon originale avec des ardoises, des graviers, des Sedum et de gros pots fleuris.
Peu exigeants en eau, Vitex et Sedum agrémentent le terre-plein central.
Une coulée verte relie différents quartiers de la ville et accueille de multiples milieux végétaux, démonstration de biodiversité.
Les jardins familiaux ont énormément de succès. Ils s'insèrent dans la coulée verte au pied des immeubles de Mâcon.
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